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L’implant plutôt que le « dentier » : une réalité incontournable, mais une préparation et des précautions indispensables

Dr Renaud Petitbois, Dr Guillaume Odin & Dr Jean-Marie Arrius-Oppo

Dr Renaud Petitbois, Dr Guillaume Odin & Dr Jean-Marie Arrius-Oppo

mar. 17 décembre 2013

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Face à un édentement total, nos patients n’avaient comme choix jusqu’au début des années 80, que la prothèse amovible. Les progrès de l’implantologie moderne ont révolutionné le plan de traitement de ces situations, en offrant une solution fixe, stable, esthétique et même rapide dans certain cas.1 Les prothèses vissées ou scellées sur implants ont vu leurs délais d’attente de pose se raccourcir, avec l’apparition du concept de la mise en charge à 72 h, voir le jour même de la chirurgie. Encore faut-il que ce «miracle» ne se transforme pas en catastrophe. En effet, certaines précautions doivent impérativement être prises2 :

_sélectionner les patients en se limitant aux indications (essentiellement les édentés totaux) ;

_utiliser une armature métallique monobloc de forte rigidité, afin d’empêcher toute distorsion de l’ensemble (concept du fixateur externe). Un bridge de transition titane-chrome/cobalt-résine est conseillé ;

_s’assurer que la prothèse soit totalement passive. La pose de bagues de collage, usinées en titane dans l’intrados de l’armature, permet d’éliminer les tensions éventuelles ;

_ne pas faire d’extension terminale afin d’éviter un « bras de levier » distal, source de problèmes mécaniques à long terme ;

_mettre suffisamment de piliers pour repartir parfaitement les forces occlusales ;

_préparer les tissus mous en s’assurant d’être le plus possible en présence de gencive attachée ;

_préparer les tissus durs tant en qualité qu’en quantité : l’emploi systématique du protocole d’activation ostéogénique3 permet d’offrir aux patients des solutions encore plus sûres.

Cette méthode repose sur le principe qui veut que tout traumatisme engendre une réparation via une néovascularisation. En bref, on déclenche par des moyens mécaniques à l’aide d’un Ostéotenseur® rotatif ou manuel, une ostéogénèse de façon peu invasive (sans lambeau).

En suivant les mécanismes de l’action ostéogénique, le lit osseux receveur, passera d’abord par une phase d’assouplissement avec néoangiogenèse favorable à une chirurgie de greffe à 21 jours, suivie d’une phase anabolique de minéralisation et de formation d’un cal osseux optimisant la pose d’implant, dans un os ayant gagné en volume et en densité à 45 jours.

 

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Les Ostéotenseurs ont été spécifiquement paramétrés pour ne pas entrainer d’effets collatéraux indésirables (débris osseux, blessure, infection, fracture, pollution) (Fig. 1). Cette ostéoactivation, combinée par exemple à l’utilisation d’un implant spécifique (Fractal®) à spires inversées, véritables ascenseurs à cellules osseuses, nous permet d’équiper des secteurs sinusiens sans avoir recours aux greffes (Cas n° 1). En effet, le gain de quelques millimètres, conjugué au durcissement de l’os, permet des procédures chirurgicales plus faciles et plus sécurisantes.

La pérennité de nos reconstructions est directement subordonnée à la présence ainsi qu’à la solidité des piliers postérieurs, où les charges occlusales sont maximales.

Cela nous oblige à ne pas sous estimer le nombre des implants à poser, sous peine de voir la prothèse se fracturer ou les implants perdre leur ostéointégration. Une édentation complète au maxillaire nécessite la pose de 6 à 10 implants. En effet, l’un des problèmes majeurs de l’implantologie est la gestion des édentements postérieurs, là où les forces appliquées sont les plus importantes. Si la hauteur osseuse est insuffisante après l’ostéoactivation du site, deux solutions sont possibles :

Greffer

Greffer n’est pas un acte anodin, bien que ces opérations soient parfaitement codifiées aujourd’hui. Si les résultats sont très bons, ils dépendent en grande partie de la qualité intrinsèque du site receveur (notamment de sa bonne vascularisation) et de la dextérité du praticien. Dans les greffes d’apposition par exemple, les percolations ne sont pas rares (Cas n° 2).

Au niveau du sinus, la muqueuse est très fragile et peut se déchirer ; les biomatériaux peuvent ne pas être bien foulés, entrainant une incertitude quant au devenir de ces greffes sur le long terme.

Utiliser les implants basaux (implants disques, implants à plaque d’ostéosynthèse, implants tubéro-pterygoïdiens)

Les implants à insertion latérale sont en titane. Ils peuvent se poser dans presque tous les cas de figure.4 Après réalisation d’une ostéotomie dans les trois sens de l’espace, l’implant disque est impacté par voie latérale. Il en existe de nombreux modèles (un, deux ou trois disques de différents diamètres, cylindriques ou asymétriques) permettant de répondre aux besoins. Les implants à plaque, quant à eux, se révèlent particulièrement utiles pour les mâchoires atrophiques.

À noter qu’aux extrémités distales du maxillaire, il faudra prévoir un « verrouillage » de l’ensemble par l’intermédiaire d’implants tubéro-ptérygoïdiens (Figs. 2 et 3).

Certes, la mise en place de ces implants spécialisés est plus délicate que celle d’une vis classique et nécessite une formation spécifique, mais une fois l’ostéointégration obtenue, leur fiabilité à long terme est excellente.

Conclusion

Nous nous devons de garantir la longévité de nos reconstructions prothétiques. L’activation ostéogénique initiale du lit receveur, avant l’acte implantaire, ainsi que les appuis postérieurs solides, y contribuent de façon prédictible, reproductible et pérenne. C’est à cette condition que nos « exploits » continueront à ne pas se transformer en cauchemars. Grâce à une bonne préparation des sites à implanter et au respect des précautions indispensables, l’implantologie rend chaque jour de plus en plus de services à nos patients. Aujourd’hui, cette thérapie est devenue incontournable et sûre.

Note de la rédaction :
 

  • une liste complète des références est disponible auprès de l’éditeur.
  • Cet article est paru dans le DT Study Club, Vol. 1, No. 3, décembre 2013.
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