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Interview : « Le facteur humain ne peut être remplacé »

Dr Robert Gottlander, comité de sélection du prix Brånemark, Dr Tiziano Testori, lauréat 2016, Dr Michael Cohen, lauréat 2018, Dr Myron, Nevins, lauréat 2015 et Mark Ferber, fondateur du prix PI Brånemark (à partir de la gauche) se sont réunis en Italie cet été pour la réunion Channel3. (Photographie: Dr Pier Carlo Frabboni)
Nathalie Schüller, DTI

Nathalie Schüller, DTI

mar. 11 septembre 2018

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Lors de la réunion annuelle du groupe de leaders d'opinion Channel3, qui s'est tenue cette année au mois de juin à Bologne en Italie, le Dr Michael Cohen, fondateur du Seattle Study Club, a reçu le quatrième prix P-I Brånemark. Reconnaissant l’ensemble de son oeuvre en dentisterie, ce prix est attribué chaque année en l'honneur du regretté Prof. Per-Ingvar Brånemark, dont les recherches sur l'ostéointégration ont révolutionné l'implantologie et ont introduit des traitements implantaires sûrs et efficaces. Nathalie Schüller, de Dental Tribune International, s’est entretenue avec le Dr Cohen sur le Seattle Study Club, les deux manuels qu’il a rédigés et sur son concept d’hybridation analogique numérique.

Dr Cohen, qu'éprouvez-vous en étant distingué par le prix Brånemark ?
Recevoir le quatrième prix Brånemark était une surprise car il y a tant de personnes illustres et connues qui font partie de Channel3 depuis de nombreuses années. C'est évidemment un grand honneur d'être associé au regretté Dr Brånemark. Je pose beaucoup d'implants dans ma pratique, mais je ne me considère pas comme un expert en implantologie, mais plutôt comme un étudiant expert.

Le prix récompense des cliniciens d’exception qui participent à l’avancée odontologique en faveur du bien-être général de la société. Ne pensez-vous pas que l’on pourrait dire que le Seattle Study Club fait progresser la dentisterie pour le bien-être général de la société ?
C’est vrai, et la dentisterie actuelle a pris une dimension plus large que ce que nous avons connu dans le passé, avec la médecine intégrée liée aux maladies cardiaques, liée au diabète et en rapport à la compréhension de l’importance de la cavité buccale. Le Seattle Study Club est un ensemble d’environ 270 groupes d’étude totalisant 7 000 membres que j’ai créé il y a environ 27 ans. Le but est en effet de coopérer pour obtenir les meilleurs résultats de traitement, de sorte que l’on puisse convenir que nous visons à travailler pour le bien-être général de la société.

Comment est née l'idée de créer le Seattle Study Club ?
En tant que parodontiste, je me fie beaucoup aux références et j'estime que si je pouvais trouver un moyen d'augmenter le niveau de diagnostic de ma communauté, les praticiens souhaiteraient offrir des soins de meilleure qualité. La parodontie en faisant partie, cela m'aiderait à développer ma pratique. J'ai pensé que les clubs d’études pouvaient être un début. Je vivais à Seattle et j'ai donc créé mon premier club d'études là-bas. Je n'ai pas inventé le concept ; il y avait des clubs d'étude bien avant moi, mais ils étaient très différents. À cette époque, les gens se réunissaient davantage pour établir un lien socioprofessionnel. Je voulais vraiment créer une opportunité de collaboration au sein d'un groupe, où les gens apprendraient vraiment les uns des autres. Au début, les gens allaient et venaient, et je sentais que je les obligeais à faire partie du club d’études. Après dix ans, j’ai décidé de faire venir un patient et de demander à tout le monde de planifier le traitement du cas. Il y avait beaucoup d'enthousiasme et j'ai commencé à réaliser que le manque résidait dans l'occasion pour les personnes d'apprendre les uns des autres.

Cela semble être une tendance récurrente de nos jours ; les praticiens sont très conscients de la nécessité de collaborer les uns avec les autres. Ayant perçu, il y a 17 ans, l’importance de la collaboration vous êtes une sorte de pionnier.
C'est tout le concept du Seattle Study Club. C'est l'idée du pouvoir de la collaboration et cela m'a amené à rédiger deux manuels sur la planification interdisciplinaire du traitement, en 2008 (Interdisciplinary Treatment Planning: Principles, Design, Implementation) et en 2011 (Interdisciplinary Treatment Planning, Volume II: Comprehensive Case Studies). Ce projet repose sur le même concept, réunissant pour ces livres les plus grands spécialistes. C'était très réussi.

Je voulais que les collaborateurs fournissent un ou deux principes de traitement qui, à leur avis, étaient essentiels à la planification des traitements des cas qu'ils voyaient quotidiennement. Je leur ai demandé d'identifier les principes, de les illustrer et de présenter ensuite le cas du plan de traitement au lecteur. Le spécialiste présentait la raison pour laquelle il avait traité le cas et sa manière de le traiter, avec des commentaires, ce qu’il en avait tiré et ce qu’il aurait pu faire différemment.

Nous avons eu 17 cliniciens qui ont participé au premier livre, couvrant tous les domaines de la dentisterie. Le premier livre m'a pris cinq ans pour le finaliser, le deuxième trois ans.

Je savais ce que je voulais et j'étais très rigoureux sur la façon dont je voulais transmettre le message. Ce qui était important, ce n'était pas seulement les mots sur le papier ; c'était le message, l'expérience que je voulais créer pour le lecteur. Par conséquent, je voulais avoir le contrôle et faire le gros du travail que l'éditeur ferait habituellement.

Je n'avais pas vraiment envie d'écrire un livre, mais les cliniciens qui sont des amis proches m'ont vraiment encouragé à le faire et j'ai finalement accepté. Lorsque j’ai décidé d’entreprendre ce livre, je n'allais pas le faire pour le faire ; Je voulais faire un état des lieux sur la planification des traitements et combler un vide. Il y a des milliers de livres disponibles, mais je sentais toujours qu'il y avait un manque et le livre a été très bien accueilli. Le deuxième livre, je l’ai fait uniquement parce que j'ai eu tellement de cas pour le premier et que je savais maintenant comment faire, que j’ai pensé que je pourrais réaliser un deuxième rapidement, mais ce n'était pas le cas !

Mark Ferber, fondateur de Channel3, et d'autres m'ont demandé de faire un autre livre. Je ne suis pas si disposé à le faire, mais Mark veut vraiment me convaincre. Ce livre portera sur la réussite du nouveau monde de la dentisterie.

Alors, comment voyez-vous ce livre ?
J'y pense encore. J'ai accepté dans un sens, mais j'ai tellement de projets que je dois d'abord terminer. Dans mon esprit, l’essence du livre sera l’hybridation analogique numérique. Ce sera l'idée que le monde entier est devenu numérique, mais nous ne pouvons pas oublier l'analogique. Le vrai facteur humain ne peut être remplacé, et nous devons comprendre qu’il est partout, dans notre pratique, dans tout ce que nous faisons, dans notre relation avec les gens. Cela fait partie de la transmission d'informations, pas seulement devant un ordinateur, et c'est très important parce que les plus jeunes dentistes préfèrent être chez eux, passer du temps avec leur famille et poursuivre leurs études sur leurs ordinateurs. Il n'y a rien qui puisse remplacer un échange personnel, quelqu'un dans une pièce avec lequel vous pouvez communiquer.

 Merci beaucoup de m’avoir accordé ce temps, Dr Cohen.

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