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Une étude suggère que le biofilm dentaire pourrait être directement lié à l’infarctus du myocarde

Une nouvelle étude a mis en lumière une dimension cruciale du lien désormais bien établi entre la santé bucco-dentaire et les maladies cardiovasculaires. (Image : Nenad/Adobe Stock)

mer. 29 octobre 2025

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TAMPERE, Finlande : La relation de longue date entre les bactéries buccales et les maladies systémiques prend une nouvelle importance à la lumière des récentes avancées en médecine moléculaire. Dans ce contexte, une étude révolutionnaire menée par des chercheurs finlandais apporte des preuves convaincantes selon lesquelles des bactéries couramment présentes dans la cavité buccale pourraient jouer un rôle causal dans l’infarctus du myocarde. Les résultats suggèrent que certaines crises cardiaques pourraient, dans certains cas, être déclenchées par des processus infectieux provenant des biofilms dentaires.

Au cours des dernières années, le lien entre la santé bucco-dentaire et la santé générale est devenu un sujet de discussion de plus en plus central, tant dans les milieux universitaires que cliniques. Parmi ces corrélations, la relation entre la santé bucco-dentaire et les maladies cardiovasculaires a fait l’objet d’études particulièrement approfondies. Une étude publiée en 2024, par exemple, a identifié la maladie parodontale comme un « facteur de risque non traditionnel dans le développement et la progression des maladies cardiovasculaires ».

S’appuyant sur ces bases scientifiques, les résultats de la nouvelle étude finlandaise indiquent que cette connexion pourrait être directe. Les chercheurs ont découvert la présence de streptocoques du groupe viridans — un groupe de bactéries généralement associé au biofilm dentaire et à l’endocardite infectieuse — dans des plaques athéroscléreuses prélevées chez des victimes de mort subite d’origine cardiaque et chez des patients ayant subi une chirurgie vasculaire.

L’étude a analysé des plaques coronaires provenant de 121cas d’autopsie ainsi que des échantillons d’endartériectomie issus de 96 patients opérés. À l’aide de techniques moléculaires avancées, l’équipe a détecté de l’ADN de streptocoques du groupe Streptococcus viridans dans environ 42% des deux ensembles d’échantillons. Ces biofilms bactériens étaient profondément enfouis dans les dépôts artériels et échappaient au système immunitaire, permettant à une infection chronique de faible intensité de persister sans être détectée.

Des analyses complémentaires ont révélé que certaines parties du biofilm bactérien s’étaient détachées et avaient migré vers la couche superficielle de la plaque – la coiffe fibreuse qui sépare le dépôt du flux sanguin. C’est au niveau de cette coiffe que des ruptures peuvent souvent entraîner un infarctus du myocarde fatal. Les bactéries dispersées ont montré leur capacité à déclencher des réponses immunitaires innées et adaptatives, alimentant ainsi l’inflammation.

Ces résultats remettent en question la vision traditionnelle de l’infarctus du myocarde comme une maladie purement métabolique, suggérant qu’une infection bactérienne chronique pourrait contribuer, dans certains cas, à son développement. Le professeur Pekka Karhunen, auteur principal de l’étude et membre de la faculté de médecine et de technologie de la santé de l’université, a expliqué l’importance de ces travaux : « L’implication bactérienne dans la maladie coronarienne est depuis longtemps suspectée, mais les preuves directes et convaincantes faisaient défaut. Notre étude a démontré la présence de matériel génétique — de l’AND — provenant de plusieurs bactéries buccales à l’intérieur de plaques athéroscléreuses. »

Pour la dentisterie, les implications sont considérables. Étant donné que les streptocoques du groupe Streptococcus viridans jouent un rôle essentiel dans la formation du biofilm dentaire, l’étude souligne l’importance de maintenir une hygiène bucco-dentaire rigoureuse et de traiter les infections dentaires chroniques — non seulement pour préserver la santé orale, mais aussi potentiellement pour réduire le risque cardiovasculaire.

 

L’étude, intitulée « Viridans streptococcal biofilm evades immune detection and contributes to inflammation and rupture of atherosclerotic plaques », a été publiée en ligne le 19 Août 2025 dans le Journal of the American Heart Association.

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