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Lien entre un agent pathogène bucco-dentaire et une neuropathologie de type Alzheimer

« Nous ne nous attendions pas à ce que l’agent pathogène parodontal exerce une telle influence sur le cerveau ni à ce que ses effets ressemblent si complètement à la maladie d’Alzheimer.» a déclaré le Pr Keiko Watanabe, directrice des études et professeur à l’Université de l'Illinois à Chicago. (Photo : Shutterstock / Lightspring)

lun. 22 octobre 2018

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CHICAGO, États-unis : Des chercheurs du Collège d’Odontologie de l'Université de l'Illinois à Chicago (Etats-Unis) ont fait une étonnante découverte. Ils ont trouvé un lien entre un agent pathogène bucco-dentaire, au rôle majeur dans le déclenchement de parodontites - inflammation buccale qui détruit la gencive et les os porteurs des dents - et une neuropathologie de type Alzheimer.

Des études précédentes avaient déjà mis en évidence les relations entre la maladie parodontale et des troubles cognitifs.  Une publication datée de 2011, de l’Université Columbia University Medical Center (New-York, Etats-Unis) avait trouvé une association entre la présence d'une parodontie et des troubles de la mémoire et du calcul chez des séniors. Une étude de l'Université National Yang Ming de Taïpei (Taïwan) a mis en lumière une relation entre une bonne fonction cognitive et un faible niveau de parodontie. Par ailleurs, des études de parodonties et des analyses de tissus cérébraux postmortem de malades d'Alzheimer chez des modèles animaux  ont suggéré fortement qu'une bactérie pathogène bucco-dentaire, Porphyromonas gingivalis ou ses produits, pouvait être transférée au cerveau.

Les chercheurs de l'Université de Lillinois ont voulu tester l'effet d'une exposition répétée à Porphyromonas gingivalis chez une souris de souche sauvage (non manipulée génétiquement). Dix souris ont donc été mises en contact avec la bactérie Porphyromonas gingivalis pendant 22 semaines, déclenchant une parondontie chronique tandis que dix autres souris formaient le groupe contrôle. Puis, leurs tissus cérébraux ont été prélevés et analysés, après traitement par un agent d'immunifluorescence permettant de révéler la présence de bactéries.

La microscopie a révélé des signes de neuropathologies typiques que l'on retrouve dans la maladie d’Alzheimer, à savoir une neuroinflammation, une neurodégénération, la production de peptide amyloïde béta (qui s'agrège pour former des plaques amyloïdes) et la production de protéine Tau phosphorylée. La bactérie Porphyromonas gingivalis a été détectée, elle, dans l'hippocampe - structure cérébrale impliquée dans la mémorisation et touchée précocement dans la maladie d'Alzheimer - des souris du groupe «parondontie».

« Ce fut une grosse surprise », a déclaré Keiko Watanabe, directrice des études et professeur à l’Université de l'Illinois à Chicago. «Nous ne nous attendions pas à ce que l'agent pathogène parodontal exerce une telle influence sur le cerveau ni à ce que ses effets ressemblent si complètement à la maladie d'Alzheimer.»

« Cette étude est la première à montrer la neurodégénérescence et la formation de Aβ42 (peptide amyloïde béta, ndlr) extracellulaire chez de jeunes souris sauvages adultes après application orale répétée de Porphyromonas gingivalis, concluent les auteurs. Les caractéristiques neuropathologiques observées dans cette étude suggèrent fortement que l'infection par un pathogène parodontal chronique de faible grade peut entraîner le développement d'une neuropathologie compatible avec celle de la maladie d'Alzheimer ».

L’article intitulé « Chronic oral application of a periodontal pathogen results in brain inflammation, neurodegeneration and amyloid beta production in wild type mice » a été publié le 3 octobre dans la revue PLOS One.

Source : Siences et Avenir

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