DT News - France - Interview: « Que pouvons-nous attendre de l’implantologie ? »

Search Dental Tribune

Interview: « Que pouvons-nous attendre de l’implantologie ? »

Docteur Renaud Petitbois, Président du congrès Euro-Implanto. (Photo : Philippe Alibert)
Dental Tribune International

Dental Tribune International

jeu. 3 mai 2018

Enregistrer

NICE, France : Le 4e congrès Euro Implanto s’est déroulé les 26 et 27 Avril à Nice. Organisé dans le magnifique cadre du Palais de la Méditerranée, sur la Promenade des Anglais, face à la baie des anges. L’évènement a accueilli plus de 500 participants et a été un grand succès autant dans l’organisation que dans la qualité des conférences. Dental Tribune International s’est entretenu avec le Docteur Renaud Petitbois, Président du congrès.

Augmenter l’épaisseur gingivale était semble-t-il un thème abordé par plusieurs conférenciers. Le Dr Aalam nous a dit que lorsqu’il n’y a pas assez d’épaisseur, il est possible de créer plus de tissu. Le Dr Lambert a mentionné qu’il est préférable d’augmenter l’épaisseur gingivale avant de placer un implant, il serait donc possible de l’augmenter lorsque l’implant est déjà en place. Avez-vous le sentiment que l’implantologie a fait récemment beaucoup de progrès à ce sujet ?
Oui c’est unanime, c’est le gros sujet de l’implantologie en ce moment. Tout ce qui concerne le tissu, tout ce qui est autour de la connexion, le support, l’épaisseur gingivale sont vraiment les sujets dont on parle en ce moment, tout le monde travaille là-dessus.

Est-il devenu plus facile d’obtenir une qualité et quantité des tissus implantaires avec les matériaux dont nous disposons maintenant ?
C’est plus facile mais ils doivent être bien choisis. Il n’y a pas de grosse évolution des biomatériaux par contre, ce sont les indications qui sont importantes. On ne va pas utiliser les mêmes biomatériaux pour combler un gap par exemple que pour faire une augmentation verticale, il est donc nécessaire de mélanger tout ça, ce que l’on fait souvent maintenant et de comprendre les compatibilités, quels biomatériaux utiliser et dans quels cas.

Vous avez parlé dans votre conférence de la caméra optique, c’est d’après vous l’innovation la plus intéressante en implantologie ?
Il y a deux domaines importants en implantologie. Le premier, le tissu mou et comment le gérer, ce qui est un des problèmes les plus importants en implantologie. Le deuxième domaine est l’arrivée de l’informatique et surtout de la caméra optique. C’était le dernier chaînon qui nous manquait vraiment.
Maintenant il est possible de faire un flux numérique, c’est à dire de pouvoir gérer nos cas du début jusqu’à la fin, avec l’informatique. Nous avons ainsi plus de précision, moins d’erreur et plus de rapidité.

Croyez-vous que la majorité des chirurgiens-dentistes utilisent tout ce qui est disponible ?
Je ne pense pas. Nous démarrons juste la révolution. À mon avis, moins de 10% des chirurgiens-dentistes sont équipés.
Aujourd’hui tout le monde peut poser des implants et 80% des dentistes posent des implants, tous les jeunes qui sortent de l’université posent des implants. Le problème est qu’il y a une courbe d’apprentissage, des formations qui sont nécessaires et ne sont pas toujours faites et donc il y a une énorme différence dans la qualité des travaux, dans les résultats obtenus.
Dans un congrès comme le nôtre, vous voyez l’excellence, une majorité de gens qui travaillent très bien, avec les moyens informatiques disponibles, mais ça ne reflète pas la totalité des dentistes. Il est nécessaire de se former, chaque patient est différent, chaque cas est différent et ne peut être abordé de la même façon.

Les dernières Journées Dentaires de Nice se sont tenues en 2015, Imagina n’aura pas lieu cette année, êtes-vous satisfait de ce 4e congrès ?
Le nombre de participants a augmenté d’environ. Nous sommes donc très contents car tous les congrès qui ont eu lieu depuis 12 mois sont tous en baisse.
Imagina était financé par des mécènes, je pense qu’au niveau scientifique il n’y avait pas de « projet ».
Pour Euro Implanto, c’est une autre approche. Un tiers des conférenciers vient de la région, un tiers exerce en France et le dernier tiers de différents pays. Nous sommes ouverts à tout le monde et sommes restés complétement indépendants, personne ne nous finance.
Les Journées Dentaires de Nice était devenues, je pense, un modèle obsolète. Elles sont pour l’instant arrêtées mais non parce que l’idée était mauvaise. Il est nécessaire de toujours se remettre en question et c’est ce que nous faisons avec Euro Implanto. Nous nous sommes aperçus depuis deux congrès qu’il est nécessaire de faire plus de pratique et moins de conférences qui sont trop longues, d’où le modèle de présentations de seulement 20 minutes et pour cette édition, un workshop avec le Dr Aalam avant les conférences.
Nous avons mis en veille les Journées dentaires de Nice mais ce n’est pas impossible que nous les reprenions un jour.

Biologie, nouveaux matériaux, comment gérer l’os, les greffes. Il est clair que nous ne pouvons et devons pas faire sans la CFAO, mais il semble que beaucoup des conférenciers présents semblent revenir sur l’importance des bases fondamentales. Pensez-vous que, les praticiens les avaient un peu oublié pour privilégier la technologie ?
C’est tout le danger. C’est aux praticiens d’être professionnels et de s’assurer du fondamental à chaque fois qu’ils appliquent quelque chose. La CFAO va faire partie de notre métier. Il n’est pas possible de l’arrêter, ce qui bloque pour l’instant c’est simplement le prix qui baissera, et la CFAO rentrera de plus en plus dans les cabinets. Elle y est d’ailleurs déjà présente. Les prothésistes sont obligés de l’utiliser. Par leur intermédiaire, nous allons donc y arriver et nous ne pouvons pas ne pas l’utiliser.
Il faut donc faire de la CFAO mais ne pas oublier les bases fondamentales. Il faut commencer par ne pas faire mal à son patient, s’occuper de lui, de ses dents, et l’implantologie vient après.

L’ostéointégration d’un implant est l’un des éléments les plus importants en implantologie. Avez-vous le sentiment que l’intégration esthétique est maintenant mieux considérée qu’elle ne l’était ?
Oui, c’est indéniable. L’implantologie que nous faisions il y a 25 ans, n’a plus rien à voir avec l’implantologie de maintenant. Nous l’avons démontré, le Dr Palti en a parlé, il est nécessaire de penser à l’esthétique, de travailler en la considérant. Maintenant on veut un implant ostéo intégré, une belle gencive et une belle prothèse.

Dans une interview, le Dr Scortecci disait que les consensus un peu rapides, les vérités péremptoires, les dogmes, sont en permanence remis en question par les praticiens et patients dont les exigences augmentent au fur et à mesure des avancées en implantologie. Pensez-vous qu’il n’y a pas un manque pour le patient, qu’il est au courant de toutes les possibilités que les progrès constants en implantologie peuvent lui amener vis à vis des traitements possibles ?
Avec toutes les informations à notre disposition, les possibilités d’apprendre, de se former (e-learning, etc.), celui qui n’est pas au courant et quelqu’un qui ne tient pas compte de l’évolution de la discipline n’est donc pas intéressé par la formation.
Les patients font en général confiance à leur docteur, ou plutôt il y a vingt ans, faisait confiance à leur docteur. Beaucoup d’entre eux maintenant s’informent, demandent, savent ce qu’ils veulent et ont beaucoup plus d’exigences. Il y a 20 ans les patients étaient contents de récupérer des dents. Maintenant ils veulent les dents, le sourire, le statut social.
Le Dr Brun l’a très bien dit lors de sa conférence, un appareil posé sur des implants, qui fonctionnellement marche bien, peut faire le malheur d’un patient car il se sent complètement pris dans un étau et il n’est pas bien.
Maintenant nous voulons tout, faire bien, beau et fonctionnel. Bien sûr, ce n’est pas toujours évident. Nous avons plus en plus de gros défis à réaliser.

En dentisterie, l’implantologie est leader en innovations. Dans quelle direction pensez-vous que nous verrons de nouvelles innovations, dans quelle direction sont-elles nécessaires ou à développer ?
Ce sera l’informatique c’est évident, le plus rapide et moins cher. L’avenir c’est les robots, comme l’a dit le Dr Armand. Cela peut être dynamique, mais doit être maîtrisé et adapté, ce qui n’est pas du tout le cas à l’heure actuelle.
Les robots que l’on nous a présentés sont des robots qui viennent de l’industrie et n’ont rien à voir avec le dentaire. Mais, d’ici dix, vingt ans, nous aurons des robots beaucoup plus intelligents, qui nous permettront de faire des traitements parfaits mais sur lesquels nous auront toujours notre main, ils ne nous remplaceront pas, ils doivent être guidés par la main de l’homme.

Mots clés:
To post a reply please login or register
advertisement
advertisement