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Trouver le point de convergence entre rêves et réalité

Virginie Ananou

Virginie Ananou

jeu. 29 octobre 2009

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 Le Dr Jean-Claude Michel, président sortant de la CNSD après deux mandats successifs, est cette année président du congrès de l’ADF. Cette nomination ponctue une carrière professionnelle et syndicale bien remplie. L’occasion de partager sa vision de la profession et de faire un retour avec lui sur son action politique. Rencontre.

 Vous vous présentez comme un « chirurgien-dentiste omnipraticien et généraliste qui a toujours cherché à mettre en application ses idées et ses valeurs ». Comment avez-vous accueilli votre nomination à la présidence du Congrès ADF 2009 ?
C’est un grand honneur et une satisfaction personnelle de pouvoir présider ce congrès. Je remercie tout particulièrement Patrick Hescot et Nicolas Mailhac, alors secrétaires généraux de l’ADF qui ont fait cette proposition au Conseil d’administration qui a accepté. Je le vis comme une reconnaissance pour mon implication dans la vie de ma profession. C’est une distinction qui gratifie l’action et reconnaît le temps passé à faire évoluer notre profession au bénéfice des chirurgiens-dentistes et de leurs patients en orientant tant les choix des responsables que des décideurs politiques.
Le thème Rêves & Réalité que vous avez proposé a été retenu, qu’est-ce que vous avez voulu signifier ?
Nous sommes l’une des seules professions médicales dans laquelle pour un diagnostic et une pathologie, il existe plusieurs traitements possibles, pouvant aller du plus simple au plus compliqué, avec ses implications économiques. Le soignant est trop souvent confronté à un réel dilemme face aux possibilités thérapeutiques et aux attentes du patient. Nous devons trouver, en collaboration avec lui, le point de convergence entre ses rêves et la réalité.

L’édition 2009 du congrès ADF propose-t-elle des nouveautés ?
Le congrès de l’ADF est un rendez-vous bien rodé. S’il s’agit pour les praticiens d’un instant de formation, le congrès représente également un lieu de rencontre et un événement médiatique fort à relayer. Il est important de profiter de ce rendez-vous pour communiquer, montrer que notre profession est bien formée et organisée pour améliorer leur santé bucco-dentaire. La bouche est le carrefour de nombreux plaisirs : « Aimer, rire, manger » – suivant la campagne de communication menée par l’Ordre et l’ADF qui verra son apogée lors du congrès –, mais elle est aussi le carrefour de tous les dangers et pour cela mérite la plus grande attention. C’est le message que nous entendons faire passer notamment aux décideurs politiques : nous ne devons plus reléguer les soins dentaires au second plan. La santé bucco-dentaire demeure un domaine secondaire pour l’Assurance maladie, principal financeur, et un domaine à développer pour les assureurs complémentaires, financeurs privés. Ce sera d’ailleurs l’objet des négociations qui vont être entreprises avec l’Unocam. Au-delà du congrès, je pense que l’image de notre profession relève de la responsabilité de chaque praticien : c’est à travers son comportement que les patients jugent globalement notre profession.

Vous exercez en cabinet d’omnipratique à trois fauteuils en SCM et vous vous êtes formé activement tout au long de votre exercice. Qu’est-ce qui vous a guidé ?
La cavité buccale représente un petit territoire anatomique dans lequel un praticien doit savoir et pouvoir tout réaliser, de la prévention aux actes de soins conservateurs, chirurgicaux et prothétiques. Pour l’instant une seule spécialité existe, celle de l’ODF, et nous attendons celle de la chirurgie buccale.

« Soigner tout le monde en ouvrant largement l’accès aux soins et en respectant les principes de solidarité » tel a été votre credo syndicaliste et militant. Quelles sont les améliorations que vous avez apportées à la profession ?
Mon leitmotiv a été – et reste : rendre possible le nécessaire pour mes patients, comme pour les chirurgiens-dentistes que je représentais, en veillant à apporter des solutions équitables pour chacun. Mon premier combat a été de rendre l’accès pour tous à des soins de qualité en s’appuyant sur la contractualisation avec les partenaires sociaux. Je suis à l’origine avec Daniel Roblin, alors Vice-Président de la Cnsd, de l’accord avec la MGEN en 1996, un essai positif aujourd’hui transformé et étendu à l’ensemble de la Mutualité de la fonction publique. La négociation sur le secteur optionnel des médecins reprend d’ailleurs aujourd’hui certains thèmes de cet accord équilibré. J’ai contribué ensuite à l’évolution de la nomenclature par la convention 2006, plus libérale mais également sociale grâce à l’augmentation du barème des honoraires de la CMU-C de plus de 40 %. Ma quatrième action a été de sauver et de pérenniser avec l’aide de Guy Morel, Président de la Carcd, le régime ASV des chirurgiens-dentistes jusqu’en 2022, par la réforme faite en 2007. Alors que les médecins généralistes n’y sont pas parvenus à ce jour.

Que pensez-vous du concept d’« entreprise de santé » ?
Mes jeunes confrères parlent d’entreprise de santé, mais la santé n’est pas un marché ! L’activité de chirurgien-dentiste est une activité médicale, sociale et libérale exercée dans le cadre d’une profession libérale de santé, indépendante et responsable. Les honoraires que nous percevons constituent des bénéfices non-commerciaux. Nous ne voulons pas devenir des prestataires anonymes de service, en dérivant vers une situation où le praticien serait déresponsabilisé de ces actes et perdrait son rapport de confiance privilégié avec sa patientèle. Toutefois, je fais peut-être un faux procès. Pour éviter de se renfermer sur elle-même notre profession a déjà besoin de mieux s’organiser : employer un personnel compétent pour rationaliser notre travail. L’hygiène, l’asepsie, la stérilisation, l’administratif, l’information, la prévention doivent être délégués à du personnel formé spécifiquement.

Pour quelles raisons ne vous êtes-vous pas présenté pour un troisième mandat de président de la CNSD ?
Il faut laisser la place aux jeunes, c’est dé­sormais à eux de prendre leur responsabilité pour leur métier. La société, comme la profession évoluent. Les jeunes confrères ont de nouvelles orientations à prendre et les changements à opérer doivent être certainement plus radicaux. J’ai déjà bien œuvré. Cette présidence représente une fonction de tous les jours, de tous les instants. J’ai aujourd’hui choisi de passer la main pour prendre du temps, pour ma famille et pour réfléchir, tout en n’oubliant pas ma profession qui m’a beaucoup apporté.

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