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Covid-19 : Risque accru d'ectasie des glandes salivaires et de maladies buccales après rémission

Dans une étude récente, les chercheurs ont découvert que la cavité buccale sert de cible au SARS-CoV-2 et que cela peut provoquer une ectasie des glandes salivaires et une maladie buccale même après la guérison clinique de Covid-19. (Photo : Halfpoint/Shutterstock)
Iveta Ramonaite, Dental Tribune International

Iveta Ramonaite, Dental Tribune International

lun. 26 avril 2021

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MILAN, Italie : Les preuves des manifestations buccales liées au SARS-CoV-2 étant encore peu connues, des chercheurs ont récemment étudié la présence et la prédominance d'affections buccales chez des personnes qui ont développé une forme sévère de Covid-19. Ils ont découvert que le SARS-CoV-2 affecte directement la cavité buccale de ces personnes, après leur guérison clinique, avec une prévalence extrêmement élevée d'ectasie des glandes salivaires et d'autres maladies buccales.

Le chercheur principal, le professeur Enrico Gherlone, recteur de l'université Vita-Salute San Raffaele et directeur de l'unité du département d'odontologie de l'hôpital scientifique IRCCS Ospedale San Raffaele de Milan, a déclaré à Dental Tribune International (DTI) que la principale motivation pour mener cette étude a été l'implication directe des médecins de l'hôpital universitaire San Raffaele dans la lutte contre le SARS-CoV-2. Pour cette raison, les chercheurs ont analysé l'effet de la Covid-19 sur la santé bucco-dentaire et ont réalisé un examen extra- et intra-buccal de la cavité buccale chez 122 patients admis à l'hôpital entre le 23 juillet et le 7 septembre 2020.

L'état de santé bucco-dentaire des participants a été évalué environ trois mois après leur sortie de l'hôpital. L'examen extra-buccal se basait sur la présence ou l'absence d'anomalies au niveau des ganglions lymphatiques faciaux et de l'articulation temporo-mandibulaire, ainsi que toute asymétrie faciale. Lors de l'examen intra-buccal, les chercheurs ont évalué les lèvres, les joues, les glandes salivaires, la voute palatine, l'oropharynx, la langue, les frénules médianes et linguales et la muqueuse des patients.

Selon les chercheurs, aucun des patients n'avait signalé de troubles de la cavité buccale avant l’infection par le SARS-CoV-2. Cependant, lors de l'évaluation de suivi, 101 personnes atteintes et guéries de Covid-19 (sur une totalité de 122 participants, soit 83,6 %) ont présenté des anomalies de la cavité buccale ou du visage.

Auteur principal : Prof. Enrico Gherlone. (Photo : Université Vita-Salute San Raffaele)

« Nous avons découvert que les manifestations orales et, en particulier, l'ectasie des glandes salivaires, sont étonnamment fréquentes, étant respectivement détectables chez 83,9 % et 43 % des personnes en rémission de Covid-19. L'ectasie des glandes salivaires reflète la réponse hyper-inflammatoire au SARS-CoV-2, comme le démontre la relation significative avec les niveaux de protéine C-réactive et de lactate déshydrogénase (LDH) lors de l'admission à l'hôpital, ainsi qu'avec l'utilisation d'antibiotiques pendant la phase aiguë de la maladie » a déclaré le Dr Gherlone à DTI.

« Les niveaux de LDH et le traitement du patient par antibiotiques s’avèrent être deux facteurs prédictifs de cette dilatation des glandes salivaires», a-t-il expliqué.

Outre l'ectasie des glandes salivaires, des symptômes oraux tels que des anomalies de l'articulation temporo-mandibulaire, des douleurs faciales et une faiblesse des muscles masticateurs étaient également fréquents chez les patients.

À la lumière de ces résultats, les chercheurs concluent à une persistance de long terme de ces dommages résiduels de la cavité buccale chez la grande majorité des patients les plus gravement touchés, même après la guérison clinique. De plus, ces mêmes résultats suggèrent que la cavité buccale représente une cible préférentielle pour l'infection par le SARS-CoV-2.

Selon le Dr Gherlone, il est important pour les professionnels dentaires d’acquérir une connaissance approfondie de la Covid-19 afin d'aider à combattre la maladie et à en atténuer les risques. Ce faisant, ils contribueraient grandement à améliorer la qualité de la prévention et du traitement de la maladie, a-t-il expliqué.

« Avant tout, ils doivent étudier les conséquences possibles dans la cavité buccale qui affectent les processus d'inflammation, de cicatrisation et de défense afin de développer des protocoles spécifiques pour mieux traiter les patients qui ont été touchés par la Covid-19 et, ainsi, améliorer leur état général de santé ».

« D'après nos recherches, il est clair qu'il existe une anomalie au niveau des glandes salivaires. Par conséquent, nos patients peuvent présenter une altération de la salivation entraînant une augmentation de la cario-réceptivité ou une augmentation de l'accumulation de caries et, par conséquent, une augmentation de l'inflammation ; cependant, d'autres études sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse », a conclu le Dr Gherlone.

Une autre étude récemment publiée et rapportée par DTI dans l'article La bouche et le SARS-CoV-2 : Rôle clé dans l’infection et la transmission vient confirmer le fait que la cavité buccale pourrait jouer un rôle important dans l'infection par le SARS-CoV-2. Les chercheurs ont appelé à des mesures de prévention appropriées dans les milieux dentaires.

L'étude, intitulée « Frequent and persistent salivary gland ectasia and oral disease after COVID-19 », a été publiée en ligne le 3 mars 2021 dans le Journal of Dental Research, avant d'être incluse dans un numéro.

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