Tout simplement car en réalité, il existe une valeur seuil en dessous de laquelle la virulence bactérienne persistante est insuffisante pour déclencher une réaction osseuse inflammatoire (Fig. 2). Cette notion de seuil a été très bien décrite par Siqueira.3
Connaît- on la valeur de ce seuil ? Au risque de vous décevoir, non ! Tout simplement car ce seuil n’est pas une valeur métrique ni même une constante biologique quantifiable. Il serait cependant possible de connaître le nombre de bactéries présentes dans un canal au-delà duquel une réaction inflammatoire se déclencherait, ce qui permettrait d’imaginer des dispositifs instrumentaux pour les quantifier in situ. Siqueira l’a très bien expliqué.3
Mais non, cela ne fonctionne pas comme cela.
Ces valeurs seuils sont fictives et non quantifiables. Tout simplement car elles dépendent certainement du nombre de bactéries (voire de la virulence de la flore) mais également des défenses de l’hôte (et donc du patient).
Il y a bien un vieil adage qui dit que « les patients ne sont pas tous égaux face à la maladie ». Et bien cela reste vrai en endodontie.
N’avez-vous jamais vu une radiographie panoramique avec des traitements canalaires manifestement inadéquats mais avec aucune dent qui ne présente de lésion ? et l’inverse est également vrai ! Qui n’a jamais eu un échec thérapeutique suite à un traitement où toutes les conditions techniques sont remplies, jusqu’à l’utilisation de la digue ?
Au-delà de la frustration que ces observations peuvent engendrer, il faut reconnaître que cela devient difficile de prévoir l’issue d’un traitement, et encore plus difficile d’expliquer aux patients la réalité des choses.
Cette notion de seuil varie donc en fonctions de ces deux facteurs :
1- la quantité de bactéries ; et
2- les défenses de l’hôte.
Autant la première est déjà difficile à quantifier (mais techniquement pas impossible) autant la seconde est impossible à objectiver.
On peut ainsi imaginer qu’un canal présentant la même quantité de bactéries pourra déclencher une réaction inflammatoire chez un patient et pas chez un autre. Et il est impossible d’anticiper la réaction du patient et de prévoir donc avec précision le taux de succès ou d’échec d’un traitement que l’on veut envisager.
La seconde notion qui est importante à considérer est que la réponse de l’hôte peut varier dans le temps. Une altération de l’état général ou même le seul vieillissement sont des états physio-pathologiques qui altèrent entre autres les réactions immunitaires.
Une dent ne présentant pas de lésion ou de manifestation clinique à un instant pourrait devenir problématique chez le même patient et sans modification de la situation bucco-dentaire quelques années plus tard, en présence d’une déficience immunitaire, même minime.
Cette notion de seuil et sa variabilité dans le temps permet d‘expliquer par exemple comment une lésion asymptomatique à un instant, peut devenir très douloureuse six mois ou dix ans plus tard.
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