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Centres dentaires low cost : Pascal STEICHEN s’explique

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mar. 21 mai 2013

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Créateur du concept et de la plupart des centres dentaires (Lyon, Paris…) à bas prix, l’ancien coach de cabinets libéraux répond aux questions de la rédaction, pour clarifier une situation qui agace la profession. Interview exclusive.

Vous avez fait l’objet de bien des polémiques, suite aux reportages télé et articles de journaux sur les centres que vous avez créés…
En effet, mais je suis étonné qu’aucune revue professionnelle - avant DT- n’ait pris la peine de nous consulter, de visiter nos locaux, d’étudier nos protocoles, avant d’écrire un des nombreux articles truffés de rumeurs et d’inexactitudes. Cela vaut aussi, d’ailleurs, pour l’Ordre et les syndicats, avant de prendre position dans les médias et de dire n’importe quoi.

Comme quoi ?
Le sur-traitement, par exemple... Vos lecteurs, qui reçoivent des dizaines de nouveaux patients par mois, constatent que le niveau moyen de besoin de soins dans les bouches est suffisamment conséquent pour ne pas avoir besoin de coiffer une dent saine, ou de l’extraire pour poser un implant. Nous avons déjà du mal à traiter toutes les dents qui en ont besoin ! Surtout avec des prix bas et, donc, très peu de renoncement aux soins.

Il y a pourtant des cas avérés
En effet ! Mais la plupart sont identifiés chez des libéraux, comme à Marseille, ce qui est bien normal puisque, statistiquement, ils sont les plus nombreux. Force est de constater que ce sont des cas isolés, qui ne représentent qu’une infime partie des praticiens qui, dans l’ensemble -libéraux ou salariés- agissent d’abord pour le bien-être de leurs patients. Aucune procédure juridique n’est d’ailleurs en cours à ce jour, à l’encontre d’un de nos centres.

Ce qu’on vous reproche, c’est la pression commerciale que subissent vos équipes…
Quel praticien libéral peut prétendre ne subir aucune pression d’argent ? Soyons honnêtes ! Il en est question en permanence dans les cabinets dentaires… C’est pourquoi nous avons voulu en limiter l’impact dans nos centres, en proposant des salaires fixes, sans primes ni bonus, à tout le personnel sans exception.

Une pression de productivité alors, dirons-nous…
C’est la même que celle de l’argent… La rentabilité d’un acte étant proportionnelle au temps qu’on y consacre. Or, nous n’intervenons en rien sur l’acte en lui-même, mais chaque praticien ayant plus de deux assistantes, il se consacre uniquement à son art.

C’est ce que certains qualifient d’ "abattage", de travail à la chaîne…
Il ne faut beaucoup aimer son travail de dentiste pour qualifier d’« abattage » le fait de ne faire ni secrétariat, ni administratif, ni stérilisation, ni achat, ni comptabilité, ni saisie informatique, ni nettoyage… mais uniquement des actes nobles de dentisterie ! Comme un chirurgien à l’hôpital, qui délègue à des infirmières de bloc et des secrétaires médicales, pour se consacrer exclusivement à ce qu’il sait faire mieux que les autres. Il traitera ainsi plus de cas et augmentera sa courbe d’expérience… pour le plus grand bien des patients.

Et le refus de faire des soins ?
Dentexia propose des bilans globaux, qui intègrent la totalité des actes nécessaires pour réhabiliter la bouche de façon complète ; y compris les extractions, les composites, les détartrages et les dévitalisations ; souvent en reprise de traitement, d’ailleurs. Comment voulez-vous faire autrement ? Il n’est pas possible de coiffer une dent sans la préparer ; de poser des implants sans extraire ; de faire une bonne empreinte sans détartrage et de faire une bonne occlusion sans reconstitutions préalables…

Et le mercredi fermé pour ne pas soigner les enfants, à faible rentabilité ?
Le mercredi est fermé, comme dans 30% des cabinets libéraux, pour trois raisons :
Cela permet aux équipes de se reposer et de couper la semaine en deux.
Cela permet au personnel de s’occuper de ses propres enfants.
Cela libère les fauteuils pour d’autres équipes plus spécialisées, comme les urgentistes ou les stomatos. Par ailleurs, des équipes spécialisées en pédodontie sont en cours de formation pour offrir le mercredi et le samedi une approche globale de l’enfant : prévention, soins, orthodontie… Des services plus lourds à mettre en place et qui n’ouvriront que dans quelques mois.

Tout cela a l’air un peu trop parfait, non ?
Tout cela a été expliqué en détail depuis 1996 par des centaines de journées de séminaires, plus de 500 articles et 4 livres (qui comptent parmi les meilleures ventes de livres professionnels dentaires). Rien n’est nouveau ni caché. Plus de 10 000 praticiens libéraux -soit un tiers- ont été abonnés à nos revues, ou ont participé à nos formations. Ils connaissent donc toutes les techniques mises en œuvre et, qu’ils les apprécient ou pas, ils ne peuvent en contester l’éthique.

Une éthique empreinte de rentabilité et de productivité…
Oui, mais qui pourrait s’en affranchir ? Surtout pas les syndicats, qui ne parlent exclusivement que de cela. Notre philosophie est de diagnostiquer le patient « comme si vous l’aimiez », comme pour votre père, votre sœur ou… vous-mêmes (au lieu de s’empêtrer dans des compromis malsains) et de le soigner « comme si vous n’aviez que lui à soigner » (en dominant votre agenda, au lieu de le subir).

Un peu naïf, comme état d’esprit, non ?
Non. La formule est probablement un peu simpliste, mais ce n’est qu’une formule. Elle correspond à tout un corpus théorique, qui fait l’objet de nombreuses publications. Côté clinique, cela correspond à l’approche « globale préservatrice » et à la « Evidence based dentistry ». Côté productivité, à ce qui est pratiqué dans toutes les organisations modernes, hôpital compris.

Cela ressemble tout de même à un beau discours… théorique. La pratique est probablement moins idyllique…
Evidement. La mise en œuvre de ces principes est difficile et demande des moyens, en formation, en équipement, en temps… J’invite (gracieusement) les praticiens libéraux, ainsi que leur représentants, à visiter nos structures, à participer à nos formations internes, à échanger avec nos personnels.

Vous gérez des centres dentaires sans être chirurgien-dentiste…
Ai-je déjà prétendu l’être ? Il existe plus de 2 000 centres de soins associatifs en France, dont la plupart appartiennent à de grandes compagnies d’assurance et sont dirigés par des gestionnaires professionnels, comme les hôpitaux et les cliniques, publiques ou privées. A chacun son métier.

Cela n’est pas sans poser des problèmes juridiques et fiscaux...
Ni plus, ni moins que pour les 2 000 autres centres de soins dentaires. Croyez-vous vraiment que la préfecture (qui gère les associations) et les ARS (qui gèrent la santé) laisseraient faire, s’il y avait le moindre problème ? Au contraire, les normes qui s’imposent aux centres dentaires sont bien plus élevées que celles des cabinets libéraux, dont beaucoup exercent encore dans d’anciens appartements, avec la stérilisation dans la salle de bain.

Vous comprenez tout de même que vos prix bas puissent agacer les libéraux ?
Non ! Et j’ai écrit de nombreux articles sur le sujet.
Il y a de la place pour tout le monde, comme il existe des hôpitaux et des cliniques privées. Les centres de soins associatifs étant proches de l’hôpital, les cabinets libéraux des cliniques privées.
Le monde qui vient sera ainsi, il faut s’y adapter. Non que j’y sois pour quelque chose : le nombre de centres dentaires (abusivement dénommés « Mutuelles ») ne cesse d’augmenter, poussés par les grandes compagnies d’assurances, et quelques milliers de cabinets libéraux par an ne trouvent pas de repreneur.

Vous pronostiquez la fin de la pratique libérale ?
Non, mais la coexistence de deux systèmes ; comme dans les autres secteurs de la santé. Pour s’épanouir en libéral, il faut des qualités d’entrepreneur (gestionnaire, commercial, manager, investisseur…), qui n’ont aucun rapport avec la qualité clinique du praticien. Ainsi, un piètre entrepreneur libéral n’a jamais l’occasion de devenir un bon clinicien, puisqu’il faut pratiquer (donc « faire un bon chiffre » pour s’améliorer). Chez Dentexia, les bons cliniciens peuvent s’épanouir sans devoir démontrer des qualités d’entrepreneur.

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