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Votre santé est votre premier capital

Ingrid PLUMECOCQ

Ingrid PLUMECOCQ

mer. 17 février 2010

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Le mauvais éclairage est à l’origine de bien des problèmes cliniques (mauvaises prises de teintes, accès difficile à certaines parties de la cavité buccale…) mais aussi personnels (céphalées, tensions, stress et à terme baisse de l’acuité visuelle). Quelques règles simples permettent pourtant de faire de la lumière un allié.

 L’œil humain permet de « voir » dans presque toutes les situations. Pleine lune ou grand soleil, crépuscule, éclairage orange des autoroutes ou bleu des boîtes de nuit, nous « voyons ». Cette acception du verbe « voir » n’a aucun rapport avec la notion de « bonne vision » ; c’est la « bonne vision » qui est absolument nécessaire aux chirurgiens-dentistes pour exercer leur art dans les conditions de confort visuel et de sécurité optimales à l’obtention de résultats qualitativement satisfaisants, et ce, tout au long de la journée et de leur vie professionnelle. Nous passons, en effet, la majeure partie de notre temps au fauteuil, sous une lumière artificielle. En moyenne 2 000 heures par an soit 80 000 heures dans une vie professionnelle. Certes, il est indispensable de disposer d’une ouverture vers l’extérieur, mais la lumière du soleil contribue peu et très irrégulièrement à l’éclairage de la salle de soins et encore moins à celui de la zone de travail. Or, que constatons-nous ? Que les praticiens ne ménagent généralement pas leur principal « outil » de travail : leurs yeux. Dans l’aménagement du cabinet, l’éclairage est bien souvent le parent pauvre. Les préoccupations décoratives de l’architecte ou les considérations de circulation, de choix du mobilier prennent souvent le pas sur les contraintes de l’éclairage de la salle de soins, quand il n’est pas sacrifié pour cause de « dépassement du budget ».Pourtant, il n’existe que deux causes à une mauvaise vision : un défaut non corrigé de l’œil ou/et un mauvais éclairage…

Insuffisance d’éclairage = perte d’acuité visuelle
La fonction visuelle englobe des comportements posturaux (orientation de la tête, du corps, distance œil/tâche), des actions plus fines liées aux muscles oculomoteurs et un éclairage satisfaisant. La perte d’acuité visuelle est la conséquence la plus évidente d’une négligence au niveau de l’éclairage. L’acuité visuelle est la capacité de discriminer des détails fins, et elle est particulièrement sollicitée chez les chirurgiens-dentistes. La dégradation physiologique survenant avec l’âge est reliée à des changements structuraux incluant des changements dans les performances optiques de l’œil, la perte de récepteurs et d’autres éléments neuronaux impliqués dans le système visuel. La vitesse de perception, l’état de vigilance, l’émotivité ainsi que l’hypoxie sont également des facteurs de variation individuelle. Mais en réalité, l’acuité visuelle dépend aussi beaucoup de l’intensité lumineuse, du contraste, de l’état d’adaptation de la rétine et des mouvements oculaires. L’acuité visuelle diminue d’environ 25 % entre 20 et 60 ans, ce qui peut engendrer des phénomènes d’accommodation, de vitesse d’adaptation ou de rétrécissement du champ visuel. Elle peut être accentuée par un mauvais éclairage ou tout simplement une insuffisance de lumière. Isabelle Coupin, orthoptiste à Saint- Quay-Portrieux, le confirme : « La dégradation de la vision évolue très lentement, à bas bruit, sans qu’on ne s’en rende vraiment compte. En premier lieu, ce sont les contrastes qu’on perçoit moins bien. Puis les détails et les nuances fines de couleur. Il faut toujours garder à l’esprit que, pour un œil sain sans problème particulier, il faut deux fois plus de lumière à 40 ans qu’à 20 ans et quatre fois plus à 60 ans qu’à 20 ans. » La baisse de la vision s’installe de manière insidieuse. On n’y prête pas vraiment attention, on pense que « ça fait partie des aléas du métier ». Comme l’évoque le Dr Maguy Lévy, chirurgien-dentiste à Paris : « De mauvaises habitudes s’installent à notre insu et nous ne prenons conscience de leurs conséquences qu’à l’apparition de symptômes. On ne comprend pas pourquoi on est plus fatigué, pourquoi il est plus pénible de travailler, pourquoi l’humeur change, pourquoi on est plus irritable, plus stressé. Nous avons une capacité adaptative extraordinaire jusqu’au moment où elle est dépassée et le corps ne répond plus de la même manière ! ».

Voir ce que l’on fait
Le travail en bouche demande minutie, précision et concentration, et pour qu’il soit effectué dans les meilleures conditions, il est impératif de voir ce que l’on fait ! 80 % des informations traitées par le cerveau sont en effet fournies par le regard, c’est-à-dire la vision associée à l’oculomotricité. L’éclairage doit donc faciliter le geste chirurgical, la détection des détails, la discrimination des couleurs ainsi qu’une bonne posture. Le praticien accommode tout au long de la journée de manière importante. Il se rapproche de la dent en question pour « voir plus gros », en l’absence d’aides visuelles. Il passe des milliers de fois par jour de la cavité buccale (fortement éclairée) au plan de travail (hors champ), voire au fond d’un tiroir (sombre) puis retour vers l’éclat du spot de lumière buccale. Ce faisant, les cônes des iris se déforment pour s’adapter à la quantité de lumière et surtout à ces brusques variations. Bien sûr, ils sont faits pour… mais pas à cette fréquence, ni à ce niveau de variation qui n’a pas d’équivalent dans la nature. « Nos yeux passent en permanence du “jardin” à la “cave”, remarque le Dr Hervé Moyrand, stomatologiste, ce qui provoque une grande fatigue visuelle. Peu d’installateurs sont conscients de ce problème et ne réalisent pas que la fatigue oculaire vient de l’absence de zone de transition entre le plan de travail et les zones périphériques. Il faut réapprendre la lumière et l’harmonie entre les différentes zones de travail afin d’accompagner la vision ! » Notre système cérébral est formaté depuis des millénaires par la lumière du jour. C’est sous cette lumière qu’il est le plus performant. Un éclairage trop faible obligera notre cerveau à corriger l’information qu’il perçoit entraînant une fatigue accrue, de la nervosité, du stress pour tous y compris pour le patient. C’est vers la fin de telles journées que notre moral est en baisse, que nous sommes rapidement agacés, que notre résistance nerveuse est fragile. De retour chez soi, on ne pense qu’à s’isoler pour se reposer. À l’opposé, un bon éclairage type lumière du jour donnera de l’énergie et augmentera la productivité et la satisfaction de tous. « L’éclairage de la salle de soins est capital dans l’exercice de notre métier, témoigne le Dr Maguy Lévy. En premier lieu pour protéger notre vue. Plus on a un éclairage de qualité, moins l’effort à soutenir est important. »

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