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Passion de dents, passion dehors

Olivier Guedj, chirurgien dentiste se retrouve sur scène : Les feux de la rampe - Grande Salle - 75009 Paris - ( Photo : Shutterstock/ Nonnakrit )
Marc, Revise, DTI

Marc, Revise, DTI

lun. 26 janvier 2015

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Le mardi 23 septembre dernier, l’équipe rédactionnelle de Dental Tribune s’est rendue au théâtre Les feux de la rampe pour assister au spectacle de notre confrère Olivier Guedj : J’ai 2 fois vingt ans. Assis sur le fauteuil, pas celui d’un cabinet dentaire, mais celui de la Grande Salle du théâtre, nous savons qu’Olivier est dentiste, mais nous ne savons pas s’il en fera mention... Eh bien, si ! dès qu’il apparaît sur les planches, il prévient : « je suis dentiste ». Le ton est donné. Plusieurs fois, il nous le rappelle pour nous rapporter une histoire vécue dans son cabinet : « véridique » ! Tout y passe ; les rapports avec les patients, mais aussi la famille, les enfants, le couple, la place Vendôme, et les crèmes, celles de jour, celles de nuit, jusqu’au dessert !... Que l’on soit dentiste ou non, chacun en prend pour son grade, c’est un festival de rires. Olivier Guedj sait produire une complicité avec la salle en échangeant avec le public. Il offre même une consultation gratuite à tous les spectateurs. Véridique ! À la fin de la représentation, une réelle intimité s’est créée. Humour et tendresse... Un seul regret : il doit passer encore trop de temps dans son cabinet puisqu’il ne se produit qu’un seul soir par semaine ! Véridique !

Marc Revise : Tout d’abord merci Olivier, de me recevoir dans ta loge après la représentation. Tu sembles un peu fatigué. N’est-ce pas éprouvant de monter sur scène pour une performance de plus d’une heure et quart après une journée de cabinet ?
Olivier Guedj : Je suis « vidé » (rires). Même si je m’épargne au max le mardi au cabinet en reportant les chirurgies lourdes et les actes trop contraignants, ma fatigue est déjà palpable à mon arrivée au théâtre. Ensuite la débauche d’énergie sur scène est telle que j’avoue, tu me « cueilles » à cet instant pas au mieux de ma forme physiquement (rires), mais au top mentalement.

Difficile de classer ton humour. Tu joues sur les rapports patients – praticiens avec une bonne dose d’ironie, tu manies très bien aussi l’autodérision, et tu interpelles les spectateurs. Fais-tu référence à ta vie ; ton stand-up puise-t-il son inspiration dans ton histoire personnelle ou s’agit-il d’un assemblage de faits rapportés par tes confrères et plus généralement, d’observations de tous les jours ?
Ce spectacle est tout droit sorti de mon imagination ou du moins je veux dire, est largement inspiré de l’observation de ma vie (de mon métier, de ma vie perso) avec des aspects fictionnels qui autorisent les excès, les ironies, l’autodérision. Tous les sketchs font écho à des situations vécues mais pour que ce soit drôle, j’insiste sur ces petits faits et gestes qui semblent anodins, mais observés à la loupe en disent beaucoup sur nos vies, nos obsessions et nous renvoient comme un miroir à nos aspects comiques. Je suis modestement cette « loupe » qui révèle grossièrement, nos petits travers, et moi le premier, je m’inclus dans ce spectacle, avec cette autodérision qui permet le jeu avec le public, qui devient témoin et acteur. J’ai assez d’expérience depuis 18 ans d’exercice de la dentisterie, pour nourrir ce spectacle en anecdotes. Pour que ce soit comique, il faut que la situation que je relève (comme une femme qui a le réflexe de se recoiffer, en lui tendant un miroir pour qu’elle regarde ses dents) ait été observée et vécue par le plus grand nombre, qui s’identifiera. Parfois les faits rapportés par mes confrères sont trop personnels pour être transposables sur scène, mais d’autres fois, de l’échange peut naître les futures vannes de mon spectacle, je leur en suis reconnaissant (rires).

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À propos d’observations, tu te moques en effet des femmes qui se recoiffent quand le dentiste leur tend un miroir pour admirer leur nouveau sourire ; mais t’a-t-on fait remarquer que toutes les deux minutes sur scène, tu te passes la main dans les cheveux ?
Psychanalytiquement ça doit avoir une signification qui m’échappe mais les cheveux longs ont ce tort d’avoir besoin d’être replacés convenablement sous peine de me rendre aveugle ! Ma coiffeuse reçoit ma visite toutes les 3 semaines pour éviter la coiffure à la Iggy pop ; donc tu vois je me soigne comme je peux (rires).

Tu acceptes qu’on te charrie, preuve que tu es dans l’autodérision. J’ai également noté que tu demandes fréquemment la validation du public quand tu assènes une opinion, un argument ; tires-tu cela d’une technique de communication utilisée au cabinet, pour obtenir l’acceptation du plan de traitement ?
Mes deux mondes se confondent ce ne serait pas surprenant que j’emprunte des techniques à l’un pour l’autre et inversement ! Mais pour être sérieux, sur scène on cherche l’adhésion du public, parfois on va le chercher et on l’emmène dans notre univers, l’enjeu est plus léger certes, mais la démarche de conviction est la même.

Tes mimiques sont incroyables, tu dois t’entraîner des heures devant le miroir ; as-tu pris des cours ou est-ce un don naturel ?
Un soir, un spectateur m’a tenu les mêmes propos ! Je ne sais pas si je peux faire cette révélation, mais elles sont tellement naturelles, surgissent avec une telle spontanéité que je ne dois pas faire deux fois la même d’une semaine sur l’autre. C’est d’ailleurs peut être le seul don inné que j’ai, c’est faible, mais c’est mieux que rien (rires).

Puisque j’ai la réponse à cette question, depuis quand amuses-tu la galerie ? En d’autres termes, comment t’es-tu découvert ce don ? Est- ce vrai que tu as croisé Michel Boujenah dans ta jeunesse ?
Depuis ma plus tendre enfance faire le spectacle me poursuit ! À croire mes proches aux réunions de famille, j’occupais déjà le centre des attentions. Ensuite à l’âge de 13 ans j’ai été repéré par Boujenah qui m’avait fait une proposition, restée sans lendemain pour des raisons personnelles. Ensuite, cette envie de faire rire, de faire de la scène est restée en sommeil jusqu’à mes 40 ans où j’ai senti que j’étais enfin prêt pour me réaliser, monter sur scène et gagner un public par le rire !

As-tu joué sur d’autres scènes, et en particulier pour la profession ?
J’ai joué pour de nombreuses sociétés dentaires et associations comme Alpha-Oméga, Dentsply, Nobel Biocare, Euroteknika, et GACD qui m’ont conduit à jouer sur des scènes de beaux théâtres à Strasbourg, Lyon ou des endroits plus insolites, à Morzine, Avoriaz, Chamonix et l’ile Maurice...

Pour déstresser nos patients, pour dédramatiser le diagnostic, pour améliorer la communication, nous adoptons souvent un comportement exagérément enjoué et empathique, le cabinet devient alors un petit théâtre avec ses acteurs représentés par l’équipe soignante et le patient, seul spectateur du rôle que nous jouons pour lui. As-tu déjà eu cette sensation ?
Je ne peux qu’être en accord total avec ce que tu dis, l’humour désamorce les situations de stress et si toute l’équipe soignante en a conscience, cela fait des patients contents et détendus au maximum.

J’ai remarqué que les spectatrices, plus précisément, ne sont pas insensibles à ton charme ? Il est évident que c’est un atout supplémentaire dans le succès que tu rencontres. En as-tu conscience ?
Ah bon c’est maintenant que nous sommes dans les loges que tu le dis ! On y retourne vite, vite, fermez les portes du théâtre ! (rires)

Tu as trois enfants. Père n’est pas non plus un rôle facile, tes enfants ne doivent plus te prendre au sérieux...
« Tu ne sais jamais parler sérieusement papa, y’en a marre » est une ritournelle à la maison. Des enfants qui demandent au père d’être sérieux et un père qui encourage ses enfants à la déconne c’est pas banal. Je voudrais que mes enfants retiennent que la légèreté, l’humour sont l’antidote à nos soucis quotidiens. Certains adultes ont gardé leur âme d’enfant ; alors oui, c’est quelquefois compliqué d’être pris au sérieux. Quand je les sermonne, parfois mon regard malicieux trahit la teneur de mon propos qui se veut sérieux, heureusement j’ai une autorité naturelle (rires) !

Et tes patients ?
Je dis dans mon spectacle qu’un « patient qui rentre dans mon cabinet avec une rage de dent... Il ressort ; il a toujours sa rage de dent, mais il a rigolé », en temps normal ça peut passer mais en période de crise, je devrais me corriger tu ne penses pas ?

Non, bien au contraire... Merci encore Olivier pour ce bon moment que nous avons passé, et j’espère que tu continueras encore longtemps à t’amuser à nous faire rire. Et après ton passage sur Dental Tribune, je te promets que la salle du théâtre va devenir trop petite ; VERIDIQUE !
Le spectacle continue en 2015. Olivier a été suivi toute une journée, du cabinet à la scène, par la journaliste Lily Eclimont qui prépare une séquence spéciale pour l'émission sept à huit présentée par Harry Roselmack. Dans les semaines à venir sur TF1, à ne pas rater...

Note de la rédaction : article paru dans le Dental Tribune France, édition janvier 2015.

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