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Lettre d’opinion : implants paro-intégrés, réalité ou fiction ?

Résultat histologique dans une canine après vingt semaines : un tissu similaire au ligament parodontal s'était formé avec des fibres perpendiculaires entre l'implant et l'os alvéolaire. (DTI / Photo : Dr Philippe Gault, France)
Dr Philippe Gault

Dr Philippe Gault

ven. 22 novembre 2013

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Le ligament parodontal (LAD)est le lien naturel entre la racine de la dent, l'os alvéolaire et la gencive. Il a plusieurs caractéristiques biomécaniques que les implants ostéo-intégrés n'ont pas. Par exemple, sa souplesse donne un effet d'amortissement qui protège l'émail des chocs occlusaux. Le LAD permet aussi d'éviter une surcharge, en répartissant la pression masticatoire sur différents groupes de dents. Lorsqu'une surcharge se produit, sa proprioception bloque l'action musculaire par réflexe neuronal.

Les cellules parodontales possèdent les meilleures capacités pour le remodelage tissulaire physiologique, de toutes les cellules du tissu structurel. Cette caractéristique est importante pour adapter la position des dents continuellement au cours de la croissance, ou lors d'un traitement orthodontique, ainsi que pour la compensation de l'usure occlusale et proximale de l’émail tout au long de la vie. Des études histologiques sur le déplacement orthodontique et la transplantation de la dent, ont démontré le dynamisme biologique du LAD. Le tissu peut être détruit et reconstruit en trois semaines. La transplantation des dents avec double stimulation LAD, est l'un des meilleurs exemples de sa capacité de guérison. Quatorze jours avant la transplantation, la dent du donneur est extraite et replantée immédiatement dans son alvéole d’origine. Ce traumatisme délibéré déclenche un processus de guérison dans le LAD, qui comprend la prolifération et la différenciation cellulaire. La culture cellulaire in vivo atteint son pic d'activité après 14 jours, après quoi la transplantation de la dent peut être réalisée avec des millions de cellules en pleine activité, attachées à sa racine par de nouvelles fibres de Sharpey.

Le taux de réussite de la transplantation de la dent avec une double stimulation LAD, est de 95 % après dix ans. Les cellules activées offrent une grande capacité à l’os de se régénérer et d’obtenir une bonne attache gingivale autour de la dent transplantée. Cette intervention chirurgicale remplit tous les critères d'une bio-ingéniérie tissulaire satisfaisante. À l'aide de ce modèle, avec ses critères biologiques et cliniques, nous pensons qu’il est maintenant possible d'obtenir une culture de cellules semblables autour d'une racine artificielle, en utilisant les techniques de bio-ingéniérie tissulaire. Ces cellules sont aussi faciles à prélever à partir de la surface de la racine d'une dent fragilisée et extraite, qu’in vitro. Les cellules utilisées sont autologues et chaque implant, avec sa propre population cellulaire, est préparé dans un laboratoire. Quatre semaines environ sont nécessaires pour cultiver la cellule et pour qu’elle se développe et permette à l’alvéole dentaire d’être remplacer. Une expérience préliminaire sur des souris athymiques avec des cellules humaines de LAD, autour de blocs d'hydroxyapatite poreux en localisation sous-cutanée, a démontré que les cellules récoltées avaient conservé leur capacité à minéraliser et déposer une couche de type ciment avec des fibres ancrées.

De nombreux biomatériaux ont été testés et se sont avérés être les plus appropriés, parmi eux le bio-verre, l'alumine, la zircone, les plastiques et le titane. Des tests ont également été effectués sur des préparations de surface. Dans un essai chez l'homme, une couche d'hydroxyapatite a été réalisée par cristallisation dans un fluide corporel simulé, après le traitement thermique des broches de titane. Après la culture primaire, les cellules ont été ensemencées sur des implants en titane coniques, et mises en culture dans un bioréacteur pendant trois semaines. L'objectif de cette étude était d'évaluer la sécurité du processus. Neuf Ligaplants ont été placés chez neuf patients avec des cultures de cellules autologues. Un patient n'a pas été en mesure de terminer les tests pour des raisons personnelles. Aucun effets indésirables systémiques ou locaux n’ont été observés au cours de l’essai.

Des tests de suivi pourraient nous donner une idée sur l'efficacité du processus. Les conditions d'hygiène et de contrôle des forces sur les Ligaplants sont beaucoup plus faciles à contrôler chez les humains que chez les animaux. Cependant, la cicatrisation du Ligaplant semble être beaucoup plus lente que dans le cas de transplantation de dent, et il y a eu des occurrences de surcharge avec les premières séries de Ligaplants, qui compromettaient leur préservation. Une attelle a été ajoutée aux dernières séries, ce qui permet de les préserver beaucoup plus longtemps. Les échecs étaient dus à une luxation ou au développement d’une poche, après une période d’un mois à sept ans. La couche d'hydroxyapatite montrait de nombreux défauts sur les Ligaplants perdus.

De nouvelles expérimentations in vitro sur des canines ont été effectuées après les expériences cliniques. L'objectif était de trouver des traitements de surface supérieurs, et des techniques de culture qui permettraient une meilleure différenciation des cellules. Les connaissances en biologie cellulaire et techniques de bio-ingéniérie tissulaire se développent rapidement, et la possibilité d'utiliser des implants paro-intégrés, pourrait devenir une réalité clinique dans les dix prochaines années.

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