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« Grâce à la technologie, mon travail a pu évoluer de façon incroyable »

Nathalie Schüller, DTI

Nathalie Schüller, DTI

mer. 18 décembre 2013

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Rencontre avec le Dr Carlo Fornaini, président élu de la World Federation for Laser Dentistry (WFLD). Chirurgien-dentiste à Fiorenzuola d'Arda, en Italie, Dr Fornaini est également professeur, conférencier, expert technique et coordinateur de l'EMDOLA.

Dental Tribune online : Félicitations pour votre élection au poste de président de la WFLD. Vous prendrez votre poste lors du prochain congrès à Paris, en juillet 2014. Pouvez-vous déjà nous parler de vos objectifs pour votre mandat de deux ans ?
Dr Carlo Fornaini : Tout d'abord, je tiens à dire que diriger notre fédération est un « travail  d'équipe » et les résultats sont obtenus grâce à la contribution de tous les membres du comité exécutif, c'est pourquoi le président est élu 2 ans avant de prendre effectivement son poste. Il a ainsi la possibilité de travailler avec les autres membres ainsi qu'avec le dernier président. Cela étant dit, chaque président a sa façon de diriger la fédération et j'ai aussi ma propre vision, qui se concentre sur trois points principaux, tous liés entre eux.

Je pense qu'il est maintenant nécessaire de renouveler le groupe dirigeant la Fédération ainsi que les membres des divisions qui, à l'exception de l'Europe et de l’Asie, sont dirigées depuis leur naissance par les mêmes personnes. Ceci est lié au deuxième point de mon « programme », la nécessité de promouvoir les jeunes membres en les poussant à participer à la vie associative de la fédération et en les encourageant pendant les congrès...

Ensuite, mon objectif est d'ouvrir les portes de la fédération à de nouveaux pays et de faire connaître l'utilisation de la technologie laser aux gens qui ne l'utilisent pas encore, ceci en organisant des cours et des événements dans ces nouveaux pays. Mais j’avoue que le comité organisateur et scientifique du congrès de Paris m’a devancé, en choisissant d'inviter de nombreux, jeunes et nouveaux conférenciers de ces pays-là et cela me rend très heureux.

Pourriez-vous nous parler d’EMDOLA (European Master Degree in Oral Laser Application). Qu’est-ce qui le distingue à votre avis, d’autres programmes ? Il semble également que ce soit une partie importante du congrès de la WFLD. Est-ce que tous les étudiants doivent défendre leur thèse de maîtrise devant le jury international pendant le congrès ?
EMDOLA est l'un des programmes de Master les plus importants pour obtenir une formation complète sur la dentisterie laser, et son originalité est que les cinq universités qui offrent le programme (Parma et Rome en Italie, Nice en France, Liège en Belgique et Barcelone en Espagne) ont le même programme réparti en 8 modules. Chaque étudiant peut décider de participer à chaque module dans une de ces universités.

Mais je pense qu'il est important de faire la distinction entre les universités et les sociétés scientifiques, et même si dans certains cas les diplômes d'EMDOLA sont distribués pendant le congrès de la WFLD, il est important de noter la différence entre ces deux entités : tout ce qui a rapport à EMDOLA se passe à l’université, les cours, les activités et bien sûr, la maintenance de la thèse. Ceci étant dit, je pense qu'EMDOLA est aussi important pour la WFLD et au cours de ces dernières années, j'ai pu me rendre compte que la plupart des élèves, après avoir obtenu leurs diplômes, commencent à participer au congrès de la WFLD, à donner des conférences et à publier dans les journaux scientifiques. Donc, si l'on peutconsidérer EMDOLA comme apportant du « sang neuf » à la WFLD, évitant ainsi son vieillissement, la WFLD est une sorte de terre nouvelle où les jeunes plantes peuvent pousser avant de devenir des arbres.

Vous allez tenir une conférence sur le soudage laser, lors du prochain congrès dentaire Imagina Dental, en février, à Monaco. Pourriez-vous dire à nos lecteurs pourquoi ce sujet est important ? Vous avez publié le livre « La soudure au laser » (« Laser Welding ») il y a 3 ans. Y a-t-il eu beaucoup de changements dans ce domaine ?
Imagina Dental est un événement très intéressant traitant des nouvelles technologies en dentisterie et ce sera la deuxième fois que je suis invité. Je suis très heureux de participer, principalement pour deux raisons : la première est que la séance de laser sera combinée avec le congrès de l'académie EMDOLA dont je suis le président.

Ensuite, le soudage laser est un sujet que j'aime beaucoup : j'ai consacré plusieurs années de ma vie pour trouver le moyen de souder intra-oralement et lorsque j'y suis arrivé, j'ai publié mes résultats. Beaucoup de gens de différents pays m'ont écrit pour me féliciter.

L'invitation à écrire un chapitre du livre « Laser Welding » était une sorte de récompense, me donnant la possibilité de coopérer avec des ingénieurs, physiciens... chacun de nous décrivant ses recherches dans son chapitre.

Je pense que le soudage laser intra-oral demeure encore aujourd'hui un domaine de la dentisterie plein de potentiel, et que de nombreuses applications en orthodontie, prothèses et implantologie, seront étudiées et trouvées.

L'utilisation d'un traitement au laser au cabinet dentaire semble être encore très limitée. Quelles sont, à votre avis, les raisons et pensez-vous que cela va changer à l'avenir ?
Même si le pourcentage d'utilisateurs de lasers chez les chirurgiens-dentistes n'est pas encore élevé, nous avons assisté ces dernières années, à une augmentation spectaculaire de publications, de cours et à la naissance de sociétés scientifiques sur le sujet du traitement au laser. Les universités pensent aussi que c’est un outil important et je donne moi-même un cours sur les lasers, aux étudiants de premier cycle de la faculté de médecine dentaire de mon université.

Dans tous les cas, le nombre des utilisateurs de lasers en dentisterie est de plus en plus élevé et cela est probablement dû aux prix réduits des appareils et à l'augmentation du nombre de traitements qui sont aujourd'hui possibles. Si je pense aux premiers appareils que j'ai utilisés, leurs tailles, leurs coûts exagérés et la faiblesse de leur ergonomie...je pense que j'étais vraiment un pionnier en la matière ! Heureusement, le savoir-faire technologique progresse très rapidement et je suis très surpris lorsque, visitant les pays où il y a quelques années, j'ai aidé mes collègues à démarrer en utilisant le laser dans leur pratique, je rencontre maintenant des « dentistes laser » très experts dans leur domaine.

Comme dans tout domaine médical, l'industrie est en constante évolution. L'intégration de la CFAO dentaire ne cesse d'évoluer et il deviendra de plus en plus difficile de ne pas l'intégrer dans un cabinet dentaire. Pensez-vous qu'il en est de même pour les lasers et comment cela a t-il influencé votre curriculum ou la façon dont vous enseignez ?

Si je pense à l’époque où j'ai commencé à travailler en temps que dentiste (pendant le Moyen-Age !), je ne peux oublier que, grâce à la technologie, mon travail a pu évoluer de façon incroyable. Je suis heureux d'avoir eu la chance de vivre à une époque qui a connu autant de progrès technologiques ! Je pense qu'il est possible d'intégrer un laser avec tous les appareils de la technologie dentaire, en particulier les méthodes de CFAO.

Quand j'ai commencé mon dernier projet de recherche sur la pièce à main scanner laser, qui a mené à la réalisation du « X-runner », j'ai pensé à la possibilité d'une prothèse « complètement assistée » : la préparation de l'inlay programmé à l'avance et réalisée avec la pièce à main scanner laser, l’impression optique et la fabrication de dispositif CAD/CAM. Le résultat ? C'est la perfection !

Quels sont les avantages et limites de l’utilisation du laser dans un cabinet dentaire ?

Je pense que le principal aspect qui, dans le passé, a endommagé l'image du laser en médecine dentaire, c'est qu'il a été présenté comme une sorte d'instrument magique qui, dans les mains de n'importe qui, pouvait produire la meilleure dentisterie possible. Évidemment, ce n'est pas le cas et nous devons être honnêtes, reconnaître ses limites et en particulier la nécessité de connaître tous les aspects de cette technologie ; physique et interactions laser-tissus inclus. Ce n'est qu'après une formation théorique et pratique complète qu'il sera possible de l'utiliser dans toutes les situations cliniques, avec ses avantages, et sans risques pour les patients.

Je le dis toujours à mes étudiants : « Le laser n'est pas une baguette magique qui transforme le pire des dentistes en star ! »

Je vous remercie pour cet entretien.

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