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Halitose : d’où vient-elle et comment s’en débarrasser

mar. 22 novembre 2011

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La mauvaise haleine ou halitose représente une préoccupation des patients bien plus fréquente que ne le laisseraient supposer eurs motifs de consultation.

Souvent, il leur est difficile d’aborder avec le praticien ce sujet connoté très négativement. À l’inverse, le relatif anonymat des réseaux sociaux sur internet leur permet de s’exprimer, d’évoquer les sérieuses perturbations que l’halitose engendre dans leur vie quotidienne et de tenter de trouver auprès de celles et ceux qui en souffrent des remèdes en tous genres.

La fréquence est telle qu’environ 25 % de la population est touchée dont 6% en permanence (soit de l’ordre de 4 millions de personnes en France). L’halitose atteint aussi bien les hommes que les  femmes et sa fréquence progresse avec l’âge.

L’importance de la population touchée explique que les ventes de produits destinés à combattre l’halitose représentent plusieurs milliards d’euros par an dans le monde, avec une proportion non négligeable d’automédication.

1. Etiologie

Dans 85 à 90 % des cas, l’halitose est d’origine buccale. Elle résulte de la dégradation de débris alimentaires par des bactéries anaérobies présentes dans les biofilms oraux, en particulier sur la face dorsale de la langue. Les origines extra-buccales peuvent être des pathologies respiratoires comme les sinusites, des maladies systémiques (diabète de type 2, insuffisances hépatique et rénale), des tumeurs de la sphère orale et enfin la résultante de la prise de certains médicaments.

2. Mécanismes pathogéniques

Les résidus alimentaires ainsi que des cellules épithéliales desquamées contiennent des éléments protéiques qui vont servir de nutriments aux bactéries anaérobies qui les dégradent en acides aminés comme la méthionine et la cystéine. Ces acides aminés vont produire, après une nouvelle action enzymatique, des composés sulfurés volatils (CSV), principalement le sulfure d’hydrogène et le méthyl mercaptan. La mauvaise haleine est alors constituée.

3. Formes cliniques

a. L’halitose vraie, susceptible d’affecter les relations sociales des individus touchés, représente environ 77 % des cas. Elle sera soit physiologique, en provenance surtout des bactéries de la face dorsale de la langue, soit pathologique avec essentiellement une origine buccale (présence d’une maladie parodontale essentiellement) et parfois extra-buccale (6 % des cas).
b. La pseudo-halitose, qui représente de l’ordre de 21% des cas, est une halitose ressentie par le  patient mais qui ne se traduit pas par de mauvaises odeurs perçues par des tierces personnes.
c. L’halitophobie, beaucoup plus rare (2 % des cas), est une mauvaise haleine ressentie par le patient, même après diagnostic et traitement, et évidemment non perçue par les tiers.

4. Méthodes diagnostiques

Il est possible de distinguer une méthode subjective et des techniques plus objectives mais plus complexes à mettre en oeuvre:
a. la recherche du score organoleptique est simple et à la portée de tous les praticiens. Ce score, établi sur une échelle de 0 à 5, s’évalue en estimant séparément les odeurs dégagées par l’air expiré par la bouche et par le nez, puis les odeurs émises lors d’une conversation rapprochée.
b. une identification plus précise, soit uniquement quantitative avec l’Halimeter®, soit qualitative avec la  chromatographie en phase gazeuse (Oral Chroma®). L’halimètre ne permet pas de différencier les CSVni de détecter une mauvaise haleine due à des composés non sulfurés, ce qu’autorise par contre  la chromatographie en phase gazeuse. Le coût et la complexité d’emploi de ces techniques font que  leur utilisation est quasiment limitée aux travaux expérimentaux.

5. Prévention et traitement

Ces objectifs pourront être atteints par une réduction de la charge bactérienne en bouche grâce au  brossage des dents et de la langue. L’utilisation de moyens complémentaires d’élimination à la fois des dépôts bactériens et d’éventuels débris alimentaires dans les espaces interdentaires s’avère tout aussi nécessaire. Enfin, le recours supplémentaire à des produits chimiques antibactériens peut aussi  s’envisager.
La réalisation quotidienne d’une hygiène orale performante par le patient, comprenant en  particulier un brossage de la face dorsale de la langue, est la clé du succès afin de prévenir la survenue  d’une halitose, tout comme pour la faire disparaître si une origine buccale a été diagnostiquée.
Tous les éléments rétentifs favorisant l’accumulation bactérienne, comme les obturations ou artifices  prothétiques mal ajustés au niveau cervical, devront être corrigés.
La détection d’une pathologie parodontale implique sa prise en charge et son suivi de façon telle que l’importante charge bactérienne qui l’accompagne soit limitée au maximum.
Le traitement parodontal peut être complété avantageusement par la prescription de produits chimiques adjuvants ayant des propriétés antiseptiques comme la chlorhexidine, le chlorure de zinc, les  associations de fluorures de zinc et d’étain ou d’huiles essentielles, ou les combinaisons de plusieurs de ces différentes molécules.
Le rôle du praticien sera tout aussi fondamental en cas d’origine extra-buccale afin d’orienter le patient vers les spécialistes de la pathologie suspectée.

Conclusion

Connaître les mécanismes à l’origine de l’halitose et savoir en diagnostiquer les facteurs étiologiques pour ensuite pouvoir proposer aux patients des solutions adaptées et efficaces devrait faire partie intégrante de la pratique professionnelle des odontologistes.

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