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Il faut connaître et utiliser la biologie pour décider du protocole approprié pour la pose d’un implant

Un diagnostic approfondi et précis dès le départ, permet évaluer le meilleur traitement possible et d’expliquer les risques possibles aux patients. (Photo : Dr Simone Marconcini)

Dr Simone Marconcini est directeur de recherche scientifique à l’Institut toscan de stomatologie à Lido di Camaiore et co-directeur du Master en implantologie orale de l’université internationale Saint Camille à Rome, en Italie. Il a obtenu son doctorat en nanobiotechnologie et son MSc en technologies avancées de reconstruction osseuse, à l’université de Gênes, en Italie. La recherche est aussi essentielle pour lui, principalement dans le domaine des implants et dans la relation entre l’inflammation buccale et la santé systémique. Ses projets de recherche clinique approfondissent les relations bilatérales entre la santé bucco-dentaire, le diabète et le rôle joué par le stress oxydatif.

Dr Marconcini, je suis toujours curieuse de savoir ce qui a amené un docteur à choisir de devenir chirurgien-dentiste. Pouvez-vous nous parler de ce qui vous a amené à ce métier ?
Mon père et mon grand-père sont tous deux ophtalmologistes et je voulais aussi travailler dans le domaine de la médecine. J’ai été accepté en école de médecine et d’odontologie et mon père m’a conseillé l’odontologie. J’ai pensé que c’était une bonne option, et ce fut un choix que je n’ai jamais regretté.

J’ai eu la possibilité de travailler avec un docteur qui est devenu mon mentor, Dr Ugo Cavani. J’allais très souvent le voir travailler dans son cabinet lorsque j’étais étudiant. Maintenant, nous faisons de la recherche et parfois même des chirurgies ensemble. Il est le directeur de mon institut : l’Istituto Stomatologico Toscano à Lido di Camaiore, en Italie.

La recherche et les conférences sont parmi mes plus grandes motivations. En effet, être dentiste est un métier difficile ; il est important de travailler ailleurs que dans son cabinet, assister à des conférences, regarder ce qui se passe à l’extérieur. Il faut être curieux, chercher à aller plus loin et ne pas faire les mêmes choses chaque jour. Et puis, l’avantage d’assister à plus de conférences possibles est finalement, de rencontrer ses confrères. Cela nous ouvre l’esprit, nous permet d’apprendre constamment sur notre domaine.

Dans une interview que vous avez donné à ABC Della Salute, vous parlez de l’utilisation de la thérapie à l’ozone. Cette méthode permet d’éliminer les virus et les bactéries, tout en étant naturelle. Elle aide à modifier de façon positive le processus de guérison, éviter les inflammations, et à faciliter la régénération tissulaire. L’utilisez- vous systématiquement, et pensez-vous qu’elle devrait faire partie du protocole chirurgical ?
Oui je le pense. Elle fait en effet partie de mon protocole. Après une chirurgie, je fais une thérapie à l’ozone car elle apporte beaucoup d’avantages. Grâce à elle, j’ai drastiquement réduit l’utilisation d’anti-douleurs postopératoires. C’est un analgésique naturel et nous l’utilisons pour toute chirurgie implantaire avant, durant et après les chirurgies.

Nous évaluons également le niveau de vitamine D du patient avant une opération, car nous savons aujourd’hui que le stress oxydatif tient un rôle important dans l’évolution de notre thérapie. Avant de réaliser une chirurgie, il est donc pour moi essentiel de savoir quelles sont les valeurs en vitamine D du patient.

De plus en plus de dentistes dans le monde vérifient les niveaux de vitamine D ainsi que les différentes molécules qui jouent un rôle par rapport au stress oxydatif. Nous prenons en compte différents paramètres, la salive par exemple, pour connaître le niveau de stress oxydatif du patient (nous réalisons d’ailleurs des études avec mon groupe à ce sujet). Nous avons évalué ce paramètre chez des patients diabétiques et non diabétiques. Le but de cette démarche était d’observer les différences de réaction entre ces deux groupes, et nous nous sommes aperçus que ce stress oxydatif joue un rôle très important dans la cicatrisation.

Dans votre présentation pendant le congrès de l’ADF (qui s’est tenu à Paris en novembre dernier), vous avez parlé des problèmes de résorption de la crête alvéolaire postextraction. Les recherches à ce sujet ont commencé dans les années 60 avec Brånemark. Soixante ans plus tard, les poses d’implants font souvent face à des problèmes d’esthétique, de perte osseuse. Pensez-vous que de nombreux chirurgiens préconisent les augmentations osseuses ou de tissus mous, les proposent aux patients ?
Je pense que nous faisons aujourd’hui une confusion entre la régénération et la réparation, qui sont deux choses bien différentes. Un grand nombre de dentistes qui utilisent les biomatériaux ne font pas de la régénération, mais de la réparation. En effet, le tissu osseux qui sera recréé dans le défaut que l’on veut traiter, ne sera jamais de l’os naturel mais toujours un mélange. Il est primordial de connaître le but du traitement : s’il est de régénérer, il nous faut savoir qu’il n’est pas nécessaire d’utiliser constamment des biomatériaux.

Je me rends trop souvent compte que les biomatériaux sont utilisés quand il n’y a pas d’indications, que l’on sous-estime l’importance de poser un diagnostic correct.

Vous avez aussi parlé de l’implant Z1 de TBR, un implant hybride titane/zircone que vous utilisez. Ce choix est-il principalement dû à la barrière antibactérienne qu’il crée, protégeant à la fois les tissus mous et les tissus durs ?
En ce qui concerne les implants hybrides, j’utilise le plus souvent possible le Z1 car mon activité est concentrée sur l’implantologie esthétique et le traitement du secteur prémaxillaire, où le résultat esthétique est très important.

J’aime particulièrement cet implant parce que son col en zircone a une très forte légitimité biologique ; les fibroblastes des tissus mous vont créer un lien très intime avec la zircone. Aussi, concernant la qualité de l’ostéointégration, l‘implant en titane est le « gold standard » grâce à sa résistance mécanique. Le titane dans l’os et la zircone dans l’espace biologique sont pour moi les points forts de cet implant, et la raison évidente pour laquelle je l’utilise.

Une école de chirurgiens préconise l’utilisation des implants tout en céramique, l’argument principal étant la réduction du risque de péri-implantite. En effet, les bactéries ont moins de chance d’adhérer à l’implant et la céramique est plus résistante en compression que le titane. Quel est votre avis sur les implants « tout zircone » ? Et quelle est la différence, selon vous, entre ces implants et des implants « tout titane » ?
Nous avons fait des tests, des études sur le titane et la zircone, et les implants entièrement en zircone. Un des problèmes que je rencontre avec les implants tout céramique est que le couple d’insertion utilisé ne doit jamais être supérieur à 35 Ncm. Cela implique que dans le cas d’un os très dense et très fort, plus de préparations seront nécessaires pour le site implantaire. Dans le cas d’une mise en charge immédiate c’est une contrainte.

Dans l’étude de cas que vous avez récemment publié dans l’European Journal for Dental Implantologists, vous présentez un cas de pose d’implant postextractionnel dans la zone antérieure maxillaire (la zone esthétique). Dans votre présentation, vous avez mentionné une étude comparative entre la pose d’implant selon le protocole traditionnel et la pose d’implant postextractionnel, qui concluait que ce type de pose n’était pas recommandée lorsque l’esthétique était importante. Vous ne semblez pas être d’accord.
Nous avons publié de nombreux articles scientifiques qui nous ont démontré que si l’on connaît la biologie et que l’on est capable de l’utiliser, le succès de notre thérapie implantaire est équivalent au résultat obtenu lors de la pose d’implant dans de l’os mature. Il est nécessaire de respecter certains paramètres, par exemple analyser correctement le périoste, savoir utiliser le bundle bone, connaître la biologie en général, et savoir l’utiliser.

Lorsque nous en avons la possibilité, nous faisons des mises en charge immédiates parce que le provisoire nous aide à respecter le périoste. Si l’on veut modifier le profil d’émergence du provisoire, nous pouvons toujours jouer avec les tissus mous, pour obtenir à terme, un bon résultat esthétique.

Cependant, il n’est pas toujours possible de faire de mise en charge immédiate. J’utilise dans ce cas des vis de cicatrisation personnalisées, que je vais modifier pour soutenir le périoste et avoir la possibilité d’obtenir les mêmes résultats qu’avec le provisoire, mais sans mise en charge immédiate. Bien entendu, la biologie de chaque patient est différente, mais certaines choses ne changent jamais.

Au niveau de la stabilité à long terme des tissus mous, observez-vous des différences entre le titane et la zircone ?
Le pilier en céramique a plusieurs avantages. Un des problèmes liés à la péri-implantite est la diffusion de microparticules de titane, qui après des années, vont infiltrer les tissus mous autour du pilier. Sur le long terme, ces microparticules peuvent créer une inflammation ; avec la zircone, c’est un problème qui n’existe pas. C’est l’une des raisons pour laquelle j’aime et j’utilise de plus en plus des implants avec une émergence en zircone.

Que pensez-vous de l’idée que le « tout métal » dans la bouche d’un patient est au détriment de sa santé et qu’il peut affecter son système immunitaire ?
Je suis un médecin et je cherche mes réponses dans les faits. Le jour où un article me démontrera que le titane dans l’os est dangereux pour la santé, alors j’évaluerai les choses différemment.

Mon groupe a fait beaucoup d’évaluations systémiques chez des patients où nous avions posé des implants titane. Je n’ai jamais trouvé une augmentation des marqueurs d’inflammation systémique chez ces patients-là.

Mais c’est une notion d’actualité, tout ce qui questionne un fait établi est intéressant, c’est ainsi que nous progressons, que nous améliorons notre façon de faire. Nous ne sommes pas arrivés au point de prouver que le titane ne devrait pas être utilisé et pour moi, il est encore le « gold standard » au niveau de l’ostéologie.

D’autres pensées que vous aimeriez partager ?
Je suis vraiment heureux d’avoir la possibilité de travailler avec TBR. J’ai trouvé à travers eux une entreprise qui veut grandir et évoluer, en France comme à l’étranger. Nous sommes en train d’effectuer plusieurs travaux scientifiques sur l’implant Z1 et je suis persuadé que dans les années à venir nous publierons d’autres études qui soutiennent l’utilisation des implants hybrides.

Je serai à Dubaï en février pour L’AEEDC, et nous commençons à introduire l’implant Z1 au Moyen-Orient. Pour ma part, avoir la possibilité de présenter mon expérience à l’étranger et de collaborer avec une entreprise comme TBR Dental est quelque chose de particulièrement enrichissant.

Note éditoriale:

 

 

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