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Pourquoi la formation continue en implantologie donne-t-elle le mauvais message ?

Photo : Maxim Blinkov.
Dr Sebastian Saba & Dr Michael Moscovitch

Dr Sebastian Saba & Dr Michael Moscovitch

jeu. 25 septembre 2014

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Depuis quelques années, la demande en formation continue a augmenté. Beaucoup de cours se concentrent sur la dentisterie implantaire. Les cours plus classiques sur l’apprentissage des compétences pour sauver les dents, sont moins nombreux. Tout le monde veut savoir comment placer un implant dentaire. Il semble que certains « besoins » apparents des patients ont augmenté l’intérêt des cliniciens à se former, pour pouvoir répondre aux besoins des patients. Les patients veulent sauvegarder leurs dents, et non les voir sacrifiées pour un implant. Envoyons-nous le mauvais message ?

À l'origine, tous les cours étaient prodigués par des cliniciens et des chercheurs. Les données cliniques scientifiquement fondées, étaient toujours présentées pour justifier une amélioration de la conception, du protocole clinique, ou un changement de concept comme les implants enfouis ou non enfouis, par exemple. Les cours de formation continue semblent maintenant plus orientés vers une augmentation des ventes. Des cliniciens collaborant avec une société, essaient de donner un point de vue objectif, mais présentent un conflit d'intérêts évident. Les cliniciens souhaitant se former, trouvent plus difficile de trouver un programme de formation continue sans parti pris.

L'approche marketing d’accès à la dentisterie implantaire a été de « simplifier » les protocoles, de sorte que n'importe qui puisse placer ou restaurer un implant dentaire. Ces conférences semblent être purement mécaniques, sans considération prothétique. Il est pratiquement impossible de trouver des cours, dont les protocoles et le design implantaire sont justifiés par les données d’études à long terme. Cette simplification de la dentisterie implantaire et le manque de contrôle universitaire de la documentation scientifique a envahi le domaine dentaire, qui veut promouvoir les concepts de « All on 4 », « implantation immédiate et mise en charge des dents en un jour », et « chirurgie sans lambeau ». Tous sont utilisés pour la commercialisation d'implants dentaires, sans aucun respect des données scientifiques préalablement établies. Il est nécessaire pour les observations cliniques à long terme, d’avoir des protocoles de soins dentaires, des matériaux et des approches chirurgicales. Cela permet de mieux comprendre les diagnostics et les orientations de traitement.

La formation continue est-elle une façade pour le marketing ? En l'absence de protocoles scientifiques cohérents, peut-on vraiment compter sur des taux de réussite à 95 % comme ils nous sont promis ? L'absence de contrôle académique a permis aux sociétés d’introduire de nouveaux produits, design et concepts. Cette absence a permis l’arrivée de systèmes d'implant clonés ou d’implants produits par des sociétés d’origine douteuse. Les systèmes dont l'origine, la documentation scientifique, et le contrôle de qualité sont douteux, peuvent être un facteur contribuant à la réduction des taux de réussite.

Une fois les cours terminés, la plupart des cliniciens reçoivent une attestation prouvant leur participation à un cours de perfectionnement dentaire, qu'ils peuvent accrocher sur le mur de leur cabinet dentaire. Ils deviennent des personnes différentes. Ils examinent leurs patients comme étant des receveurs potentiels d’implants. Leur approche de la dentisterie a changé du jour au lendemain. Pendant leurs études, ils ont passé quatre à cinq ans à apprendre à sauver les dents. Ils ont passé d'innombrables heures à comprendre comment négocier les surfaces radiculaires, les courbures du canal radiculaire et autres techniques en dentisterie opératoire pour sauver des dents. Pourquoi passer autant de temps à sauver les dents, quand vous pouvez les enlever et placer un implant dentaire ? Qu’est-ce qui est mieux pour le patient ?

Pourquoi alourdir le patient avec des procédures parodontales multiples pour sauver les dents quand une telle alternative existe ? Beaucoup de cliniciens aujourd'hui semblent être de cet avis. Beaucoup craignent que les chirurgiens-dentistes ne favorisent pas la bonne approche pour sauver l'intégrité de la dent naturelle. Cette attitude est si contagieuse que certains endodontistes apprennent maintenant à poser des implants dentaires. N'est-ce pas un conflit d'intérêts évident ? Quand est-il approprié de choisir l'implantologie au lieu d’une dentisterie conventionnelle classique, sûre et prévisible ?

La suppression des aspects clés de la formation dentaire crée des chirurgiens-dentistes qui n’ont pas la confiance dont ils ont besoin, pour diagnostiquer, ou utiliser les procédures nécessaires pour sauver les dents. Leurs compétences cliniques pour reconnaître et gérer les dentitions en difficulté, sont limitées. Leur capacité à reconnaître quand et où les implants dentaires peuvent être utilisés influencent peut-être leur capacité ou leur motivation à sauver des dents.

Choisissez vos professeurs attentivement, attendez plus de ces sources d'information et prenez le temps de vous informer et d’apprendre. Le véritable « besoin » devrait être de revenir à l'essentiel et d'apprendre à sauver des dents en premier lieu, afin que les patients aient la possibilité de garder l'implant dentaire le plus naturel de tous.

Le Dr Sebastian Saba est le rédacteur en chef de Dental Tribune Canada. Il a un cabinet privé à Montréal, spécialisé en dentisterie prothétique et implantaire.

Le Dr Michael Moscovitch est professeur clinique adjoint, à la division des sciences de restauration, à la Boston University, et instructeur clinique pour le programme de résidence de McGill University, au Jewish General Hospital de Montréal. Il a également un cabinet privé à Montréal, spécialisé en dentisterie prothétique et implantaire.

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