ADN sur un chewing gum de 5700 ans

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L’étude d’un « chewing-gum » vieux de 5 700 ans renseigne sur les microbiomes buccaux du passé

Cette chasseuse-cueilleuse à la peau sombre et aux yeux bleus, surnommée Lola, aurait vécu il y a 5700 ans au Danemark (Photo : Tom Björklund)

lun. 13 janvier 2020

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COPENHAGUE, Danemark : Bien que sa popularité et les ingrédients qui le composent aient changé au fil du temps, le chewing-gum est utilisé par les humains depuis des milliers d'années. Une nouvelle étude menée au Danemark, basée sur un morceau de « chewing-gum » vieux de 5 700 ans, fabriqué à partir de brai d'écorce de bouleau, a réussi à extraire un génome humain complet de cette pâte noirâtre, démontrant ainsi son potentiel en tant que nouvelle source d'ADN ancien.

Le brai a été trouvé lors de fouilles archéologiques menées par le Musée Lolland-Falster sur le site de Syltholm, dans le sud du Danemark. L'analyse ultérieure de cette pâte a été effectuée par des chercheurs de l'Université de Copenhague. La datation au radiocarbone du brai a permis de le situer comme un spécimen datant du début du Néolithique au Danemark, tandis que le séquençage de l'ADN a révélé qu'il était mâché par une femme qui était plus étroitement liée génétiquement aux chasseurs-cueilleurs du continent européen qu'à ceux qui peuplaient le centre de la Scandinavie à l'époque. L’analyse a également révélé qu’elle avait probablement une peau foncée, des cheveux foncés et des yeux bleus.

La « gomme à mâcher » contenait également de l'ADN d'espèces végétales et animales comme celle de la noisette ou du canard laissant supposer qu'ils avaient été mangés peu de temps avant le mâchouillage.

Les chercheurs en ont également extrait de l'ADN de microbes oraux et de plusieurs agents pathogènes humains comme le Streptococcus pneumoniae qui est la principale cause de pneumonie et de l'ADN du virus Epstein-Barr responsable de la mononucléose infectieuse.

« [Syltholm] est le plus grand site de l'âge de pierre au Danemark et les découvertes archéologiques suggèrent que les gens qui occupaient le site exploitaient intensivement les ressources sauvages jusqu'au Néolithique, qui est la période où l'agriculture et les animaux domestiqués ont été introduits pour la première fois dans le sud de la Scandinavie », a déclaré le Dr Theis Jensen, étudiant postdoctoral à l'Institut du Globe de l'Université de Copenhague et co-auteur de l'étude.

« Nous avons réussi à extraire de nombreuses espèces bactériennes différentes caractéristiques d'un microbiome oral », a ajouté le Dr Hannes Schroeder, professeur associé à l'Institut Globe.

« Nos ancêtres vivaient dans un environnement différent et avaient une alimentation et un mode de vie différents, et il est donc intéressant de savoir comment cela se reflète dans leur microbiome », a-t-il poursuivi.

Bien qu'une quantité considérable d'informations puisse être découverte grâce au séquençage de l'ADN de ce « chewing gum », plusieurs questions restent encore en suspens, notamment celle de savoir quel était le but de la mastication. Certains chercheurs ont suggéré qu'il pourrait s'agir d'une méthode permettant de rendre le brai plus souple pour la fabrication d'autres outils mais la pâte a aussi pu être utilisée pour soulager le mal de dents (elle possède des vertus antiseptiques) ou encore servir de brosse à dents ou de coupe-faim.

L'étude, intitulée « A 5700 year-old human genome and oral microbiome from chewed birch pitch », a été publiée le 17 décembre 2019 dans la revue Nature Communications.

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