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Interview du Docteur Vermeulen : « Soigner est notre raison d’être »

Docteur Jacques Vermeulen (Photo : Ron Paolo Gilman)
Benedicte Claudepierre, DTI

Benedicte Claudepierre, DTI

mar. 27 novembre 2018

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Le Dr Jacques Vermeulen, conférencier, chirurgien-dentiste et spécialiste en implantologie pratique dans un cabinet à FLUMET, petit village situé en SAVOIE et délaisse ses montagnes pour se rendre chaque année au congrès de l’Association Dentaire Française. À la veille de son départ, Dental Tribune Online s’est entretenu avec lui pour connaître le choix de son programme, ses attentes et son avis sur la thématique.

Depuis quand vous rendez vous au congrès de L’ADF ?

Au début de mon exercice, à savoir il y a 41 ans je n’allais pas chaque année au congrès. Je n’y trouvais pas toujours un intérêt. Mais au fur et à mesure, l’ADF a progressé et je m’y rends chaque année, du mercredi au samedi, avec un programme bien chargé.

À savoir ?

J’arrive le mercredi après-midi en avion après avoir travaillé la matinée au cabinet. Je commence par participer à la CAMLOG Académie. Cette rencontre permet d’échanger entre utilisateurs du système implantaire et surtout de le faire évoluer au travers de notre expertise. C’est très agréable de pouvoir à cette occasion rencontrer des confrères mais aussi des responsables de CAMLOG Europe qui sont à l’écoute et pourront peut-être répondre à de nouvelles attentes communes qui se dégageraient de cette dernière année d’utilisation.

Le soir nous continuons cette discussion de manière plus conviviale tous ensemble autour d’un diner.

Le jeudi est dédié à des formations. Parmi les formations intéressantes que j’ai pu noter, j’en ai relevé une à laquelle je ne pourrai pas participer mais que je conseille néanmoins vivement à des praticiens. C’est une formation très complète qui se déroule de 9h à 17h et qui concerne la prothèse amovible pour maîtriser le dessous de l’édentement complet. C’est très important car la population en France vieillit énormément. On voit en EPAHD beaucoup de patients avec des appareils complets. Nos jeunes confrères ne sont pas véritablement préparés à cela. Il est très important de se former à ces appareillages.

On peut penser que c’est moins valorisant que l’implantologie pour des raisons financières mais « soigner » cela passe aussi par l’appareillage complet qui peut rendre d’énormes services et qui sur le plan esthétique ne peut pas être contesté. Il faut savoir réaliser et proposer cet appareillage.

Je fais beaucoup d’implantologie mais certaines fois l’implant n’est pas adapté. J’ai toujours pour principe, pour l’édenté complet de proposer une prothèse implanto-portée amovible transvissée à la mandibule. Pour le maxillaire, je suggère au patient de commencer par un appareil complet et 50% des patients en sont parfaitement satisfaits. Si le patient le souhaite, une implantologie au maxillaire est toujours possible. Commencer de cette manière permet au patient de faire une grosse économie et ne laisse pas la porte fermée à l’implantologie si c’est toujours le souhait du patient.

C’est mon principe, il est peu commercial car si je commençais par des implants aux maxillaires, le patient serait obligé d’en faire à la mandibule. L’inverse n’est pas vrai.

En tant que praticien, nous devons faire des choix. Je vais me rendre assurément à la séance de 9h à 10h30 salle 342 à la conférence dont le titre est « Case based teaching - Savoir prendre une décision sans complexe ». Cela m’intéresse d’entendre débattre de ce sujet et je pense que nos confrères ne sont pas préparés à présenter un plan de traitement, à prendre une décision thérapeutique sans douter. Il y a des moments, il ne faut pas douter. La décision revient bien sûr au patient mais le praticien doit être sûr de sa proposition thérapeutique.

De 11h à 12h, je me rendrai à la conférence C48 -L’équipe dentaire en Europe et prospective en France. Nous sommes très en retard en France sur l’organisation des cabinets dentaires et ce retard a pour conséquence directe l’apparition des centres low cost. On n’a pas mis à disposition des chirurgiens-dentistes, les possibilités de créer eux-mêmes des centres où l’on puisse trouver tous les services et toutes les disciplines de la dentisterie. Ces plateaux techniques pluridisciplinaires existent partout en Europe sauf en France. C’est bien malheureux parce qu’on a laissé la porte ouverte aux centres low cost qui voient uniquement l’objectif lucratif et se consacrent seulement aux produits à haute valeur ajoutée. Ce qui n’est pas éthique.

Le jeudi après-midi, j’ai prévu de me promener dans l’exposition et de rencontrer certains fournisseurs.

Après cette visite, j’irai à l’exposition « Jean-Michel Basquiat » qui se tient actuellement à la Fondation Louis Vuitton. Pour les provinciaux, la période de l’ADF est aussi une occasion de profiter des possibilités qu’offre Paris et de voir une belle exposition, aller au théâtre, assister à un concert, faire quelque chose qu’il est impossible de faire habituellement, en particulier, pour ce qui me concerne, à la montagne.

Le vendredi est consacré à l’enseignement du MEOPA , je dirige, en collaboration avec la société Air liquide, une formation post universitaire qui a lieu chaque mois à Garancière. Nous organisons toujours une journée de formation au moment de l’ADF.

Le samedi matin, j’irai à la conférence intitulée « Honoraires et devis » au travers des cas cliniques organisée avec la CCAM. Nous sommes en pleine mutation et je veux voir de quelle manière notre cabinet se situe par rapport à tout cela.

Dans l’après-midi je rencontrerai les responsables d’Air liquide afin de définir les améliorations possibles que nous apporterons à notre enseignement pour préparer les formations 2019-2020.

Puis, je reprendrai l’avion dans l’après-midi pour rejoindre Genève, la montagne et la neige.

 Quels sont les rendez-vous que vous attendez avec le plus d’impatience ?

Le rendez-vous que j’attends avec beaucoup d’impatience est celui de la CAMLOG Académie. Nous allons travailler sur le futur, sur les avancées, en particulier sur la chirurgie guidée.  Ce sujet me passionne.  J’ai réalisé une étude sur la chirurgie guidée qui compare la qualité de la pose de l’implant effectuée en chirurgie à main levée et en chirurgie guidée. Il s’avère que les opérations effectuées en chirurgie guidée sont plus précises et moins influencées par les états d’âmes du chirurgien. Nous travaillons pour rendre cette pratique d’autant plus accessible.

J’attends aussi beaucoup de mes rencontres avec les exposants. Je donne beaucoup de formations et suis en contact direct avec de nombreuses sociétés. Nous profitons toujours du moment de l’ADF pour définir les formations qui se dérouleront dans mon cabinet ou que je donnerai à l’extérieur.

Concernant les innovations, les congrès ADF qui ont lieu les années paires ne dévoilent pas énormément de nouveautés. C’est surtout un moment de rencontres. Quelques mois plus tard, en mars 2019, se tiendra l’IDS. Les fournisseurs présentent leurs plus grandes innovations toujours à ce moment-là.

Que pensez-vous du thème : « Soigner, l’engagement qui nous unit » ?

C’est un sujet très intéressant, Il faut qu’il ouvre le débat. Oui, notre engagement est de soigner, c’est notre raison d’être et cela répond au serment que nous avons tous fait à Hippocrate mais il ne faut pas que cela devienne un serment d’hypocrite. Actuellement il y a un détournement de cet engagement dont on voit des dérives les plus tristes. L’affaire Dentexia est seulement la partie visible de l’iceberg et pour l’instant il n’y a pas eu de garde-fou pour éviter ces dérives. L’ordre, avec le nouveau président, a un gros travail à faire dans ce domaine. J’espère qu'il sera effectué, c’est mon souhait, en tout cas.

Les rencontres de l’ADF ont-elles une influence sur votre pratique quotidienne ?

Oui, elles peuvent modifier certaines choses. Lorsqu’il y a eu l’avènement de l’imagerie 3D, j’ai été l’un des premiers à acquérir, dans mon village de 800 habitants, une imagerie 3D et cela a totalement changé ma manière de travailler.  Je me souviens l’avoir payé 230 000 euros, ce qui était énorme, et j’en ai retiré beaucoup de bénéfices, scientifiques et non lucratifs. J’attends toujours beaucoup de ces journées de congrès car je suis toujours passionné par mon métier.

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