Interview: " les Patients ne veulent pas seulement des implants ; ils veulent réellement des dents "

M. Laube, c'est votre premier Symposium mondial en tant que PDG de Nobel Biocare. L'événement répond-il à vos attentes ?
Jusqu'à présent, la réunion a été un succès. Nous étions déjà complets en avril et avons dû refuser 500 à 600 participants. En dépit de cette impossibilité d’accueillir tout le monde, d’un point de vue positif, cela en a fait un événement très spécial et largement plébiscité. Nous étions un peu nerveux concernant la logistique, mais tout s´est très bien déroulé. Les conférenciers étaient très respectueux des contraintes de timing pour leur présentations et très focalisés sur le message qu´ils voulaient transmettre. J'ai uniquement eu des bons échos de la part des visiteurs.

Vous avez rejoint Nobel Biocare au cours d´une période mouvementée. Quel est l'état de la société comparé à celui de 2011, moment où vous avez été nommé PDG ?
Il est vrai que nous avons dérivé au cours des années, mais nous sommes de retour avec ce que nous appelons une innovation axée sur le patient, cliniquement pertinente et fondées sur des éléments concrets. Nous sommes dans une forme sensiblement meilleure aujourd'hui que lorsque j'ai rejoint l'entreprise il y a deux ans. Les résultats du premier trimestre de 2013, ont été une agréable surprise, alors que nous nous attendions à ce qu´ils soient plus faibles. Nous sommes positifs et sommes convaincus que nous serons en mesure de maintenir cet élan. Depuis 2011, nous avons introduit trois nouveaux implants sur le marché et mis à jour notre logiciel NobelClinician et NobelProcera. Nous avons présenté un nouveau scanner NobelProcera et mis sur le marché le OsseoCare Pro compatible avec l'iPad.

Nous avons également dévoilés quelques nouveautés ici. C´est grâce à tout ceci que nous proposons sans doute la gamme de produits la plus intéressante de l'industrie, ce qui nous donne l'occasion de nous retrouver à la tête du marché.

En outre, je pense que nous avons une bonne stabilité dans l'équipe, ce qui est très important. La force du travail repose sur des relations d'affaires et on ne peut pas atteindre cette confiance avec des changements fréquents de personnes.

Vous avez travaillé pour des grandes entreprises, telles que Nestlé, dans le passé. L'industrie dentaire diffère-t-elle de votre expérience de travail ?
Il m'a fallu quelques temps pour m'adapter, mais j'ai appris rapidement dans l´intérêt de l'équipe. De manière générale, travailler dans le marché dentaire est comme un sport de contact où vous devez traiter avec les clients sur la ligne de front tous les jours. Je peux mentionner par exemple ce symposium où 2 000 de nos clients se sont réunis.

La taille de Nobel Biocare est certes beaucoup plus petite et j'ai appris que le moindre changement peut avoir des conséquences dramatiques sur toute l'organisation. Par conséquent, chaque décision prise doit l’être en connaissance de cause. D´un autre côté, les choses peuvent être faites de manière beaucoup plus rapide parce que nous sommes capables de travailler très étroitement avec nos chercheurs et développeurs, ce qui nous donne un avantage considérable surtout lorsqu’il s'agit d'innovation. Ce n'est pas habituellement le cas avec les grandes entreprises.

Nobel Biocare semble avoir du mal en Europe et en Asie, en particulier. Considérez-vous ces problèmes comme un effet de la conjoncture actuelle, ou existe-t-il d'autres raisons qui peuvent expliquer ces faits ?
Nous avons eu des années difficiles en Europe, mais nos chiffres se sont consolidés cette année par rapport au premier trimestre de 2012. Il apparaît de manière de plus en plus évidente que nos résultats sont meilleurs que certains de nos principaux concurrents. Personnellement, j´espère que nous allons bientôt sortir la tête de l´eau et voir concrètement les fruits de nos efforts dans les résultats de l’entreprise. Je pense qu'on va faire au moins aussi bien que le marché dans ce domaine, si ce n'est mieux.

En Asie, nous nous portons très bien, particulièrement en Chine et en Inde. Les problèmes concernent nos affaires au Japon, qui fournissent 17 % de notre activité totale dans la région. Les difficultés du marché ont été en partie liées au tsunami et la mauvaise presse sur les implants dentaires en 2012. Une autre cause est interne, liée au nombre important de prothèses réalisées au premier trimestre de cette année sans anticipation de la baisse des implants qui se profilait. Comme nous voyons les chiffres des implants rebondir, je pense que nous aurons de bons résultats dans la seconde moitié de cette année.

Comment votre entreprise a-t-elle l'intention de revenir à une croissance durable ?
Nous grandissons quand les clients commandent chez nous, et ces clients ont tendance à commander plus lorsque répondons à leur demande dans le domaine de l'innovation, des relations commerciales basé sur des programmes, ainsi que dans la formation et l'éducation que nous proposons pour permettre à nos clients de traiter plus de patients et de faire des choses nouvelles. C'est un fait que seulement 11 et 12 pour cent des dentistes agréés dans le monde placent des implants dentaires. Dans un passé proche, nous n'avions pas relevé le défi qui consiste à aider les dentistes à apprendre à placer des implants correctement. Ce sont là des occasions pour nous de contribuer à la croissance du marché global.

Avec le NobelProcera 2G Scanner et un nouveau partenariat d'accès libre avec 3Shape, vous avez récemment consolidé votre position sur la CFAO dentaire. Quelle importance ce domaine occupe-t-il pour votre société et allez-vous proposer dans le futur de nouveaux produits dans ce secteur?
L´apport du CAD/CAM est essentiel en implantologie. Les patients ne veulent pas juste des implants ; ils veulent réellement des dents. Notre capacité à leur proposer des reconstructions complexes de dents est un énorme avantage vis-à-vis de nos concurrents. Spécialement pour des bridges de trois ou quatre unités. De plus, nous pouvons créer un bridge d'implant zircone de 12 unités avec huit trous pour les vis, un tour de force difficile à reproduire pour nos concurrents.

Sans compter les nouvelles plateformes, les bridges sur implants et la numérisation des centres de design, que nous avons présenté à l'IDS de Cologne cette année, nous avons, ici à New York, annoncé le développement des canaux angulée à vis.

Avec la fusion Tech de DENTSPLY–Astra et la concurrence des fabricants en Asie, par exemple en Corée, le marché des implants semble être sur le point de subir des changements majeurs. Quelle est votre opinion sur l'évolution du marché, et comment votre entreprise se positionne dans les années à venir ?
Nous nous félicitons de toute compétition tant qu'elle apporte quelque chose de nouveau aux clients. La dentisterie implantaire est encore un domaine émergeant capable de se transformer en permanence grâce à l'innovation. Notre souhait est de rester à la tête de cette innovation.

Votre entreprise a lancé la Fondation pour la réhabilitation orale (Foundation for Oral Rehabilitation (FOR)) à New York. Quel rôle jouera-t-elle pour votre entreprise ?
Je voudrais que la Foundation for Oral Rehabilitation serve d´aiguillon à Nobel Biocare afin de nous pousser à l´innovation permanente dans le domaine des soins au patient. Cette fondation est censée avoir toujours un temps d´avance sur nous pour nous donner la possibilité de développer de nouvelles idées et de créer de nouvelles opportunités commerciales pour l'avenir.

Merci pour l'interview.