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Pour une politique de prévention en matière d’orthodontie ?

Docteur Patrick FELLUS, Président de la Société Française d’Orthodontie Pédiatrique

Docteur Patrick FELLUS, Président de la Société Française d’Orthodontie Pédiatrique

jeu. 16 octobre 2014

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À un moment où la recherche d’économies monopolise l’esprit des décideurs notamment dans le domaine des dépenses de santé publique, ne devons-nous pas envisager de favoriser énergiquement les actes de prévention qui, bien que non remboursés par la Sécurité Sociale, font partie des devoirs du praticien.

L’étude annuelle Deloitte-Ifop, donne un aperçu de ce que pensent les Français de leur système de santé et des remèdes qu’ils préconisent. Ils sont 85 % à indiquer avoir «une forte conscience de l’augmentation des dépenses de santé ». Il ressort aussi de cette étude que 40 % des Français se disent prêts à payer un supplément à leurs mutuelles, pour bénéficier de services de prévention. Toujours à propos de prévention, celle-ci est désormais plébiscitée, 87 % des personnes interrogées estimant qu’elle est « importante ». Est-il possible de mettre en place une politique de prévention en matière d’orthodontie ? Cette approche permettrait, sans rogner sur les prestations versées aux assurés, d’alléger la prise en charge des mutuelles et des parents. Une initiative similaire, concernant la prévention de l’apparition de la carie dentaire chez le jeune enfant, avait été mise en place dans les années 70 par l’Union Française de Santé Bucco Dentaire avec un grand succès. Les économies engendrées par une initiative similaire en orthodontie retentiraient sur toutes les formes de traitement, puisque la chronologie préventive se décline à trois niveaux.

1. Éviter que les déformations n’apparaissent

Dans une très grande majorité des cas, les déformations constatées en orthodontie, sont la conséquence d’un déséquilibre musculaire provoqué par la persistance d’un mode de succion et de déglutition dévolu au très jeune enfant. Une fois la denture temporaire constituée, le nouveau mode de fonctionnement qui doit remplacer les habitudes infantiles (biberon, tétine/pouce, alimentation molle) n’a pas été automatisé. Ces modifications fonctionnelles se produisent naturellement chez 60 % des enfants entre trois et quatre ans et c’est dans cet échantillon que l’on rencontre ceux qui n’auront jamais besoin de traitement pour redresser leurs dents. L’intégration précoce d’une alimentation dure stimule le développement des arcades dentaires d’une manière symétrique, et l’abandon des habitudes de succion permettra à la langue de jouer son rôle d’appareil naturel.

2. Une fois apparues éviter qu’elles ne s’aggravent

À l’âge de 6 ans, la plupart des pathologies que l’on sera amené à traiter peuvent être diagnostiquées. Pourquoi faudrait-il attendre pour les corriger, alors que les chances de correction spontanée n’existent pratiquement plus ? La prise en charge précoce de la correction des anomalies occlusales évitera ainsi une aggravation, induite par la croissance dans un environnement musculaire déséquilibré. Mais même lorsque l’on commence plus tardivement, vers l’adolescence, le fait de prendre aussi en charge la dynamique musculaire, fera que la croissance et la mécanique des appareils dentaires travailleront dans le même sens, d’où un raccourcissement de la durée des traitements qui sont remboursés par la Sécurité Sociale pendant trois ans.

3. Eviter qu’elles ne récidivent

Une fois les malpositions corrigées, la stabilité ne pourra être obtenue que si les causes ont été supprimées (deux ans de prise en charge uniquement pour assurer la contention). La contention fonctionnelle viendra ainsi compléter la contention mécanique.

Note de la rédaction : Cet article est paru das le journal Le Dental Tribune France du mois d´octobre 2014

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