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Rencontre avec Christine Barbarit, présidente de Dent l’hypnose

Au-delà de l'hypnose clinique dentaire qui est un outil, Dent l’hypnose propose une philosophie de Dentisterie Ericksonenne globale, développée depuis 20 ans par le dr Bruno Delcombel, qui enseigne l'hypnose aux étudiants de 6ème année de la Faculté de Chirurgie Dentaire de Lyon depuis 2011. ( Photo : Dent l'hypnose)
Bénédicte Claudepierre, Dental Tribune France

Bénédicte Claudepierre, Dental Tribune France

mar. 28 septembre 2021

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Christine Barbarit est présidente et fondatrice de Dent l’hypnose dont l’objectif est de former le professionnel de santé qui gère la prise en charge de la douleur et du stress. Au travers de cet entretien avec Dental Tribune France, elle témoigne de son parcours qui l’a amenée à fonder Dent l’hypnose et explique la manière dont l’hypnose adapté à l’odontologie peut être un outil puissant qui participe à la réussite de la pratique dentaire.

Christine Barbarit, vous avez fondé cette association de formation Dent l’hypnose. Mais d’où vient cet intérêt pour le monde dentaire ? Quel a été votre parcours ?
Mon parcours a été orienté au départ vers les sciences humaines, la psychologie et la psychanalyse plus précisément. J’ai suivi une spécialisation en psychosomatique où j’ai rencontré celui que j’ai considéré comme mon maitre : Jean Benjamin Stora. De là, j’ai voulu une pratique avec un spectre plus large, une pratique intégrative.

La particularité dans la psychologie psychosomatique intégrative considère que le corps et l’esprit sont intimement liés. Cette approche prend toujours en compte ce paramètre. À partir de ce moment, la formation que je voulais mettre en place, était à la fois basée sur la dimension psychique mais aussi sur celle du corps, de manière indissociable.

J’ai rencontré le monde de l’odontologie au travers de connaissances différentes : amis et mon ancien mari, qui était chirurgien-dentiste. Cette profession m’a toujours intéressé. Elle touche à la bouche et en psychanalyse, la bouche n’est pas un lieu anodin.

Que représente la bouche en psychanalyse ?
C’est notre premier rapport au monde, le premier cri, notre rapport à la mère. C’est le plaisir qui est fondamental dans la construction du développement. C’est également le dernier souffle. Et puis c’est là où se trouvent les dents qui peuvent être signe d’agressivité mais aussi de séduction. Et c’est l’intimité sexuelle. Au travers de cette bouche on peut lire toute une histoire.

Je trouvais qu’il était dommage qu’il n’y ait pas une approche psychologique de la bouche et je déplorais que la relation vers le patient soit uniquement portée vers le soin physique. Je me suis rendu compte qu’il y avait très peu de connaissances psychologiques pour ces professionnels là et que l’absence de lien qui peut s’établir entre le soignant et le soigné dépendait beaucoup de ces connaissances qui créent la qualité de la relation thérapeutique mais certaines fois aussi la qualité du soin.

Parallèlement à cela, je m’intéressais beaucoup aux mouvements inconscients. L’hypnose fait aussi partie de la psychologie. Lorsque Freud, la référence en psychanalyse, a été invité à travailler à la Salpêtrière avec le Pr. Charcot, c’était sur l’hypnose et c’est au travers de son travail sur l’hypnose qu’il a découvert la psychanalyse. Le Pr. Charcot travaillait dans le service sur l’hystérie, il utilisait l’hypnose et considérait que l’état de transe hypnotique était symptomatique de l’hystérie. Rentrer facilement en hypnose était à l’époque un signe symptomatique d’hystérie. Mais à cette période, la définition de l’hystérie n’était pas la même que de nos jours. Elle pouvait s’apparenter à des problèmes caractériels en sachant que la condition de la femme était bien loin de celle actuelle…

Il faut donc remettre les choses dans leur contexte. C’est à cette période que l’on commence à pratiquer l’hypnose thérapeutique. Au travers de ces exercices d’hypnose, Freud remarque une absence de stabilité sur le long terme. Il s’agissait d’hypnose directive qui repose sur une lumière dirigée vers les yeux de la personne.

Très longtemps après, vers 1950, avec Erickson, on a compris que grâce à l’hypnose on pouvait communiquer avec l’inconscient, en tout cas avec le fonctionnement inconscient du cerveau mais pas le même inconscient que celui de la psychanalyse. Freud l’avait déjà appréhendé dans ses expériences mais cela a permis de comprendre qu’il y avait là l’expression de l’inconscient, sans suggestion.  Erickson avec l’hypnose moderne a considéré qu’il y avait la question du langage qui était particulier pour pouvoir amener le patient à rentrer dans cette transe hypnotique. Il a constaté que l’on arrivait à débloquer certaines choses qui étaient figées dans l’inconscient.

En fait les formations que vous organisez reprennent ce langage pour amener les patients à un état d’hypnose, c’est bien cela ?
Complètement. Ce qui m’intéressait dans l’utilisation de l’hypnose en odontologie, c’était la prise en charge des phobies, de l’anxiété et de la douleur. Une des parties qui constitue la douleur, justement c’est sa représentation psychologique. Cette construction se fait par rapport à sa propre histoire. Dès lors que l’on enlève cette partie suggestive, on est focalisé sur la douleur elle-même, sensorielle. Ceci fait diminuer la douleur d’environ un tiers.

En travaillant l’hypnose, et c’est là où c’est extraordinaire, on arrive à obtenir des réponses physiologiques, en partie au niveau des neurorécepteurs de la douleur. Des travaux de Marie-Elisabeth Faymonville, anesthésiste qui dirige le centre de la douleur au CHU de Liège, en ont fait la preuve. Elle a fait beaucoup de recherches en IRM, Petscan etc où l’on voit une intervention chirurgicale en neurologie effectuée avec et sans hypnose et l’on constate tout de suite les zones de la douleur qui s’éteignent grâce à l’hypnose.

On sait qu’il y a des effets qui sont étonnants, rien que par la suggestion. On a de nombreux effets notamment sur la cicatrisation et sur le saignement.

Et puis, au cabinet dentaire, on demande au patient d’ouvrir très rapidement la bouche, on s’installe toute de suite avec du matériel, on est sur une distance que l’on retrouve en général seulement dans l’intimité. Le praticien ne connait pas toujours le passif du patient. Certaines fois, une tierce personne est présente dans la pièce, ce qui peut rajouter un malaise chez le patient. L’hypnose permet de désamorcer un problème, de rendre le traitement plus agréable et donc d’augmenter le taux de réussite.

Le but est de faire comprendre au patient que d’être au fauteuil, c’est un moment pour prendre soin de soi, un instant que l’on se consacre, pour améliorer son esthétique, se reconstruire, se réparer. Cette approche peut avoir des conséquences psychologiques sur le patient et cela change le rapport qu’il peut avoir avec le praticien. L’expression de la peur d’avoir mal se traduit chez le patient par des phrases entendues couramment : « je n’aime pas les dentistes ». Avec l’hypnose on change complètement la donne sur la question de confiance, de bien-être et même sur la question financière.

Doit-on croire en l’hypnose pour pouvoir rentrer en transe hypnotique ?
L’hypnose est reconnue comme une science et enseignée à la fac de médecine depuis 2013. Il y a plusieurs types d’hypnose, celle que l’on pratique au fauteuil et l’hypnose conversationnelle. L’état de transe hypnotique est un état naturel que l’on vit quotidiennement plusieurs fois par jour…l’hypnose est toujours là…

La communication ne comprend pas uniquement la notion du verbal. Ce qui prédomine (92%) c’est le reste, le non-verbal, l’expression, les attitudes, les émotions etc…

Qu’apprend-on pendant la formation ?
Durant ces trois journées de formations, il s’agit de donner un concept qui soit adapté au plus juste à l’utilisation dans la pratique en odontologie. On connait les impératifs liés au temps dans l’exercice de cette pratique. À l’issue de ces trois jours, on est en capacité de reproduire ce concept, d’utiliser le savoir dès le retour au cabinet.

Il y a certainement une partie pratique ?
C’est essentiellement pratique. Il faut le vivre pour en parler, le comprendre, l’intégrer. C’est essentiellement subjectif. Tous les praticiens, les prothésistes, les assistantes, tous ceux qui viennent à la formation doivent le ressentir pour le comprendre et le reproduire, pour se rendre compte de la puissance de l’outil.

Avez-vous une jauge limitée ?
Nous acceptons jusqu’à 25 personnes. Nous sommes à deux et cela se gère très facilement. Les participants travaillent en binômes, nous pouvons aisément passer de l’un à l’autre. Les formations comprennent beaucoup d’exercices. Cela permet de détailler de manière plus légère la chronologie du concept et à la fin de pouvoir le déroulé intégralement en ayant, bien sûr, des explications théoriques, des limites etc…

Est-il nécessaire d’avoir des connaissances préalables pour participer à cette formation ?
Absolument pas. C’est l’intérêt du concept. On arrive directement sur une base théorique avec un programme qui vous guide. Il s’agit d’utiliser vraiment le concept à la lettre qui est véritablement borné et l’utilisation de l’hypnose c’est vraiment un outil dans sa pratique initiale. Cet enseignement n’a rien à voir à celui que je fais face à un autre type de public. A chaque fois cela correspond à sa pratique initiale.

Les points clés sont là dans ces questions de l’inconscient et du rapport d’humain à humain.

Si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous le mercredi 6 octobre 2021 à 19h30 sur Lyon pour une conférence sur l’hypnose en odontologie dans la pratique dentaire. Une occasion d’échanger sur l’utilisation de l’hypnose, suivre des témoignages de praticiens déjà formés à Dent l’hypnose, participer à des exercices pratiques… Pour les intéressés, une formation suivra dès le 8 octobre mais d’autres dates sont prévues courant 2022.

Vous pouvez visiter le site : Dent l'hypnose : Accueil (dent-lhypnose.com)

Les inscriptions sont nécessaires via Facebook ou via le site internet.

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