DT News - France - Rencontre COMIDENT : « Prospective, innovation et projection »

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De gauche à droite : Olivier Lafarge, vice-président du COMIDENT, Dr Doniphan Hammer, secrétaire général de l'ADF, Pierre-Yves Le Maout, président du COMIDENT, Dr julien Laupie, secrétaire général de l'ADF, David Gourdy, trésorier du COMIDENT. (Photo : Bénédicte Claudepierre, DTI)
Bénédicte Claudepierre (DTI)

Bénédicte Claudepierre (DTI)

jeu. 15 juin 2023

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De nombreux acteurs du secteur bucco-dentaire ont participé le 8 juin dernier au Laho Center de Paris, à une rencontre organisée par le COMIDENT en vue d’échanger sur des sujets d’actualité autour du thème « Prospective, innovation et projection ». Les intervenants ont traité de l’organisation du travail, de l’innovation (avec l’exemple du Hacking Health) et de l’urgence de donner une véritable place à la santé bucco-dentaire au service de la santé dans sa globalité.

La réunion faisait suite à l’assemblée générale du COMIDENT, organisation regroupant les fabricants et distributeurs de matériels, matériaux dentaires et nouvelles technologies.

En introduction, Olivier Lafarge, vice-président du COMIDENT a mis en parallèle le thème « Prospective, innovation et projection » avec l’œuvre de Jules Verne. En effet, dans de nombreux ouvrages, Jules Verne a imaginé le futur, relatant des exploits réalisés grâce aux prouesses de la technologie.

Laetitia Vitaud, autrice et conférencière sur le futur du travail. (Photo : COMIDENT)

Le premier volet de l’après-midi de réflexion a été consacré à l’organisation du travail. Depuis 2022, on assiste à une transformation majeure du monde du travail qui nous force à nous remettre en question et nous incite à nous projeter dans le futur. Entre démission, pénurie, inflation, les conditions économiques et sociales sont difficiles. Laetitia Vitaud, féministe, autrice et conférencière sur le futur du travail, a tenté d’apporter des éléments de réponses à la question : Quelle organisation du travail pourrait impacter le cabinet dentaire de demain ?

Tout d’abord, il est nécessaire de s’interroger sur le futur. Non seulement par le prisme des nouvelles technologies, mais aussi en tenant compte des changements culturels et sociétaux, dus notamment à la place des femmes dans le monde du travail. On note une pénurie dans tous les domaines notamment dans les métiers du soin. Pour Laetitia Vitaud, les raisons proviennent de bouleversements économiques, démographiques, sociologiques. À cela s’ajoute un sous-emploi de certaines catégories de personnes : mi-temps qui voudraient travailler plus, seniors qui sont poussés à la porte, jeunes qui ne sont pas employés.

Une autre raison est celle de l’affaiblissement du deal fordiste. Dans les années 60, il existait un agrégat de contreparties (congés, crédits, protection sociale) qui permettaient l’accès à l’immobilier, en échange de tâches plus ou moins aliénantes. Or ces contreparties ont évolué et l’équilibre entre tâches et contreparties n’est plus atteint. Par exemple, bon nombre de personnes n’accèdent plus au logement. Les conditions et le sens du travail se sont modifiées en fonction de ces contreparties.

Dans les cabinets dentaires, de plus en plus de chirurgiens-dentistes aspirent au statut de salarié. On assiste à une montée en gamme des assistantes dentaires. À cela s’ajoute la digitalisation, l’intelligence artificielle (IA), l’impression 3D, qui influent sur la productivité et sur la redistribution des tâches. «Il faudrait intégrer d’autres indicateurs, ceux qui font partie par exemple du développement humain », déclare Laetitia Vitaud, et « En finir avec la productivité » (titre de son dernier ouvrage), en protégeant tout ce qui permet le travail.

Christophe Dollet, instigateur/animateur Hacking Health Besançon. (Photo : COMIDENT)

Durant le second volet de l’après-midi, Christophe Dollet, a expliqué le principe de l’opération Hacking Health qu’il organise depuis 2017 à Besançon. Chaque année, durant un marathon de l’innovation de 48 heures, un rassemblement d’universités, d’écoles d’ingénieurs, de CHU et de starts up collaborent, afin de trouver des solutions à des problématiques définies, qui sont présentées par des porteurs de projets. Une couveuse permet la collaboration post-marathon pour poursuivre le travail entre les porteurs de projets et les équipes.

Par année, vingt problématiques portant sur le dispositif médical, mais aussi l’autonomie, ou encore le handicap, sont définies. L’objectif est de s’éloigner le plus possible des contraintes et de trouver des solutions dans l’innovation. Les questions réglementaires sont considérées ultérieurement. Le rendu de la réalisation du marathon est effectué lors d’un showroom de l’innovation. Cette année, le marathon aura lieu du 13 au 15 octobre.

Le troisième volet traitait de la place de la santé bucco-dentaire et était intitulé : « Santé bucco-dentaire : les Français méritent mieux ! Démarche commune ADF/COMIDENT »

En dehors d’un plan de prévention entre 2006 et 2010, « la France navigue sans pilote sur la santé bucco-dentaire » s’alarmait en 2013 l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans son rapport « Evaluation des pratiques et de l’exercice de la profession de chirurgien-dentiste ».

Le partenariat qui lie l’ADF/COMIDENT existe depuis longtemps et les sujets traités dépassent ceux du congrès.  Les liens entre les deux associations se sont resserrés pendant et après la pandémie, notamment au moment de la reprise d’activité des cabinets, et de l’ensemble des acteurs de la filière bucco-dentaire.

« On fait tous du lobbying public avec des résultats qui ne sont pas satisfaisants sur la manière dont les enjeux de la santé bucco-dentaire sont compris, appréhendés par les pouvoirs publics » a déclaré Julien Laupie. « Le 100 % santé c’est une avancée mais ce n’est pas la réponse complète aux enjeux de la santé publique ».

Ce constat a amené les deux associations à décider de mutualiser les moyens humains et financiers, de s’appuyer sur l’expertise externe d’un cabinet, pour tenter de chiffrer le coût de l’inaction autour de l’absence de traitement des maladies parodontales, et d’aller à la rencontre d’associations de patients pour ensuite interpeller les pouvoirs publics. Fédérer, mutualiser les forces et s’appuyer sur du concret afin d’élaborer une stratégie bucco-dentaire à long terme, tels sont les objectifs de cette action. Ce pourquoi, le COMIDENT et l’ADF ont mis en ligne une plateforme Purpoz « Santé bucco-dentaire : les Français méritent mieux ! », destinée à collecter les contributions.

« Nous devons apporter des chiffres clés qui montrent la réalité, notamment lorsque l’on parle du diabète, de l’accès aux soins, sur lesquels s’ajoutent les problèmes de démographie professionnelle », insiste Doniphan Hammer, également secrétaire général de l’ADF. C’est un travail d’explication et de démonstration auprès des pouvoirs publics. « Il ne faut pas avoir peur d’interpeller les pouvoirs publics sur l’absence de stratégie et de considération, elle est réelle. Mais on n’est pas dans une logique agressive pour dire que c’est inadmissible. On est dans une logique de construction. Ce que l’on demande c’est de réunir tout le monde autour de la table pour enfin donner à ce pays la stratégie bucco-dentaire qu’il mérite ».

Les rencontres avec les associations de patients ont commencé. Durant les six prochains mois, le COMIDENT et l’ADF vont interpeller et collecter les informations. « Aujourd’hui, on ne sait pas se placer comme acteurs de solutions. On est là pour faire une caisse de résonance, pour collecter toute cette richesse de propositions, d’analyses, la synthétiser, et trouver les bonnes personnes pour actionner les bons leviers. » ajoute Julien Laupie.

Au mois de novembre, une synthèse sera réalisée et une restitution aux professionnels de la santé bucco-dentaire est programmée au moment du prochain congrès de l’ADF. Il s’agira ensuite de trouver les bonnes personnes qui vont soutenir ces dossiers et sont capables de se faire entendre. « Plutôt que le gouvernement ou les ministères, nous comptons sur les parlementaires pour porter notre message ».

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