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Etude archéo-génétique de plaque dentaire : adapter le régime alimentaire à ses besoins

L'analyse de la plaque dentaire cette étude offre un nouveau moyen de détecter les changements majeurs dans le régime alimentaire. Dans le cas des Néandertaliens, elle révèle à quel point ils dépendaient des plantes. (Photo Shutterstock/Nicolas Primola)

lun. 24 mai 2021

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Une nouvelle étude sur l’analyse de la plaque dentaire des Néandertaliens montre que nos proches cousins mangeaient tellement de racines, de noix ou d'autres féculents qu'ils ont radicalement modifié le type de bactéries présentes dans leur bouche. Cette découverte suggère que nos ancêtres s'étaient adaptés à une alimentation riche en amidon au moment où ils avaient besoin de plus de sucres pour alimenter une importante expansion de leur cerveau.

Une équipe de chercheurs du Département d’archéo-génétique de l’Institut Max Planck pour la science de l’histoire humaine de Jena (Allemagne) a étudié l’histoire évolutive du microbiome oral hominidé africain en analysant les biofilms dentaires des humains et des néandertaliens datées des 100 000 dernières années et en les comparant à ceux des chimpanzés, des gorilles et des singes hurleurs.

Ils ont identifié 10 genres bactériens de base qui ont été maintenus dans la lignée humaine et jouent des rôles structurels clés de biofilm.

Ils ont constaté des différences taxonomiques et fonctionnelles majeures entre les microbiomes oraux de l’Homo sapiens et des chimpanzés, mais un degré élevé de similitude entre les Néandertaliens et les humains modernes, y compris une acquisition apparente homo-spécifique de la capacité de digestion de l’amidon dans les streptocoques oraux, suggérant la coadaptation microbienne avec le régime hôte.

En outre, les chercheurs ont trouvé des preuves de diversité génétique partagée chez les bactéries orales des humains modernes néandertaliens et paléolithiques supérieurs qui ne sont pas observées dans les populations humaines modernes ultérieures. Les différences dans les microbiomes oraux des hominidés africains donnent un aperçu de l’évolution humaine, de l’état ancestral du microbiome humain et d’un cadre temporel pour comprendre la santé et la maladie microbiennes.

Pour la biologiste Rachel Carmody – les travaux, auxquels elle n’a pas participé et qu’elle définit comme « révolutionnaires » dans Science, « laissent à penser que les ancêtres à la fois des êtres humains [Homo sapiens sapiens] et des Néandertaliens préparaient beaucoup d’aliments à base de féculents il y a au moins six cent mille ans. Et ils s’étaient déjà adaptés à une alimentation plus riche en féculents longtemps avant l’invention de l’agriculture, il y a dix mille ans ». Or, les féculents – surtout s’ils sont cuits – sont une excellente source de glucose, carburant de notre organisme et ingrédient essentiel au bon fonctionnement du cerveau, qui est devenu de plus en plus gros.

Selon le généticien Ran Blekhman, de l'université du Minnesota (Twin Cities), cette étude offre un nouveau moyen de détecter les changements majeurs dans le régime alimentaire. Dans le cas des Néandertaliens, elle révèle à quel point ils dépendaient des plantes.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont analysé des milliards de fragments d’ADN de bactéries prélevés sur les dents d’hominidés et de singes. Les micro-organismes examinés étaient correctement préservés chez les 124 individus pris en compte, appartenant à des Néandertaliens (dont un ayant vécu il y a plus de cent mille ans), des humains modernes de la période préagricole ayant vécu il y a plus de dix mille ans, des chimpanzés, des gorilles ainsi que des singes hurleurs.

L’étude intitulée « The evolution and changing ecology of the African hominid oral microbiome » a fait l’objet d’une publication dans la revue PNAS datée du 18 mai.

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