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Le futur de l’implantologie : principaux risques et perspectives

Pr Ervin I. Weiss, Chef du service de prothèse dentaire à l’université hébraïque, école Hadassah de médecine dentaire, Jérusalem
Magdalena Wojtkiewicz, DT Pologne

Magdalena Wojtkiewicz, DT Pologne

mar. 12 janvier 2010

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Rencontre avec le professeur Ervin I. Weiss, chef du service de prothèse dentaire à l’université hébraïque, école Hadassah de médecine dentaire (Jérusalem), dans son cabinet de Tel Aviv pour aborder les perspectives offertes par l’implantologie moderne.

Magdalena Wojtkiewicz : Il existe de nombreuses spéculations au sujet de la forme et de la surface idéales de l’implant. Après des années d’expérience en implantologie, dans quelle direction pensez-vous que se développera l’implantologie ?

Pr Ervin I. Weiss : Quand j’observe le marché actuel des différents systèmes d’implants, les types de surfaces et la conception mécanique, il m’apparaît que nous avons déjà atteint un certain niveau de maturation et rien de spectaculaire n’est à attendre dans un proche avenir. Et ce n’est pas seulement un sentiment strictement personnel : je pense que l’industrie partage la même perception. L’exemple le plus proche qui me vient à l’esprit est celui des premiers temps de l’aviation. Dans les tout premiers avions, les passagers s’asseyaient sur des chaises amovibles ; ensuite, ils ont obtenu un siège très agréable puis, la lumière et la climatisation. Et, ces 20 dernières années, rien ne s’est passé. Le siège, la lumière, la climatisation, les casques d’écoute… tout est resté identique. Un produit arrive à maturité lorsqu’il offre ce que le client attend de lui. En implantologie, dans le futur, nous observerons des modifications – mineures – de la surface, des variations – mineures – du design, des évolutions – mineures – des implants dédiés à l’esthétique ; simplement parce que tout est déjà là. Il existe des piliers et même des implants en zircone. Aujourd’hui, les implants sont si bien développés qu’il n’y a pas grand-chose à ajouter.

Le futur est, sans aucun doute, déjà orienté par les grands fabricants vers l’usage de l’organisation informatisée par CAO/FAO pour améliorer le design du pilier ou les couronnes temporaires par exemple. Cette option de développement n’est pas encore aboutie.

D’autres directions de développement concernent la biologie moléculaire, utilisant la PMO (Protéine Morphogénique Osseuse) ou encore d’autres types de molécules visant à accélérer le processus de cicatrisation osseuse autour de l’implant. Aujourd’hui, la PMO en est seulement à ses débuts mais, avec le peu d’informations dont nous disposons, nous entrevoyons nombre d’évolutions prometteuses. Et, assurément, il n’y aura pas la seule PMO, mais, également, d’autres molécules. D’autres champs de recherche, comme l’élaboration tissulaire ou les nanotechnologies semblent très porteurs mais, aujourd’hui, nous en savons encore très peu à leur sujet.

Ce qui en développement est un nouveau type, original, de fibre qui, grâce à la biologie moléculaire, concourra à maintenir les tissus osseux et mous, cohérents autour de l’implant. Si le « futur » de l’implantologie n’a pas encore commencé qu’il est déjà présent. C’est très semblable à ce qui arrive, actuellement, à la PMO. Si j’estime que les piliers et implants en zircone en sont au même niveau de développement dans ce domaine, c’est parce qu’ils n’ont pas atteint leur maturité et qu’il reste encore beaucoup de choses à faire, mais pas encore de percée majeure.

Il existe une grande variété de systèmes implantaires entre lesquels les praticiens peuvent choisir. Quels sont les paramètres à considérer pour faire son choix ?
C’est le type même de question qui posée à cinq chirurgiens-dentistes recevrait probablement sept réponses différentes. Il s’agit uniquement de préférences.
Pour reprendre une métaphore, je comparerais ce choix à celui du danseur qui utilise des chaussures de danse spécifiques, danse dans une salle spécifique, avec un professeur spécifique et, si cela lui donne satisfaction, ne changera rien. Avec les chirurgiens-dentistes et l’implantologie, c’est pareil. Les praticiens sont très réservés, je dirais même conservateurs. Si quelque chose fonctionne, ils ne veulent pas le changer. Et, pour cette raison, il n’existe aucun conseil spécifique que je puisse donner. Mais avant que l’industrie dentaire ait atteint sa maturité, par exemple en ce qui concerne la surface, il a été publié de nombreuses études sur la surface (sa rugosité, sa microrugosité, macro-rugosité, sa facilité de manipulation). Si j’avais néanmoins un conseil à donner aux praticiens qui ont déjà quelque expérience, ce serait : « concentrez-vous sur la stabilité primaire ». Aujourd’hui, l’essentiel du débat sur les implants dentaires concerne l’implantation et la mise en charge immédiate, et, à cet égard, le plus important est la stabilité primaire. Elle est cruciale pour la mise en charge immédiate. De nombreux facteurs peuvent affecter la stabilité primaire, commençant dès la conception de l’implant, au matériau utilisé, pour aller jusqu’à l’anatomie et à la qualité de l’os. Le système d’implant qui donne au praticien, à l’usage, la plus haute stabilité donc la plus grande stabilité primaire sera celui à choisir. Le système d’implant qui couvrira toutes les erreurs mineures tout en procurerant un confort de travail au chirurgien-dentiste sera celui de l’avenir.

D’après votre expérience, quel est l’avantage des implants Alpha-bio, de leur surface et de leurs formes ?
Bien que ma spécialité soit la prothèse, j’utilise de nombreux systèmes d’implants et le traitement implantaire constitue une pratique courante dans mon exercice. Pour ne pas les nommer, j’utilise très fréquemment les implants Alpha-Bio Tec dans mon cabinet. Je trouve ce système très confortable et, également, à recommander aux débutants parce qu’il « pardonne » les erreurs.
En ce qui concerne la surface, je ne crois pas qu’il y ait de différences majeures entre les surfaces des différents fabricants. C’était un problème dans les années 90, mais plus maintenant.
Aujourd’hui nous pouvons obtenir un taux de succès de l’ordre de 95 à 97 % mais il est difficile de dire que ces différences soient causées par la surface. Il s’agit plutôt de la relation entre le design mécanique de l’implant et les compétences des chirurgiens-dentistes qui le placent. Il n’y a aucun facteur unique, comme la surface ou la forme de l’implant qui soit responsable d’un fort taux de succès.
Aujourd’hui, de nombreux systèmes implantaires ont un taux élevé de succès, et pas seulement les grands fabricants comme Nobel Biocare, 3i ou ITI (qui atteignent un taux de succès de 95-97 %). Nous obtenons les mêmes résultats avec d’autres systèmes d’implants et, de ce point de vue, j’ai enregistré des expériences extrêmement positives avec les implants Alpa-bio.

L’implantologie offre aujourd’hui beaucoup plus de possibilités thérapeutiques qu’il y a 10 ans. Il est possible de soigner des patients âgés de plus de 65 ans, des malades atteints de diabète ou même de cancers. Pourriez-vous donner à nos lecteurs quelques exemples de votre propre exercice ?
Je serai très heureux de vous montrer des cas, surtout ceux estimés « impossibles à traiter ». Aujourd’hui, l’âge n’est plus un facteur de risque. Il y a quelque temps, j’ai implanté une patiente de 90 ans ! C’est l’un de mes cas favoris. Cette dame est venue à mon cabinet avec une prothèse dentaire amovible qui n’était plus fonctionnelle depuis longtemps. Après avoir placé des implants et une restauration fixée, la qualité de vie de cette dame s’est considérablement améliorée. Aujourd’hui, les maladies systémiques ne sont pas, non plus, un facteur de risque. Seuls trois facteurs peuvent influencer le taux du succès : le tabagisme, les maladies chroniques non contrôlées et la prise de bisphosphonates. Je n’ai pas mentionné l’hygiène dentaire insuffisante car l’entretien par une hygiène adéquate fait partie de mon protocole de traitement. Je n’aborde jamais de traitement implantaire sans que les maladies des patients soient sous contrôle et sans maintenance par l’hygiène. Tous les problèmes, comme les caries, les maladies parodontales, occlusales et parafonctionnelles doivent être résolus avant de commencer le traitement par implant. Même les maladies systémiques doivent être contrôlées, en premier, avant que nous puissions discuter des possibilités de restauration implantaire.

La péri-implantite est un des problèmes les plus sérieux auquel les implantologistes et patients doivent faire face. Comment la prévenir ?
C’est une bonne question parce que je vois beaucoup de cas de péri-implantites. Pas seulement chez mes patients mais chez des cas envoyés par des confrères. Dans mon cabinet, nous appliquons le protocole de traitement très sérieusement. Chaque patient, avant traitement par implant, doit avoir toutes les caries et maladies parodontales guéries et les maladies systémiques contrôlées. Si c’est fait, la possibilité d’avoir une péri-implantite s’avère très faible. En me rémémorant du passé et, en toute honnêteté, je ne peux pas me souvenir de quand datait le dernier cas de péri-implantite parmi mes patients. De mon expérience, je peux dire que la meilleure façon de prévenir la péri-implantite est d’exercer dans les règles de l’art dentaire et d’enseigner ce qu’est un bon entretien pour l’hygiène dentaire aux patients. J’explique souvent à mes patients que c’est nettement meilleur marché d’aller tous les deux mois chez l’hygiéniste dentaire et d’avoir l’hygiène dentaire adéquate plutôt que d’aller chez le dentiste tous les trois à quatre ans pour refaire le travail. Ensuite, le choix leur appartient…

Vous avez déjà mentionné trois facteurs de risque principaux mais existe-t-il des éléments dont les praticiens et leurs patients devraient être conscients ?
En effet, il existe un facteur de risque supplémentaire qui peut influencer le taux de succès : la température élevée. Si vous avez un implant dans votre bouche, la température se transmet très vite, via le métal, à l’os. La chaleur est transférée beaucoup plus fort à l’os qu’avec les dents naturelles parce que la structure de la dent est un bon isolant thermique et que le métal, même si c’est du titane, transmet très bien la chaleur. Pour détruire la structure des protéines naturelles de corps humain, il suffit d’aller à plus de 65°C. Et il y a une partie de la population en Europe du Nord qui boit des boissons dont la température est de 75-80°C.
Deux minutes sont suffisantes pour transférer la chaleur à travers un implant et détruire des tissus autour de l’implant. Les températures de plus de 65°C sont aussi préjudiciables aux gencives : chaque fois qu’il y a une inflammation, le processus curatif est ralenti par la température élevée, laquelle détruit des molécules responsables de la convalescence. Pour éviter des dommages dus à de la haute température, je recommande à mes patients d’éviter les boissons et les repas extrêmement chauds. C’est particulièrement important pendant les premières semaines du processus curatif. Il suffit d’attendre sept minutes avant de boire ou de manger pour obtenir une température au-dessous de 60°C, laquelle est considérée comme saine. Nous avons déjà terminé des études sur cette question et certaines publications sont déjà disponibles sur lnternet.

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