LOUGHBOROUGH, Royaume-Uni : En réponse à l’explosion d’obésité dans les pays développés et à son lien avéré avec la santé bucco-dentaire, des chercheurs de l’université de Loughborough ont mené une étude inédite qui a exploré le point de vue des professionnels dentaires et du public sur l’intégration des interventions de gestion du poids dans le cadre dentaire. Bien que l’équipe de recherche ait identifié des obstacles potentiels, les résultats de l’étude ont montré que les dépistages de surpoids sont généralement bien accueillis par les patients. Pour mettre en place à grande échelle des dépistages du poids dans les cabinets dentaires, il est nécessaire de renforcer la formation des équipes dentaires et d’élaborer des lignes directrices.
Les taux d'obésité dans le monde ont augmenté de manière significative. L'obésité chez les adultes a plus que doublé depuis 1990 et celle chez les adolescents a été multipliée par quatre. En 2022, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que 2,5 milliards d'adultes âgés de 18 ans et plus étaient en surpoids et que 890 millions d'entre eux souffraient d'obésité. En outre, la même année, 37 millions d'enfants de moins de 5 ans étaient considérés comme étant en surpoids. Comme le rapporte Dental Tribune International (DTI), le diabète a des effets néfastes sur la santé bucco-dentaire des enfants et des adultes.
Il est nécessaire d'adopter des approches collaboratives dans l'ensemble des soins de santé pour lutter contre l'obésité, mais l'intervention dans les cabinets dentaires n'a pas encore été largement mise en œuvre. Les cabinets dentaires offrent une plateforme unique pour les dépistages de santé, en particulier pour les patients qui se rendent chez le dentiste tous les 12 mois, mais qui ne consultent pas fréquemment un médecin généraliste. En outre, un article récent de DTI souligne la capacité des professionnels dentaires à dépister les maladies chroniques chez les patients.
L'équipe de recherche a examiné 33 études et a constaté que la prévalence des dépistages de la taille et du poids dans les établissements dentaires variait et qu'en moyenne, 29 % des patients se soumettaient à un dépistage. Les équipes dentaires qui avaient déjà intégré des interventions de gestion du poids dans leur pratique ont fait part d'une réponse positive, les familles étaient réceptives et l'intégration de ces services dans les évaluations régulières des patients était transparente. En outre, il a été constaté que les patients sont favorables au dépistage du poids et aux discussions menées par les équipes dentaires, à condition qu'elles soient menées avec diplomatie et délicatesse et appliquées systématiquement à tous les patients, quel que soit leur statut pondéral.
L'auteur principal, le Dr Jessica Large, chercheuse doctorante à l'université, a commenté les résultats de l'étude dans un communiqué de presse : « Il est positif de constater que le public et les professionnels sont favorables au dépistage du surpoids », l'indication d'un soutien devenant de plus en plus courante lors des rendez-vous chez le dentiste.
Elle a ajouté : « Tous les professionnels de la santé ont la possibilité de contribuer à la réduction de l'obésité et à l'amélioration de la santé, et ces résultats suggèrent qu'avec le soutien et la formation appropriés, les dentistes pourraient contribuer de manière positive à la réalisation de cet objectif. »
Le Dr Amanda Daley, professeur de médecine comportementale et directrice du centre for lifestyle medicine and behaviour de l'université, co-auteur de l'étude, a déclaré : « L'évaluation initiale a montré que le public aimerait que son dentiste l'aide à perdre du poids. Les niveaux d'obésité continuant à augmenter, il est de plus en plus nécessaire de mettre toutes les mains à la pâte ».
Obstacles potentiels à la discussion sur le poids en milieu dentaire
Les chercheurs ont identifié plusieurs obstacles qui empêchent les équipes dentaires de prendre en charge la gestion du poids. Il s'agit notamment de la peur d'offenser les patients, du risque d'induire un préjudice en soulignant la possibilité que les patients puissent souffrir d'un trouble de l'alimentation, et du manque de temps, de formation appropriée et de lignes directrices. En outre, l'équipe de recherche a constaté que les points de vue stigmatisants des équipes dentaires à l'égard des personnes souffrant de surpoids ou d'obésité constituaient un obstacle à la prise en charge du poids.
Nécessité de poursuivre la recherche et la formation
Les auteurs ont conclu que, même si divers obstacles à la gestion du poids au sein de l'équipe dentaire ont été identifiés, les patients acceptent très bien le dépistage et l'intervention en matière de poids. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer les approches d'intervention sur le poids les plus réalistes et les mieux acceptées dans les établissements dentaires. En outre, il est très important de sensibiliser à la stigmatisation du poids et de former l'ensemble de l'équipe dentaire afin qu'elle soit en mesure d'offrir des interventions de soutien et d’attention.
Selon le professeur Daley : « La majorité de la population consulte un chirurgien-dentiste au moins une fois par an, ce qui constitue une occasion idéale de dépistage et d'intervention pour réduire l'obésité. Les chirurgiens-dentistes s'engagent également dans d'autres interventions visant à modifier les comportements, telles que le sevrage tabagique et les conseils diététiques pour réduire les en-cas et les boissons sucrées. Ils sont donc bien placés pour s'attaquer aux problèmes de poids ».
L'étude, intitulée « Public and dental teams' views about weight management interventions in dental health settings : Systematic review and meta-analysis », a été publiée en ligne le 11 février 2024 dans Obesity Reviews, avant d'être incluse dans un numéro.
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