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Pierre-Yves Le Maout : « Une période compliquée »

Pierre-Yves Le Maout, président de l'organisation COMIDENT. (Photo : COMIDENT)
Bénédicte Claudepierre, Dental Tribune France

Bénédicte Claudepierre, Dental Tribune France

lun. 24 octobre 2022

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Le COMIDENT est depuis 2005 l’unique organisation en France regroupant les fabricants et distributeurs des produits et technologies dentaires. Cette association compte aujourd’hui près de 150 entreprises du secteur, qui réalisent environ 85 % du chiffre d’affaires total en France. Dental Tribune France a souhaité connaître l’opinion de Pierre-Yves Le Maout, sur l’état du secteur dentaire face au éléments conjoncturels actuels et sur le congrès de l’ADF 2022.

Pierre-Yves Le Maout, en septembre 2020 vous avez été nommé président du COMIDENT.  En tant qu’interlocuteur des pouvoirs publics et des différents acteurs du secteur, vous vous êtes fixé pour objectif de défendre un modèle de soins bucco-dentaires basé sur la prévention, l’accessibilité à tous, la sécurité et l’innovation. Avez-vous pu remplir cette mission ?
C’est une mission de long terme. Personne ne changera le système de soins français en quelques mois. Notre système repose fondamentalement sur la nomenclature, donc le remboursement des actes. La place de la prévention est faible. En plus, la place de la santé bucco-dentaire est insuffisamment reconnue.

Pour l’innovation, il est évident que la nomenclature, même si elle évolue, ne correspond pas bien au consensus international sur la santé bucco-dentaire (dentisterie minimalement invasive), et ne pousse pas au changement.

Il reste que nous sommes de plus en plus écoutés, et que les pouvoirs publics, comme les représentants des chirurgiens-dentistes, savent que l’avenir est à construire. Ils savent aussi que la France ne peut pas rester à l’écart du monde.

Depuis septembre 2020, nous avons connu nombreux bouleversements : le Covid-19, la guerre en Ukraine, l’inflation et la flambée du prix de l’énergie. Dans un entretien publié par Dental Tribune International (DTI) en août dernier, Stanley Bergman, p-dg de la société Henry Schein, a estimé que, malgré les difficultés, les chirurgiens-dentistes avaient des raisons de rester optimistes, en soulignant que le marché où opère sa société avait très bien résisté aux ralentissements passés. Partagez-vous cet avis ?
Nous sommes aussi optimistes. Les exigences de santé bucco-dentaire sont loin d’être satisfaites en France et dans de nombreux pays. En France l’augmentation prévisible du nombre de dentistes, par les diplômes étrangers, puis par les nouvelles facultés va permettre de mieux satisfaire les besoins des patients. L’arrivée des assistantes niveau II donnera un peu plus de temps aux praticiens.

Ce qui ne veut pas dire que les bouleversements subis depuis la Covid, les questions d’énergie et de développement durable, et la guerre en Ukraine n’auront pas de conséquences.

Les opérateurs du secteur dentaire subissent l’inflation, les contraintes liées au règlement européen sur les dispositifs médicaux et, dans certains cas, le manque de matières premières. De quelle manière le COMIDENT peut -il les aider ?
Les difficultés sont de natures différentes. L’inflation et les ruptures perturbent autant les praticiens que les entreprises. Notre première exigence est de tout faire pour assurer la continuité des soins. La plupart des entreprises ont ainsi augmenté leurs stocks pour éviter au maximum les ruptures. Mais c’est un risque constant que nous n’éviterons pas.

Le COMIDENT intervient depuis longtemps auprès des pouvoirs publics au sujet du règlement européen. La situation risque de devenir cruciale à l’hôpital. Si des patients ne peuvent plus être soignés, l’Europe devra se réveiller pour accorder des délais. Le dentaire sera un peu moins touché, mais l’innovation est à l’arrêt faute de pouvoir certifier de nouveaux produits. C’est une situation scandaleuse parce qu’elle pourrait être évitée.

La question du chrome-cobalt est aussi liée au règlement européen. Or il n’y a pas de substitution possible dans un avenir prévisible. Nous sommes intervenus plusieurs fois, aussi avec l’ADF, et n’avons pas de réponse.

Dans un communiqué daté du 6 octobre, vous insistez sur le fait que les actions mises en place pour ne pas répercuter intégralement l’augmentation des coûts de production, ne doivent pas avoir d’incidence sur la qualité des produits. Avez-vous des craintes particulières ?
Nous entendons souvent parler de chirurgiens-dentistes qui commandent des produits sur des sites basés à l’étranger, certains ne respectent aucune réglementation (dont l’obligation de marquage CE des dispositifs médicaux). Ce sont des risques pour la sécurité des patients et pour eux-mêmes, car en agissant ainsi ils sont en totale infraction et engagent leur responsabilité.

Les pouvoirs publics doivent-ils mettre en place des mesures spécifiques afin d’aider le secteur dentaire ?
Le COMIDENT travaille avec les organisations de chirurgiens-dentistes, en particulier l’ADF, pour expliquer notre filière. Nous avons plus besoin d’un dialogue que d’une aide. Les déserts dentaires sont une préoccupation majeure. Il faut donc mieux étudier le besoin de soins bucco-dentaires, et les solutions à trouver pour que chacun puisse trouver un professionnel de santé. On pourrait accélérer sur les assistantes de niveau II. Cela rejoint le besoin de prévention et de délégation des tâches pour des praticiens surchargés. On peut aussi imaginer des infirmières dentaires par exemple pour aider à soigner les personnes âgées dépendantes sous le contrôle des chirurgiens-dentistes.

Fin novembre, aura lieu le congrès de l’Association dentaire française, comment voyez-vous cette rencontre ?
C’est le grand moment de la filière de la santé bucco-dentaire. Un événement de formation, d’échanges, d’innovation. Au-delà du succès habituel de l’ADF, il ne faut pas oublier que c’est un des rares moments dans l’année où la presse se penche sur le dentaire. Nous attendons donc tous  ’ADF avec impatience !

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