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L’ergonomie basée sur l’anatomie.

Notre anatomie, corrélée à notre activité spécifique, constitue donc notre guide, notre base de réflexion, nos règles de conduite pragmatiques, afin de concevoir une ergonomie logique et efficace. (Photo : Dr David Blanc)
Dr David Blanc

Dr David Blanc

mar. 3 mars 2020

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TOULOUSE, France : Il existe peu d’ergonomie basée sur la preuve. Certaines publications montrent des tendances mais avec des niveaux de preuve relativement faibles. J’aimerais partager avec vous les notions d’Ergonomie basée sur l’Anatomie et d’Ergonomie Fonctionnelle.

Nous pourrions nommer ABE Anatomy Based Ergonomics, ou Ergonomie Basée sur l’Anatomie, tout ce qui oriente notre ergonomie à partir des connaissances anatomiques du corps humain. Que ce soit pour nous praticien et assistante mais aussi pour le patient, car notre position dépend de la sienne.

Trop souvent les recommandations en terme d’ergonomie sont empiriques, copiées sur d’autres postes de travail, et déconnectées des prérogatives de notre métier. Cela aboutit à des situations que vous avez surement vécues, vous vous placez correctement en début de journée, et 2 heures après vous n’êtes plus du tout positionnés comme vous le vouliez. Vous vous adaptez à votre acte, à votre pratique, vous cherchez à voir, et cela vous oblige à sortir de votre référence. Cette référence est peut être erronée, l’enseignement en ergonomie, s’il a eu lieu, est peut être en décalage avec vos besoins visuels.

Si l’anatomie est notre guide, voici quelques exemples :

Fig 1. : Les coudes peuvent être fléchis entre 50° et 100° en respectant les amplitudes de confort. Exit les 90°. (Illustration : Dr David Blanc)

 

Les amplitudes articulaires de confort se trouvent dans ce qu’on appelle la course articulaire moyenne (Fig. 1). Cela correspond au 1/3 intermédiaire de l’amplitude maximale. Pour le coude, les recommandations à 90° n’ont donc pas d’intérêt. Il vaut mieux considérer 50 à 100° de flexion. La vision de précision sera meilleure à 100°, donc montez vos patients plus hauts sans craindre de plier vos coudes. Au passage vous éviterez le travail à 9h qui fera monter vos épaules.

L’œil humain peut réaliser un abaissement maximal d’en moyenne 40°, donc 30 à 35° sans effort. Une flexion cervicale acceptable ne doit pas excéder 10 à 20°. Donc l’angulation entre l’horizontale et l’axe de votre regard ne peut se situer qu’entre 40 et 55°. Ceci est beaucoup plus faible que ce que l’on observe régulièrement (70°). Pour retrouver ces valeurs de confort il est indispensable de remonter le patient qui est souvent trop bas avec des distances de travail trop grandes de 50cm qui obligent à fléchir les cervicales (Fig.2). Les loupes n’y changeant rien.

Fig 2 : Remonter le patient réduit la flexion cervicale. (Illustration : Dr David Blanc)

Lors de la position assise des patients, hanche à 80° de flexion, l’extension des genoux met en tension les muscles ischio jambiers (Fig. 3), c’est pourquoi la plupart des fauteuils ont une angulation pour fléchir les genoux. Or nous ne sommes plus des barbiers et nous réalisons nos traitements sur des patients allongés. Dans cette situation la hanche est position 0°, et la persistance d’une flexion de genoux met en tension les muscles droits antérieurs, qui antéversent le bassin et hyperlordosent les patients (Fig. 4). Cela aboutit à un refus de la position allongée et une incompréhension des praticiens qui doivent faire l’effort de se pencher vers la cavité buccale.

Les capacités de mobilité cervicale du patient sont souvent inconnues, et nous laissons cette responsabilité et la tête de nos patients entre les mains des fabricants de matériel. Les têtières sont conçues pour avoir plusieurs axes de mobilité afin de paraître adaptables, mais souvent ces axes ne correspondent pas à l’anatomie humaine.

Pour savoir comment mobiliser la tête d’un patient il faut savoir comment fonctionnent des vertèbres cervicales et dans quel but veut on déplacer la tête du patient. L’objectif est de voir les dents maxillaires, d’orienter ces dents vers nos yeux. Or les dents maxillaires et l’occiput forment un seul bloc, il n’y a pas d’articulation synoviale entre les deux. Donc pour déplacer les dents maxillaires le meilleur moyen est de réaliser de l’extension occipitale par rapport à C1, l’atlas (Fig. 5). Le Dieu qui porte le monde ! Cela tombe bien il y a 40° de mobilité à cet endroit et c’est l’articulation cervicale qui s’enraidit le plus tard chez la personne âgée. Il est nul besoin de mobiliser les cervicales de vos patients, seule la tête peut bouger sur les cervicales. Pour peu que votre têtière soit bien faite et permette ce mouvement exclusif, vos patients n’auront plus la sensation d’avoir la tête en arrière, puisqu’elle ne le sera pas, et vous n’aurez plus besoin de vous pencher en avant pour voir votre tâche.

Fig 5 : L’extension cervicale peut se faire uniquement au niveau Occiput/Atlas. (Illustration : Dr David Blanc)

Vous voyez que tout ceci introduit la notion d’ERGONOMIE FONCTIONNELLE, puisqu’une  position assise parfaite seule, sans être associée au métier, n’a pas de sens. Les positions assises classiquement recommandées sont déconnectées d’un élément essentiel : ce que l’on veut voir. C’est notre tache qui gouverne notre posture. Si la dent du patient n’est pas placée à l’endroit que nous voulons alors c’est notre corps qui va s’adapter pour placer l’œil au bon endroit.

Notre anatomie, corrélée à notre activité spécifique, constitue donc notre guide, notre base de réflexion, nos règles de conduite pragmatiques,  afin de concevoir une ergonomie logique et efficace.

Pour plus d'informations : https://www.ergonomie-dentaire.com/

 

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