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Un dentiste qui a du charme

Le Dr Bruno Delcombel exerce à Lyon, il donne des conférences sur l’hypnose ericksonienne plusieurs fois par an. CES de Psychologie Médicale Générale qualifié en hypnose ericksonienne IMHE de Paris, Hypno thérapeute certifié ; Formateur, préparateur mental. (Photo : Bruno Delcombel et Marc Revise)
Marc Revise, Dental Tribune France

Marc Revise, Dental Tribune France

mar. 18 août 2015

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LYON, France : Avec le protoxyde d’azote, l’analgésie est née dans un cirque, passant de la scène au bloc opératoire, dans la deuxième moitié du 19e siècle. La genèse des techniques permettant de créer un état modifié de la conscience est bien plus ancienne, plusieurs fois millénaire, et se conjugue au pluriel. Chamanique, égyptien, sumérien, grec, chinois ou allemand, le concept de suggestion, de continuum entre le corps et l’esprit, a dès l’origine, tissé un lien étroit avec les sciences de la guérison propre à la médecine et à la psychanalyse. Son utilisation à des fins spectaculaires contrairement au gaz hilarant est donc postérieure à sa place en médecine. Si l’hypnose semble depuis quelques années avoir un regain d’intérêt en médecine et tout particulièrement en dentisterie, notre confrère Bruno Delcombel s’y intéresse depuis les années 80.

Bien que faisant partie de l’arsenal thérapeutique, j’ai estimé que l’hypnose, par sa singularité, son côté mystérieux pour bon nombre d’entre nous, avait sa place dans cette rubrique mettant en lumière les talents de certains confrères, car n’est pas hypnotiseur qui veut.

C’est Milton Erickson, psychiatre américain qui au vingtième siècle a étudié l’hypnose et son utilisation en psychothérapie pour révolutionner l’hypnose moderne. C’est cette hypnose dite ericksonienne qui a conduit à une Nouvelle Hypnose et ses thérapeutiques induites. Inutile d’entrer dans les détails des techniques liées à l’hypnose, toutes les pages de Dental Tribune n’y suffiraient pas, mais le Dr Delcombel nous promet une initiation sous la forme d’un article plus scientifique dans les mois à venir.

J’ai accepté, non sans une certaine appréhension, une immersion en condition réelle afin de vivre l’expérience pour vous, lecteurs. Rendez-vous est pris le vendredi 20 mars 2015 à 20 heures. Afin que je puisse appréhender sinon en comprendre le mécanisme, Bruno me propose une expérience sur deux personnes de mon choix. Ce sont donc une femme et un jeune garçon qui servent de test pour la démonstration. Debout, face à Bruno, un peu intrigués tout de même, car nous ne les avons pas briffés, ils l’écoutent et se laissent guider. La femme sentira sa main se soulever, tirée par une ficelle rouge... invisible, et le jeune garçon, incrédule sentira sa main comme engourdie – un début d’analgésie. Tout cela devant mes yeux, sans préparation et sans trucage. L’expérience n’aura duré que 4 minutes chrono : catalepsie, hallucination et acceptation !

Voyant que je ne risquais rien, puisque j’avais lâchement observé l’expérimentation sur deux cobayes, je me livrais moi-même à l’expérience. Nous nous mîmes à l’écart, et je demandais alors à Bruno de me mettre en condition pour diminuer mon appétit afin d’atteindre une légère perte de poids. Je crois qu’il a plutôt agi sur mon stress, car après cette séance, nous avons grignoté copieusement. Je l’ai raccompagné chez lui après diner, et réalité exceptionnelle, je n’ai jamais conduit aussi calmement, restant le plus souvent sous les limites de vitesse... Après une séance d’à peine un quart d’heure, c’est hallucinant !

Bruno me montra la vidéo d’une avulsion récalcitrante réalisée sur un patient, sans analgésie. Le patient, qui ne supporte pas les piqûres, accepte l’intervention pendant plus de trente minutes, laissant son esprit errer sur les chemins de randonnée des pentes alpines. L’extraction terminée, il évoquera quelques sensations supportables, et zéro stress.

Bon, j’avoue être un peu resté sur ma faim car là où je m’attendais à voir de la lévitation, je n’ai vu qu’un bras soulevé et maintenu par une ficelle invisible. Ma fascination, depuis mon plus jeune âge, pour l’hypnose, me vient certainement de mes lectures ; le lama foudre bénie dans l’album de Tintin au Tibet fait beaucoup mieux que Bruno, et c’est toujours dans Tintin et les 7 boules de cristal que j’ai fait la connaissance de Ragdalam-le-Fakir, hypnotiseur dont les pouvoirs auraient été révélés par un Yogi. Mais dans Les cigares du pharaon, un hypnotiseur s’élève grâce à une corde magique, et là vraiment, on se rapproche des facultés de Bruno avec sa ficelle rouge.

Les boîtes aux lettres de nos cabinets reçoivent de plus en plus d’invitations à suivre des formations en hypnose. Preuves s’il en fallait, de l’attrait grandissant pour ces techniques qui semblent apporter plus de confort dans notre exercice – un rapport apaisé avec nos patients pour lesquels le rendez-vous chez le dentiste demeure un stress malgré nos soins le plus souvent non invasifs et toujours sans douleur. Un engouement qui ne serait justifier une dérive, tant par des formations accélérées et mal conduites que par une utilisation de cette thérapeutique non maitrisée. Comme pour tout apprentissage, être hypno thérapeute demande des années d’expérience et ce n’est pas une panacée. Cependant, l’hypnose clinique dentaire est plus abordable avec un apprentissage plus rapide. On peut, en effet, utiliser ce phénomène naturel au cabinet dentaire à des fins pratiques et surtout, une meilleure harmonie de l’équipe dentaire au complet. Mais il n’existe pas de méthode miracle !

Note de la rédaction : Article paru sous la rubrique Passion de dents, passion dehors, dans le Dental Tribune France 6-7 2015

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