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Constat d’une alarmante augmentation des antibiotiques prescrits par les dentistes

L' utilisation abusive d'antibiotiques entraîne une résistance aux antibiotiques, ce qui pose un risque grave pour la santé humaine ( Photo Shutterstock : Funnyangel)
Dental Tribune France - B Claudepierre

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mar. 16 février 2016

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VANCOUVER, Canada : En raison de l'utilisation étendue d'antibiotiques, la résistance aux antimicrobiens est devenue une préoccupation majeure dans tous les domaines des soins de santé dans le monde. Des chercheurs canadiens ont analysé les données de prescription de 1996 à 2013, afin d'évaluer les prescriptions d’antibiotiques en dentisterie. Les chiffres ont révélé une diminution de l'utilisation d'antibiotiques au cours de la période considérée pour l’ensemble des professionnels de santé, mais une augmentation significative de la prescription d’antibiotiques établie spécifiquement par les professionnels dentaires.

L'étude a été menée à l’University of British Columbia au Canada sur des données de prescription de cette région. Dans leur analyse, les chercheurs ont utilisé la dose thérapeutique quotidienne (DTQ), qui est une mesure statistique de la consommation de médicaments définie par l'Organisation mondiale de la santé. Ils ont ensuite exprimé le taux de prescription DTQ par 1 000 habitants par jour (DID).

Les chercheurs ont constaté une réduction de 12,7 % dans le taux global de prescription des antibiotiques entre 1996 et 2013. En 2013, les praticiens en Colombie-Britannique ont délivré 2,6 millions d'ordonnances d'antibiotiques, dont 11,3 pour cent par des dentistes. La fréquence de prescription par ces derniers a augmenté de plus de 62 pour cent de 0,98 DID en 1996 à 1,59 DID en 2013.

En ce qui concerne les agents antibactériens spécifiques, les chercheurs ont constaté une augmentation de l'utilisation de l'amoxicilline et la clindamycine, qui étaient en 2013 les agents individuels les plus couramment utilisés en dentisterie. En revanche, la prescription pénicilline V au spectre antibiotique plus étroit a nettement diminué, bien qu’elle soit généralement recommandée comme l'agent de première intention dans de nombreux cas dentaires. Ces recherches soulignent cette tendance préoccupante, du fait notamment de risque accru d’apparition de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline lorsqu’il est associé à la prise d'amoxicilline.

Selon les Centers for Disease Control and Prevention, chaque année aux États-Unis, plus de 2 millions de personnes sont infectées par des bactéries résistantes aux antibiotiques, et au moins 23 000 personnes meurent suite à des conséquences directes de ces infections.

En France, une étude publiée en juillet 2011 éditée par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, rappelle les bonnes pratiques de prescription d’antibiotiques tout en reprenant quelques chiffres. Ainsi, entre 1981 et 1991, la consommation d’antibiotiques a augmenté de 48 %. Suite à la campagne de sensibilisation répétant durant l’année 2001 « les antibiotiques, c’est pas automatique » on a pu observer une diminution de l’ordre de 16,1 % entre 2002 et 2007 et de 26,5 % après ajustement pour les variations dues aux pathologies grippales.

Grâce à cette campagne nationale de sensibilisation, la proportion de souches de pneumocoques résistantes à la pénicilline a décru de 47 % à 34,5 % entre 2001 et 2005, la proportion de souches intermédiaires ou résistantes à l’érythromycine a diminué de 46 % à 39 % entre 2001 et 2005. Ce qui démontre que la baisse de prescription d’antibiotiques diminue le risque de sélection de souche multi résistantes. Il n’en reste pas moins que la situation reste préoccupante. En 2001, la France était la première consommatrice d’antibiotiques par patient en Europe ; en 2003 et 2007, elle était classée deuxième. À l’opposé c’est en Allemagne, en Lettonie et surtout aux Pays-Bas que l’on relève le nombre de prescriptions les plus faibles. Dans ce dernier pays le nombre de prescription est de trois fois inférieur à celui de la France.

S’il est acquis qu’une consommation régulée par l’éducation des praticiens et des patients entraîne une diminution du taux des résistances bactériennes, l’étude canadienne pointe la nécessité de cibler chaque spécialité de santé afin d’optimiser le message et d’ influer sur les habitudes de prescriptions.

L'étude, intitulée Antibiotic prescribing by dentists has increased: Why?, a été publié en ligne le 5 février dans le Journal of the American Dental Association avant impression. Les données relatives à la France sont issues de la publication « Recommandations de bonne pratique : Prescription des antibiotiques en pratique bucco-dentaire » éditée par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, Juillet 2011.

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