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On est bien désarmé devant les quelque 15 % de la population inapprochable pour des soins. Cette peur est si répandue que des sites Internet dédiés y sont entièrement consacrés (http://www.dentalfearcentral.org).
Toutefois, les neurophysiologistes travaillent activement à comprendre les mécanismes sous-jacents qui permettent à la mémoire d’enregistrer les peurs paniques ou les événements traumatisants. Ces processus conditionneront notre comportement, en restituant ce qu’ils appellent le « stress post-traumatique », et sous entendu, de leur compréhension découleront les moyens d’y échapper. Pour comprendre métaphoriquement les bases du cheminement, disons que le trauma mémoriel s’incrémente dans les cellules du noyau amygdalien du cerveau, via des intercesseurs comme la sérotonine ou les récepteurs de l’acide gamma butyrique. À la suite de quoi se forment dans l’espace intercellulaire des sortes de « filets », aux dépens du stroma interneuronal, constitué d’un sulfate de protéoglycane-condroïtine. Ces derniers sont censés interdire que ne s’échappent les témoins moléculaires de la mémoire, et assurent leur rémanence. Or, Lüthi et coll. ont remarqué que les jeunes animaux (jusqu’à trois semaines pour le rat) n’étaient pas en mesure de mémoriser les traumatismes et il attribue cette particularité au retard de la formation de ces réseaux. Et c’est en agissant sur la formation de ceux-ci qu’il serait possible de faciliter l’oubli, en revenant à un état juvénile. Les auteurs ont réussi à démontrer le procédé en injectant une enzyme qui dégradait ces filets protecteurs sur des rats adultes, avant de réexposer les animaux à un stress.
Bien sûr, la recherche ne fait que commencer et en particulier sur les interactions entre ces filets et les connexions synaptiques où transitent les informations centripètes et centrifuges. Ces ébauches de compréhension arrivent à point nommé, puisque, si on en croit les textes disponibles, les options chimiques ne donnent pas vraiment satisfaction (Boyle : Evidence-Based Dentistry (oct. 2009) 10, 69, Sedation or general anaesthesia for treating anxious children) : l’analgésie au protoxyde d’azote à ses limites (Deoz, Fil dentaire, n°45, sept. 2009) et l’abrutissement aux cocktails lytiques n’est pas souhaité.
Restent les avancées en psychothérapie, comme l’hypno-sophrologie, laquelle, comme chacun en a fait l’expérience, ne peut pas être d’un usage et d’une réussite universelle. Une technique s’est fait son chemin depuis quelques années, avec selon la littérature, d’assez bons résultats, qui consiste à faire revisualiser aux patients son expérience traumatisante (la bibliographie cite des personnes violées, témoins de catastrophes, ou des militaires ayant vécu des massacres ainsi que des victimes d’AVC : http://www.emdr-france.com/article.php3?id_article=89). Il s’agit d’un protocole bien codé, consistant lors du récit et à la remémorisation des faits, à réaliser des mouvements oculaires circulaires (EMDR de l’expression anglo-saxonne Eye-Movement Desensitization and Reprocessing, ou Désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires). Cette méthode semble avoir été utilisée en Hollande ainsi qu’à l’université de Munster (Allemagne), pays ou les caisses de la Sécurité sociale ont donné écho, en acceptant sa prise en charge partielle. Reste qu’il existe une peur panique ne relevant que de l’imaginaire et des « on dit », devant laquelle on est bien désarmé, et face à quoi on n’a relevé comme thérapie que… la fuite !
Gogolla, Lüthi et coll., Science 4 Sept. 2009 :? Vol. 325. no. 5945, Perineuronal nets protect fear memories from erasure
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