Combattre le P Gingivalis

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Un candidat-médicament contre la maladie d Alzheimer cible le P. gingivalis

Un nouvel essai clinique va s’intéresser aux substances toxiques libérées par la bactérie P. gingivalis afin de déterminer son rôle éventuel dans la progression de la maladie d'Alzheimer. (Photo : Kateryna Kon / Shutterstock)
Dental Tribune France

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ven. 16 août 2019

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AMSTERDAM, Pays-Bas : Lors de la récente conférence internationale de l’Alzheimer’s Association, des chercheurs de la société pharmaceutique Cortexyme ont annoncé la tenue d’un prochain essai clinique sur les substances toxiques libérées par la bactérie Porphyromonas gingivalis. Communément associée à la maladie parodontale chronique, il a été récemment démontré que P. gingivalis avait un lien avec la maladie d’Alzheimer.

Les chercheurs ont présenté un aperçu du développement du médicament, connu sous le nom de COR388, et ont expliqué comment ils s’efforçaient de tester sa capacité à ralentir la progression des symptômes d’Alzheimer. Ils ont mis en évidence les résultats antérieurs d'un essai clinique à petite échelle en début de phase, indiquant que le médicament était sans danger pour les personnes âgées. Ils ont également présenté des données préliminaires, recueillies lors d'une étude de 28 jours menée auprès de neuf personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer légère à modérée, qui ont montré que ce médicament contribuait à améliorer la mémoire et les capacités de réflexion des participants, ainsi qu'à réduire les marqueurs biologiques de la maladie.

Le développement de ce médicament repose sur une étude publiée un peu plus tôt cette année par une équipe internationale de scientifiques, qui a découvert « des preuves solides reliant P. gingivalis et la pathogenèse d'Alzheimer », selon le professeur Jan Potempa, du département d'immunologie orale et des maladies infectieuses de l'université de Louisville et co-auteur de l'étude. Le professeur Jan Potempa a mis en garde contre le fait de tirer des conclusions hâtives, précisant toutefois qu’il faut approfondir les recherches avant que le P. gingivalis soit explicitement impliqué dans la cause ou la morbidité de la maladie d'Alzheimer ».

« L’utilisation d’un médicament pour cibler les protéines toxiques produites par la bactérie P. gingivalis a montré des avantages potentiels chez les souris présentant des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer », a déclaré le Dr Carol Routledge, directrice de la recherche à l’association caritative Alzheimer’s Research UK. « À présent, les premiers essais cliniques ont montré que le médicament était sans danger, il est prometteur de voir des essais à plus large échelle commencer à évaluer la possibilité d’améliorer la vie des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. »

« Il existe certaines preuves établissant un lien entre certains virus et bactéries et la maladie d’Alzheimer, mais il est difficile pour les chercheurs de déterminer le rôle que les infections pourraient jouer dans la maladie. Des substances toxiques libérées par la bactérie P. gingivalis ont été trouvées dans le cerveau de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, mais nous ne savons pas si cela est une cause ou une conséquence de la maladie. Un essai clinique comme celui-ci aidera à répondre à cette question importante, tout en explorant une nouvelle approche cruciale pour traiter la maladie », a ajouté le Dr Carol Routledge.

Lors de la conférence à Amsterdam, qui s'est tenue du 26 au 30 juillet, les chercheurs ont également discuté d'une étude plus vaste appelée l'essai GAIN. Cette étude devrait tester le médicament chez 570 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sur environ 90 sites d’étude aux États-Unis et en Europe.

L'étude intitulée « Porphyromonas gingivalis in Alzheimer’s disease brains: Evidence for disease causation and treatment with small-molecule inhibitors » est parue en janvier 2019 dans le journal Science Advances.

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