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Photographie numérique dentaire – Part. I Réglages de votre appareil photo et des systèmes d’éclairage

Un objectif grand ouvert dont l’ouverture correspond à une valeur f/8 a une profondeur de champ réduite, alors que si la valeur diminue à f/22, presque toute la zone de l’avant à l’arrière sera très nette.
Dr François Grossetti

Dr François Grossetti

mar. 1 octobre 2013

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Cet article, qui comprendra 2 parties, a pour but de simplifier le jargon technique de la photographie numérique, et de présenter des protocoles que vous pourrez facilement intégrer dans l’activité débordante de votre cabinet dentaire.

Introduction à la photographie numérique dentaire

Envisagée sous l’angle professionnel, la médecine dentaire peut être une source de profonde satisfaction ou de pesante monotonie. Une façon de transcender le contentement est d’utiliser la photographie dentaire.1 C’est un merveilleux outil pour vous permettre d’apprécier ce qu’un traitement en cours peut permettre d’accomplir, valoriser le clinicien que vous êtes ainsi que votre patient, et contribuer à transformer votre routine quotidienne en une véritable passion.

Nous avons la chance exceptionnelle de vivre une époque où le matériel photographique numérique a évolué à un niveau prodigieux. La possibilité de capturer d’innombrables images sur une carte mémoire flash haute capacité et de les visionner immédiatement sur un écran à cristaux liquides (LCD), nous a libéré des contraintes de la pellicule et des tracas du laboratoire photo. Ce gain de temps engage à lui seul à franchir le pas vers la photographie numérique, de manière moins intimidante et plus abordable que son aïeule argentique. C’est une technique amusante et si simple, que n’importe qui peut apprendre à faire de remarquables photos moyennant une formation des plus modestes.2, 3

Je précise qu’il existe des appareils automatiques compacts qui, sans être des appareils dits « reflex » (DSLR ou Digital Single Lens Reflex en termes anglais), sont très utiles pour la pratique quotidienne. Mais ces petits appareils photographiques ne conviennent malheureusement pas2 à la qualité d’image, présentée dans cet article en deux parties. C’est pourquoi la plus grande partie de l’exposé portera sur les DSLReflex.

Cette première partie de l’article aborde spécifiquement la manière de simplifier la prise d’images numériques. Une fois que votre appareil sera réglé pour la prise de photographies numériques dentaires, très peu d’ajustements seront nécessaires pour réaliser tous les clichés des interventions chirurgicales et esthétiques, requis pour l’exercice de la profession.

Système photographique

L’appareil le plus polyvalent pour prendre des photographies dentaires et obtenir les meilleurs résultats, est sans aucun doute un système « reflex ». Un tel système fonctionne sur le principe de la visée et de la mesure de l’exposition TTL (Through The Lens, terme anglais signifiant « à travers l’objectif »), et permet une mise au point et un cadrage précis. L’avantage principal du DSLReflex est la suppression de la parallaxe, c’est-à-dire de l’incidence du changement de position de l’observateur sur ce qu’il perçoit, car le viseur, l’objectif et le capteur (l’équivalent du film argentique) partagent tous le même axe optique. En d’autres termes, ce que l’on observe dans le viseur est identique à ce qui est enregistré sur l’image capturée.4

L’objectif standard d’un appareil DSLReflex a une distance focale de 50 mm. Un objectif dont la distance focale est plus courte, disons 28 mm, offre un angle de champ plus large et porte le nom d’objectif « grand angle » (pour photographier les paysages, par exemple), alors qu’un objectif de longue focale est appelé téléobjectif (pour notamment prendre des photos d’événements sportifs, ou de la faune et de la flore). En ce qui concerne les clichés dentaires, un système de double objectif est nécessaire, d’une part pour la prise de portraits et d’autre part, pour la mise au point de photos rapprochées. Le choix idéal est donc un objectif qui combine tout à la fois ces paramètres. C’est ce que l’on appelle un téléobjectif macro. Il me faut cependant faire une mise en garde au sujet des objectifs macros. De nombreux appareils compacts arborent la mention « macro » mais elle n’indique en fait que la possibilité d’une mise au point à courte distance. Un véritable appareil macro est capable d’atteindre un rapport de reproduction de 1:2 ou 1:1. Un grossissement 1:1 est un rapport idéal et signifie que l’image enregistrée par le capteur est aussi grande que l’objet réel. Pour les appareils DSLReflex 35 mm, une image 1:1 représente généralement quatre incisives maxillaires. Selon le fabricant et la disposition des pièces optiques dans le fût de l’objectif, les distances focales des téléobjectifs macro varient de 50 mm à 105 mm. De nombreux capteurs sont plus petits que le format de film 35 mm, et c’est pourquoi ils ont un facteur multiplicatif, ou coefficient de conversion. Par exemple, un objectif de 100 mm monté sur un boîtier d’appareil photo 35 mm, « convertira » la distance focale et se comportera comme un 150 mm, c’est-à-dire que le capteur a un coefficient de conversion de 1,5 (voir ci-dessous). Toutefois, certains appareils photo-graphiques haut de gamme, plus récents, sont équipés de capteurs plus grands et les objectifs ne nécessitent donc pas de coefficient de conversion.4

Il est difficile de recommander des fabricants ou des modèles d’appareils photo, car le marché évolue rapidement et de nouveaux produits y sont introduits tous les ans,4 mais généralement, on recommande les appareils mono-objectif numériques (DSLR) Canon ou Nikon. Un boîtier DSLR de base (par exemple, Nikon D60) avec un objectif macro de 100 mm (par exemple, objectif Sigma DG Macro de 105 mm) peut être acheté dans de nombreux magasins d’équipements photographiques ou en ligne ; et vous pouvez trouver un système qui propose un boîtier d’appareil photo et l’objectif pour moins de 700 euros environ.

Réglages pour des résultats idéaux

Étant donné que les appareils photo nécessitent généralement un grossissement de 1,5 (conversion) pour le réglage du fût de l’objectif, le rapport de grossissement de l’objectif se rapproche de :

  • (1:15) pour les photos de portraits.
  • (1:3) pour les photos dentaires, notamment le sourire naturel, ainsi que les clichés pris avec un écarteur de lèvres et les vues occlusales.
  • (1:1,5) pour les photos dentaires, notamment les clichés rapprochés pris avec un écarteur de lèvres.

Veuillez noter que ces rapports peuvent varier selon le capteur (avec un capteur plein format [24 x 36 mm]) et la dimension du visage du patient. Ceci ne pose cependant pas de difficulté vu que les rapports sont gravés ou imprimés sur le fût de l’objectif (Fig. 1), et que seuls trois réglages doivent être pris en compte et modifiés pendant les prises (le protocole photo précis sera décrit dans la seconde partie de l’article).2

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Système d’éclairage

De nombreux praticiens choisissent un flash annulaire par commodité. Le flash annulaire crée un éclat lumineux uniforme, ce qui est utile pour photographier les dents postérieures, les zones d’accès difficile et les régions intra-orales au moyen de miroirs. Des flashes électroniques montés sur l’appareil photo, sont disponibles dans nombreuses tailles et formes. La meilleure façon de choisir un flash est de visiter un stand d’équipements dentaires.

Le système d’éclairage le plus léger et le plus simple en photographie dentaire est probablement le flash DineCorp Ring&Point (Fig. 2). La tête du flash annulaire et l’alimentation pèsent moitié moins que les flashes annulaires génériques. Tout en étant excellent pour illuminer les régions postérieures de la cavité buccale, le DineCorp est le plus petit flash annulaire disponible sur le marché, contrairement au flashes annulaires génériques surdimensionnés. Le flash ponctuel qui lui est associé, une caractéristique unique de ce système, permet de monter le flash en permanence sur l’appareil et de l’utiliser pour toutes les photographies, que ce soient des portraits (utilisation recommandée du flash ponctuel) ou des clichés dentaires (utilisation recommandée du flash annulaire) (Fig. 3).

Jargon techniqu
e

« Ouverture » ou « f/stop » : cet important réglage contrôle la quantité (intensité) de lumière frappant le capteur. C’est en fait une ouverture ajustable dans l’objectif, au travers de laquelle passe la lumière (Fig. 4). La plage d’ouverture est déterminée par les valeurs f qui sont comprises entre environ f/2,8 et f/32 pour la plupart des appareils photographiques DSLR. Plus la valeur f est grande, plus l’ouverture de l’objectif est petite. Le f/stop modifie la profondeur de champ.

« Profondeur de champ » : elle correspond à la zone où l’image est nette. Contrairement à l’œil humain qui est capable de voir tout objet avec netteté, les appareils photo ne possèdent pas ce luxe. La profondeur de champ détermine dans quelle mesure l’image située en avant et en arrière des plans délimitant la zone de netteté apparaîtra plus ou moins floue. La profondeur de champ des photographies rapprochées est généralement réduite (quelques millimètres) et par conséquent la mise au point est déterminante pour l’obtention d’images nettes. La profondeur de champ varie inversement avec le diamètre de l’ouverture. Un objectif grand ouvert dont l’ouverture correspond à une valeur f/8 a une profondeur de champ réduite, alors que si la valeur diminue à f/22, presque toute la zone de l’avant à l’arrière sera très nette (Fig. 5).5

Réglages de l’exposition optimale

L’obtention d’une exposition correcte est la quintessence de la photographie.5 L’exposition correspond à l’enregistrement de la lumière sur la surface sensible, c’est-à-dire le capteur numérique. La quantité (intensité) de lumière est contrôlée par le réglage de l’ouverture, alors que la sensibilité du capteur dépend du nombre ISO (Organisation internationale de normalisation) (décrit plus bas).

Plus spécifiquement, l’exposition est la quantité de lumière qui vient frapper le capteur pendant un intervalle de temps donné.2 Le temps est contrôlé par la vitesse d’obturation, mesurée en fractions de seconde. La plupart des appareils photo contemporains sont équipés d’un réglage automatique de l’exposition, qui calcule la vitesse d’obturation après que l’ouverture a été réglée (en mode priorité de l’ouverture, indiquée par Av) (Fig. 6). Toutefois, la photographie dentaire requiert un certain point d’attention, qui est la garantie d’une profondeur de champ suffisante. Ceci ne laisse pas d’autre choix que de sélectionner un petit diamètre de l’ouverture, généralement f/22 pour tous les clichés dentaires.5 L’utilisation d’une valeur f/8 pour la prise de portraits sera suffisante.2

  • Flash ponctuel : (1:15), f/8 pour les photos de portraits,
  • Flash annulaire : (1:3), f/22 pour les photos dentaires, notamment le sourire naturel, ainsi que les clichés pris avec un écarteur de lèvres et les vues occlusales,
  • Flash annulaire : (1:1,5), f/22 pour les photos dentaires, notamment les clichés rapprochés pris avec écarteur de lèvres.

La photographie dentaire exige un petit diamètre de l’ouverture, soit f/22, de façon à obtenir une image nette du plus grand nombre de dents possible, ou d’une surface importante de tissu mou. En théorie, pour obtenir une profondeur de champ plus longue, on pourrait même envisager d’utiliser des ouvertures encore plus petites, f/32 par exemple, mais cette modalité détériore la qualité d’image en raison de la diffraction. Dès lors, le réglage de l’ouverture à une valeur inférieure à f/22 diminuera sensiblement la netteté de l’image sans gain significatif de la profondeur de champ.5

La valeur ISO contrôle la photosensibilité de la puce, ou du capteur, de l’appareil photo. Plus la valeur ISO (par exemple, 100 ou 200) est petite, moins la puce sera sensible, plus l’image sera nette et détaillée, et plus il faudra de lumière pour obtenir une qualité satisfaisante. Inversement, une valeur ISO plus élevée nécessite moins de lumière, mais l’image obtenue contiendra du « bruit numérique » ou des « grains » ; en d’autres termes, elle sera moins nette. En photographie dentaire, la valeur ISO conseillée est 200. Par contre, le réglage ISO automatique n’est pas recommandé.2

Si le réglage de la compensation de l’exposition de moins 1 est nécessaire sur les clichés dentaires pris avec les boîtiers Nikon (Fig. 7), ce peut être différent avec les appareils Canon (veuillez noter que la vitesse d’obtura-tion réglée à 1/200 en mode manuel est nécessaire avec les boîtiers Canon, tandis que les boîtiers Nikon règlent la vitesse d’obturation automatiquement) et autres appareils photo/flash. Vous pourriez avoir besoin d’un peu d’expérience pour déterminer la quantité de lumière appropriée pour obtenir l’exposition correcte en modifiant la compensation de l’exposition.6 La distance entre le flash et le sujet à photographier influence également l’intensité lumineuse et suit la loi de l’inverse du carré. En termes simples, l’illumination est moins forte au fur et à mesure qu’elle s’éloigne de sa source car la zone à couvrir est plus vaste. La loi de l’inverse du carré est applicable lors de la prise de clichés intra-oraux au moyen de miroirs. Dans ce cas, la lumière émise par les flashes doit parcourir une plus longue distance avant de pouvoir illuminer les dents, en raison de la réflexion sur la surface du miroir. Une compensation de l’exposition est donc nécessaire (par exemple, moins 0,7) pour éviter des clichés sous- exposés.7 Une compensation de l’exposition peut également être requise (par exemple, moins 1,3) pour éviter une surexposition des clichés rapprochés, pris avec un écarteur de lèvres. Toutefois, la compensation de l’exposition doit être réglée une seule fois pour toutes les prises.

Balance des blancs : ce réglage ajuste l’appareil photo de façon à obtenir une image dont les couleurs sont naturelles.2 Pour l’éclairage du fash, la balance des blancs de votre appareil photo devra être réglée de standard à neutre.

La seconde partie de cet article proposera un guide simple des réglages et des conseils pratiques sur la prise rapide et efficace de clichés photographiques esthétiques standard.8_

Notes de la rédaction :

  • un webinaire du Dr Grossetti sur « Le futur de la photographie en dentisterie cosmétique» pourra être visionné sur notre site www.dtstudyclub.fr, au mois de janvier 2014.
  • Une liste complète des références est disponible auprès de l’éditeur.
  • Cet article est paru dans le DT Study Club, Vol. 1, No. 2, septembre 2013.

L’auteur remercie ses consoeurs et confrères du « Dentisterie Cosmétique – Study Group », association universitaire dont il est membre fondateur (plus d’info sur www.dentisterie-cosmetique.fr).

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