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Un dentiste de « haut vol »

Première de la Pala 2 di San Lucano dans les Dolomites en 2008.
Dr Marc Revise, DTI

Dr Marc Revise, DTI

dim. 14 décembre 2014

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Il y a de cela bien des années, le célèbre cinéma parisien le Grand REX présentait une journée en hommage à Raymond Leibowitch décédé dix ans plus tôt. Il était particulièrement bien connu des étudiants de la faculté de Paris V puisque dans ses locaux, situés à Montrouge, le grand amphithéâtre portait son nom. Nous savions que le Dr Raymond Leibowitch était le père de la dentisterie moderne d’après guerre et que sa renommée avait traversé l’Atlantique. Mais ce que j’appris lors de cette journée, sur les grands boulevards parisiens, dépassait le cadre de la chirurgie dentaire. Raymond avait d’autres dons. Il fut contre-ténor dans le groupe vocal des Quatre Barbus et un musicien passionné. Aujourd’hui, de nombreux confrères en exercice excellent dans d’autres arts que l’art dentaire. Nous allons vous faire découvrir leurs talents.

Marc Revise : Bonjour Erich, je ne suis pas allé te chercher bien loin pour ouvrir cette nouvelle rubrique Dental Tribune, puisque nous avons exercé notre activité dans le même immeuble pendant quelques années. Je reviens justement à cette époque, il y a 25 ans, où nous nous sommes rencontrés. Tu pratiquais le parachutisme. T’es-tu impliqué davantage dans cette discipline exigeante ?
Erich Beaud : Eh bien oui, puisque je l’ai pratiqué assidument jusqu’à très récemment.
Il y a eu deux choses, le parachutisme conventionnel, c’est-à-dire à partir d’un aéronef. Cela a été de longues années de pratique et de compétitions avec participation aux championnats de France et record du monde avec des grandes équipes internationales en vol relatif. Je me suis occupé d’un para-club en Picardie. Tout cela m’a bien occupé pendant deux décennies. Parallèlement pendant toutes ces années, j’ai pratiqué le paralpinisme connu aussi sous le terme américain de base-jump. J’ai été le pionnier en France et même en Europe, de cette discipline. Le paralpinisme consiste à sauter, départ en chute libre d’un point haut et fixe tel que : falaise, ou montagne. Le base-jump représente des points fixes comme son acronyme anglais l’indique : Buildings, Antennas, Spans, Earth (Immeubles, Antennes, Ponts, Falaises)...Tout cela a représenté environ 7 000 sauts !

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Donc, pionnier du paralpinisme dans le monde, est-ce en observant les polatouches,ces écureuils volants équipés d’une membrane que tu as été tenté par le base jump et le saut en wingsuit ?
Non, pas du tout mais il est vrai que l’on a imité sans le vouloir ces petits écureuils. Les wingsuits sont une évolution très récente dans le paralpinisme et cela a même tendance à devenir la pratique majoritaire. Il a fallu créer ce sport, mal vu par la fédération de parachutisme, mettre au point du matériel spécifique et trouver des spots. À compter de 1989 on a commencé à sauter des falaises en France et j’ai ouvert des spots un peu partout en Europe pendant plus de 20 ans. Dans l’évolution, on a créé des vêtements pour se déplacer sur l’air, bref pour voler. On est arrivé aux wingsuits modernes, gigantesques, qui ont une très bonne finesse. Soit pour 1000 mètres de hauteur, on arrive à 3000 mètres de distance horizontale et 160 à180 km/heure sur trajectoire. Les vols sont de plus en plus techniques et audacieux.

Si tu as raccroché tes parachutes, tu n’as pas pour autant abandonné l’altitude avec ta passion pour l’alpinisme. Ton hérédité savoyarde t’a poussé à explorer les sommets alpins, mais tu as aussi été chercher les arêtes sommitales himalayennes pour atteindre et dépasser les 8000 mètres. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Oui, mais ça c’était avant ! En réalité, j’ai commencé par la montagne. Car originaire de Haute Savoie, plus précisément près de Chamonix, mes parents pratiquaient déjà les courses en montagne. Mon père fut mon premier compagnon de cordée et sans aucun doute le meilleur. Des souvenirs toujours très forts ! Ensuite j’ai pratiqué l’alpinisme à haut niveau dont des expéditions : Groenland et Himalaya. Par exemple, sur les 8 000, j’ai opté pour des cordées légères (alpines), c’est-à-dire sans porteur et sans oxygène. Il faut dire que, malheureusement pour un dentiste, j’ai eu la mauvaise idée de me geler les doigts, à l’époque, mais j’ai fort heureusement échappé aux amputations. J’ai continué à grimper en escalade rocheuse et en évitant depuis, la très haute montagne. Et depuis quelques mois j’ai effectivement décidé de devenir raisonnable en arrêtant le paralpinisme. Il était temps à 54 ans ! Je ne voulais pas faire la saison de trop...

Je suis stupéfait qu’un dentiste puisse pratiquer le sport à un si haut niveau et une question me brule déjà les lèvres : toutes ces disciplines réclament une bonne préparation physique, comment t’entraines-tu quand tu es à Paris ?
En effet, je me suis toujours beaucoup entrainé. Je cours : entraînements et marathons, je fais de l’escalade en salle ou à Fontainebleau. Il y a toujours moyen de s’entraîner en ville. C’est facile. D’autre part, je prends environ dix semaines de congés par an que je passe en montagne.

Il existe des points communs entre tes activités sportives et notre exercice professionnel : sens des responsabilités, rigueur, haute technicité, en vois-tu d’autres ?
Oui,bien sûr, mais s’il y a une activité extrême que je pratique, c’est bien celle de chirurgien-dentiste aux vues des conditions d’exercice en France !...

Ah Ah, voilà ce qui s’appelle relativiser ou « prendre de la hauteur », merci beaucoup Erich d’avoir pris sur ton temps et d’avoir transmis ta passion à tes confrères.

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