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Ils sont allés trop loin !!!

lun. 24 avril 2017

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Depuis 30 ans les pouvoirs publics nous imposent leurs vues de la dentisterie que nous acceptons sans broncher ou presque au nom du « cela aurait pu être pire ». Au­jourd’hui le pire est arrivé ! Que nous reste-t-il de libéral à part le stress, la charge de travail et la responsabilité lorsque 86 % des tarifs de nos actes nous sont imposés ? Nous ne sommes que des ouvriers spécia­lisés payés à l’acte, et dont la valeur de l’acte n’est même plus reconnue. Croyez-vous qu’ils s’arrêteront en si bon chemin ? Que nenni !! Un ancien directeur de CPAM me disait un jour « les professionnels de santé, vous êtes pour nous, économistes de santé, « une énigme » ». Vous êtes la seule profession ou la loi de l’offre et de la demande ne s’applique pas et plus on vous tape dessus plus vous en redemandez !

Il n’a pas tort, parce que au fond, quel est le problème ? : des technocrates qui ne connaissent rien à nos actes ou notre pro­fession, font des prévisions pour boucler des budgets que tout le monde sait perti­nemment faux, pour avoir un coup de tampon hypocrite de Bruxelles. Un an plus tard face à la réalité nous sommes présen­tés comme les responsables de leurs er­reurs : les dépenses de santé ont dérapé !! … Ils ont un rêve secret … Les lettres clefs flottantes, on change la valeur des actes en fonction du nombre d’actes réalisés pour ne jamais sortir de l’enveloppe allouée, ainsi leurs prévisions seront toujours exactes. C’est la maîtrise comptable par ex­cellence. C’’est l’esprit de toutes les réformes qui se sont succédées, et qui depuis 30 ans s’éloignent de la valeur réelle du soin ou du plateau technique. Mais est-ce à nous de payer leurs erreurs ? évidemment non ! Nos divisions leur ont permis de nous imposer au fil des années, patiem­ment mais sûrement, leur vision des choses. Ils ne sont pas pressés, c’est pour eux un travail à temps plein et un objectif à long terme. Face à eux une profession divisée avec des représentants dont ce n’est pas le métier et qui doivent jongler entre activité professionnelle et syndicalisme, autant dire : aucune résistance !

Cette réforme fait économiser des cen­taines de millions d’euros aux mutuelles, absentes du débat mais tapies dans l’ombre. On est en droit de se demander pourquoi ? La pseudo revalorisation indé­cente n’est là que pour permettre la com­munication de madame la ministre auprès des médias, confondant accès aux soins et prothèse gratuite ! Les pouvoirs publics ont donc toujours plusieurs coups d’avance et nous emmènent patiemment là où ils veulent.

À chaque coup dur, nous avons trouvé une échappatoire, une niche, une cotation, un dépassement, etc … Cette fois ils sont allés trop loin !! Met­tez en perspective le plafonnement des ho­noraires de pothèses et le tiers payant obligatoire CPAM et mutuelle pour visuali­ser notre activité de demain. Nous soigne­rons des patients pour des tarifs forfai­taires décorellés de nos coûts, et nous se­ront payés à postériori par la CPAM et les mutuelles dont nous connaissons l’ap­proche.

Une mutuelle s’est récemment abste­nue de chiffrer le remboursement d’un devis demandant à être contactée par mon patient au prétexte « d’obtenir en toute confidentialité, l’analyse et le com­mentaire technique de votre devis (carac­téristiques, positionnement prix, éven­tuelles solutions alternatives) » Un admi­nistratif qui ne connaît rien au dentaire qui ne connaît pas mon patient, ne l’a ja­mais examiné va lui expliquer les alterna­tives thérapeutiques et commenter mes tarifs …

Si nous ne faisons rien, les années à ve­nir auront raison de bon nombre de confrères qui n’ont pas la trésorerie suffi­sante pour absorber la baisse de leur acti­vité prothétique, de leurs revenus, le paie­ment des charges URSSAF, caisse de re­traite, ou impôts. Les maigres pensions servies aux futurs retraités seront révi­sées à la baisse de façon drastique. Pour certains d’entre nous ayant des enfants à charges, ou des engagements financiers à long terme la situation pourrait s’avérer encore plus compliquée. Offrant une main d’oeuvre corvéable et soumise aux centre mutualistes et low-cost en tout genre.

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, les praticiens qui pensent ne pas être impactés aujourd’hui parce que leurs tarifs de prothèse sont inférieurs ou proche de ceux imposés souffriront de­main et pleureront après-demain. Après 28 ans de blocage des remboursements de prothèses et l’instauration des derniers outils de la maîtrise comptable pen­sez-vous un seul instant que vous verrez une revalorisation décente de vos tarifs ? L’augmentation du coût de la vie, des consommables ou une augmentation de 2 points de la TVA retentira sur nos activités par une perte sèche de revenus de plu­sieurs milliers d’euros sans espoir de récu­pération. Ceux dont l’activité est hors cadre visé, ortho, implanto, paro, seraient bien naïfs de se penser à l’abri, leur tour viendra patiemment mais sûrement. La démagogie n’a pas de limite. Lorsque je discute avec mon dentiste conseil, je lui parle patient, cas clinique, soins, il me ré­pond texte législatif, cotation, nomencla­ture, tarification, et pourtant nous avons fait les mêmes études, alors imaginez un seul instant ce que peut penser un techno­crate issu de l’ENA.

Ils sont allés trop loin, l’heure est à l’uni­té pour l’ultime combat de la profession, le seul, l’unique, celui qui remet le patient et la qualité du soin au centre du système, ce­lui qui valorise l’acte, qui revalorise le soin à son juste coût.

Ne cédons pas aux sirènes des sociétés qui veulent déjà nous vendre des formations sur la façon de codifier des nou­veaux « actes compensatoires NPC », elles n’oeuvrent que pour leur chiffre d’affaire. Ces niches qui ne compenseront jamais nos pertes et transfèrent la charge finan­cière sur le patient disparaîtront à leur tour. Orange Healthcare filiale d’Orange Business Service a annoncé une progression de CA à 2 chiffres, la santé est donc bien un business …Mais pour les autres !

En relisant ces lignes, je me rends compte du ta­bleau noir que je dresse de l’avenir, mais c’est là uni­quement parce que je re­mets en perspectives tous les aspects et les implica­tions de ce que l’on veut nous imposer. Pour com­prendre, il faut voir plus loin à la manière d’un joueur d’échec avec plu­sieurs coups d’avance. Si nous avions raisonné ain­si plus tôt, convention, couverture sociale mino­rée, opposabilité, CMU, déplafonnement URSSAF, ACBUS, Mutuelles, ré­seaux de soins, carte vi­tale, CCAM, non réévalua­tion des soins, contrôle d’activité, amendement Leroux, télétransmission obligatoire, plafonne­ment des tarifs de pro­thèse, etc … Nous n’en se­rions pas là !

Le monde a changé, à nous de changer, de nous unir. Les CCDeLI sont des structures asyndicales, apolitiques et bénévoles initiées par nos amis Bretons, rejoignons tous ces structures départemen­tales pour une action nationale unifiée vierge de tout clivage. Etudiants, libéraux, enseignants, hospitaliers, parlons d’une même voix, il y va de la santé de nos conci­toyens et de l’avenir de notre profession.

Nous sommes les seuls à pouvoir soi­gner nos patients, personne ne peut prendre la turbine à notre place. On ne peut donc nous imposer que ce que nous accepterons.

Un électrochoc peut vous tuer ou vous ramener à la vie, tout dépend de l’inten­tion du «thérapeute»! Nous n’avons plus rien à perdre puisque nous allons tout perdre !
« Les seuls combats perdus d’avance sont ceux que l’on refuse de livrer » (Chris­tian Lehmann)

Réveillons-nous, réveillez-vous, rejoi­gnons les CCDeli et agissons tous en­sembles !

Un dentiste en colère et motivé.

Note de la rédaction : article édité dans le journal dental Tribune France N°5, 2017

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