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L’efficacité des appareils buccaux dans le traitement de l’apnée obstructive du sommeil

En plus de la PPC (pression positive continue), un appareil buccal peut être un traitement de première intention efficace pour lutter contre certains types d’apnée du sommeil. (Photo : American Thoracic Society)

jeu. 29 août 2019

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NEW YORK, États-unis : De nouvelles recherches ont mis en évidence qu’un type d’apnée obstructive du sommeil (OSA) défini par certaines caractéristiques peut être traité efficacement par un appareil buccal. Un appareil à pression positive continue (PPC ou CPAP en anglais) est considéré comme le traitement de choix ou le « gold standard » pour empêcher l’affaissement de la voie aérienne dans la gorge en insufflant de l’air à travers un masque dans ls voies respiratoires. Cependant, de nombreux patients ont des difficultés à dormir avec ce dispositif. Dans certains cas, un appareil buccal qui avance progressivement la mâchoire inférieure pour prévenir les périodes de circulation d’air obstruée offre une alternative.

Lors de récentes recherches, les scientifiques ont appliqué une méthodologie utilisable en étude clinique pour identifier des traits caractéristiques de différents types d’apnée du sommeil à partir de la polysomnographie de routine, test utilisé pour diagnostiquer l’apnée du sommeil. Dans le processus, ils ont relevé cinq caractéristiques qui semblent déterminer l’efficacité d’un appareil buccal dans le traitement de l’OSA. Les chercheurs ont analysé les données polysomnographiques recueillies précédemment auprès de 93 adultes diagnostiqués comme souffrants d’une OSA modérée à sévère. Ils ont démontré que l’efficacité du traitement de l’apnée par orthèse d’avancée mandibulaire ne dépendait ni de la sévérité de l’apnée, ni de l’indice de masse corporelle du patient mais bien du type d’apnée et qu’il est donc essentiel d’en connaitre les caractéristiques précise pour chaque patient.

Ils ont ainsi découvert que les patients sans repliement sévère des voies aeriennes supérieurs bénéficiaient plus de l’appareil dentaire que ceux avec un repliement sévère. De même le dispositif d’avancée mandibulaire semble plus bénéfique pour les patients ayant une réponse réflexe plus faible des muscles de la gorge qui maintiennent les voies respiratoires ouvertes (compensation musculaire inférieure) comparativement aux patient avec une réponse réflexe forte. En revanche, les personnes présentant une très légère collapsibilité (la capacité pour les voies aériennes supérieures à se fermer sous l'effet de l'application d'une pression négative) réagissaient moins bien à l’appareil dentaire du fait que leur apnée pourrait avoir d’autres caractéristiques sur lesquelles l’orthèse serait sans effet.

« L’apnée du sommeil a des causes multiples, mais nous avons récemment mis au point des façons d’étudier le sommeil et de déterminer quelles caractéristiques causent la pathologie chez les différents patients », explique le Dr. Scott Sands, auteur principal de l’étude et Professeur assistant de médecine à l’Ecole de Médecine d’Harvard et au Brigham and Women's Hospital à Boston. « Puisque les appareils dentaires fonctionnent en améliorant la collapsibilité des voies respiratoires supérieures, les patients qui n'ont pas d'affaissement vraiment grave sont les plus susceptibles de bénéficier d'un appareil buccal, tandis que ceux qui souffrent d'apnée du sommeil pour d’autres raisons, comme des réactions réflexes exagérées à une baisse du taux d'oxygène, sont moins susceptibles d'en bénéficier. »

Les chercheurs ont également découvert que trois traits non liés aux voies respiratoires supérieures permettaient de prédire les patients qui réagiraient moins bien à un appareil buccal : un seuil d'excitation plus bas, une réponse ventilatoire plus élevée à l'excitation et un contrôle ventilatoire central (loop gain) plus élevé. Ce dernier paramètre est une mesure de l’agressivité avec laquelle le cerveau et les poumons réagissent à la chute d'oxygène et à l'augmentation du dioxyde de carbone dans le sang.

Sur la base de ces cinq critères, les chercheurs ont prédit que les appareils buccaux seraient efficaces pour traiter l’apnée du sommeil chez plus de la moitié (61 %) des participants. Les patients de ce groupe ont connu une réduction de 73 % de l’indice d’apnée et d’hypopnée (ILA), soit le nombre de pauses respiratoires par heure pendant 10 secondes ou plus. Avec un appareil buccal, ils avaient seulement huit apnées/hypopnées par heure. L’autre groupe de patients a connu une réduction plus faible de l’ILA et a eu deux fois plus de pauses respiratoires avec l’appareil buccal  .

Les auteurs ont déclaré que les réponses aux appareils buccaux dans leur étude ne pouvaient pas être prédites par la gravité de l’apnée du sommeil ou par l’embonpoint des patients. « Étonnamment, il ne semblait pas important de savoir si l’apnée du sommeil était modérée ou très grave », a déclaré le Dr Sand. « La thérapie par appareil buccal a été remarquablement efficace chez certains patients en surpoids ayant un OSA très grave. »

Sur la base de ces résultats, les auteurs ont suggéré que, si leurs résultats sont corroborés dans des études futures, un appareil buccal pourrait être considéré, avec le CPAP, comme un traitement de première ligne pour traiter un certain type d’OSA.

L’étude, intitulée « Polysomnographic endotyping to select obstructive sleep apnea patients for oral appliances », a été publiée en ligne le 9 août 2019 dans les Annals of the American Thoracic Society.

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