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Les enfants immunodéprimés ont un risque majoré de parodontite

Une nouvelle étude a révélé que les enfants atteints de troubles immunodéficitaires primaires sont près de dix fois plus susceptibles de développer une maladie parodontale que les enfants du même âge en bonne santé. (Image : dekazigzag/Shutterstock)
Iveta Ramonaite, Dental Tribune International

Iveta Ramonaite, Dental Tribune International

lun. 5 juillet 2021

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LONDRES, ROYAUME-UNI – L’immunodéficience primaire (IDP) est caractérisée par un système immunitaire complètement absent ou déficient. La maladie freine la capacité du corps à combattre toutes sortes d’infections. Une nouvelle étude a montré que les enfants atteints d’IDP sont plus enclins à développer une gingivite que les enfants en bonne santé systémique. C’est dû au fait qu’ils n’ont pas de défenses naturelles contre les microbiotiques oraux qui provoquent la parodontite.

Un article paru dans Frontiers in Immunology l’année passée indique que l’incidence mondiale de l’IDP est de 1 sur 10.000 et que la prévalence est plus élevée chez les enfants que chez les adultes. Malgré cette incidence relativement faible, la recherche a déjà identifié plus de 300 maladies liées à l’IDP. Les complications varient dès lors fortement, selon le type de maladie dont est atteint le patient.

Comme les enfants atteints d’IDP sont plus enclins à développer des infections fréquentes et sévères qui mettent en danger leur santé générale, il est important d’augmenter la recherche sur cette maladie afin d’améliorer la compréhension du diagnostic, des symptômes et du traitement.

Immunodéficience primaire et santé buccodentaire

Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs ont évalué le lien entre les IDP liées au neutrophile et la présence d’affections parodontales et d’autres affections orales. Ils ont aussi analysé la réaction des enfants atteints d’IDP au traitement parodontal.

« Cette étude a été motivée par la prise en charge d’enfants très jeunes atteints de parodontite avancée et ayant une mauvaise réponse au traitement. Certains d’entre eux étaient déjà équipés d’une prothèse dentaire depuis un âge précoce. D’où la nécessité de mieux comprendre les mécanismes de la maladie », a déclaré l’auteur principal, le Dr Luigi Nibali, professeur de parodontologie au King’s College de Londres, à Dental Tribune International (DTI).

L’étude a été menée au Great Ormond Street Hospital et au Royal London Hospital par les chercheurs du King’s College et de la Queen Mary University de Londres. Elle a inclus 24 enfants entre 4 et 16 ans atteints d’IDP et 24 enfants du même âge sans IDP. Tous les enfants ont subi un examen clinique dentaire, comprenant e.a. la mesure de la profondeur des poches parodontales, la perte d’attachement clinique et le saignement après sondage.

Les chercheurs ont découvert qu’un niveau déterminé de caries, qui ne constitue généralement pas une menace pour la santé systémique, entraîne une gingivite chez les enfants atteints d’IDP.

« On sait que la prévalence des affections orales et des affections parodontales augmente chez les enfants atteints d’IDP, étant donné qu’ils sont particulièrement sensibles en raison du rôle de défense crucial des neutrophiles contre les bactéries pathogènes », a indiqué le co-auteur de l’étude, le Dr Hiten Halai, professeur de parodontologie clinique au King’s College de Londres, dans un communiqué de presse. « De plus, leur réaction aux traitements parodontaux est très variable et la présence de parodontite entraîne souvent une perte de dents précoce. Toutefois, la plupart des articles publiés à ce propos jusqu’ici étaient des rapports de cas et manquaient de preuves solides », a-t-il ajouté.

L’étude a aussi montré que les enfants atteints d’IDP ont un risque majoré d’ulcérations buccales. Interrogé par DTI sur la conclusion de l’étude, le Dr Nibali a répondu qu’on ignore pratiquement pourquoi les enfants atteints d’IDP développent souvent des ulcères oraux, mais que c’est lié à leur réponse immunitaire. Il a aussi expliqué qu’il s’agissait d’une découverte accidentelle.

Le Dr Nibali a aussi souligné le fait que, bien que ces découvertes ne soient pas neuves, l’étude apporte des preuves solides en la matière. Il est dès lors crucial selon lui que les futures études sur le sujet approfondissent le lien entre les IDP et la parodontite et les lésions de la muqueuse buccale. Cela permettrait d’améliorer la prévention et la prise en charge de la maladie ainsi que la qualité de vie des enfants atteints d’IDP. Enfin, elles pourraient, selon lui,  aider à trouver des moyens de soulager la charge inflammatoire systémique due à l’inflammation du tissu gingival chez les enfants atteints d’IDP.

« L’étude a montré que les enfants atteints d’IDP ont un réaction plus sévère aux caries dentaires, ce qui peut entraîner une parodontite avancée. Si toutefois l’IDP est contrôlée et que dans un stade précoce on atteint une bonne hygiène buccale et un traitement interceptif, la sensibilité élevée ne mènera pas nécessairement à une perte de dents », a conclu le Dr Nibali.

L’équipe de chercheurs projette de continuer à travailler sur la compréhension de la base génético-microbienne des problèmes liés à la santé parodontale des enfants atteints d’IDP.

L’étude, intitulée «Periodontal status in children with primary immunodeficiencies», a été publiée en ligne le 3 avril 2021 dans le Journal of Periodontal Research

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