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Photographie numérique dentaire – Partie II - Proposition de protocole de prises de vues pour des bilans plus pratiques, plus rapides et plus efficaces en dentisterie cosmétique

Dr François Grossetti

Dr François Grossetti

lun. 16 décembre 2013

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La seconde partie de cet article propose un guide simple des réglages et des conseils pratiques sur la prise rapide et efficace de clichés photographiques esthétiques standardisés.

_Un protocole plus pratique

Le bilan photo présenté dans cet article est un exemple avec ses qualités et ses défauts, issu d’images ni retouchées, ni recadrées et prises dans des conditions réelles d’exercice. Ce bilan, plus ou moins parfait, se veut superposable et révélateur du travail qualitatif du praticien.

Le but initial du bilan proposé est de collecter puis classer facilement et rapidement le maximum d’informations iconographiques en moins de 5 minutes. Ce bilan, proposé initialement par les membres de l’American Academy of Cosmetic Dentistry à la fin des années 1980, a été repris une dizaine d’années plus tard en Europe par la British Academy of Cosmetic Dentistry.

Ce bilan, faisant aujourd’hui référence, est appliqué quotidiennement par plus de 10 000 dentistes cosmétiques dans le monde, membres de diverses associations reconnues de dentisterie cosmétique, et en France par les membres du Dentisterie Cosmétique – Study Group.

24 prises de vues sont recommandées pour un bilan standardisé complet, dont 12 réalisées avant et 12 après traitement (Figs.1–6). Des photos supplémentaires peuvent être nécessaires pour une meilleure communication avec le laboratoire et le patient (voir fin de l’article). Chaque photo doit prendre en compte le cadrage approprié de l’objet photographié (portrait, sourire et macro), les accessoires adéquats (écarteurs et miroir occlusal), un rapport de grossissement précis (1:15, 1:3, 1:1,5) et un angle de prise de vue spécifique (face, trois quarts, occlusal). Les 4 premières photos sont naturelles, les 6 suivantes sont prises avec écarteurs automatiques transparents et les 2 dernières avec un miroir occlusal supplémentaire.1

Tout élément visuel pouvant distraire l’analyse photographique doit être évité : excès de salive, plaque dentaire, tartre, saignements, débris alimentaires, maquillage, talc, matériaux d’empreintes, excès de ciment, etc... À noter que l’angle de prise de vue doit être parallèle au plan d’occlusion. La photo doit révéler les asymétries dentaires, l’appareil photo ne doit pas être basculé pour compenser l’angulation des dents.1

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1. Portrait sourire complet, naturel, rapport 1:15, vue de face (Fig. 1) :

Il est recommandé d’utiliser le même fond uniforme sur les photos avant/après et de lever le patient du fauteuil à distance du fond, pour éviter toute ombre portée. Le cadrage se fait à l’horizontale (format paysage) et non à la verticale (format portrait) par rapport à l’axe vertical du visage et la ligne horizontale bi pupillaire. Le visage doit être exposé, du sommet du crâne à la base du menton, au milieu, avec l’image centrée sur le nez. Le patient sourit naturellement en exposant pleinement les dents et sans tension musculaire excessive.

2.Sourire complet, naturel, rapport 1:3, vue de face : (Fig. 1)

Le patient présente le maximum de surfaces dentaires et gingivales naturellement exposées lors d’un sourire large, les muscles du visage détendus (il est possible que les dents mandibulaires ne soient pas visibles). Le milieu est le philtrum de la lèvre supérieure. Si le sourire du patient présente une asymétrie mise en évidence sur le portrait, celle-ci doit être présente sur la photo sans compensation par la position de l’appareil photo. Un rapport de grossissement de 1:3 (ou 1:2 pour les capteurs « pleins formats ») doit suffire pour saisir l’intégralité du sourire. Aucun fond n’étant nécessaire, cette photo pourra être prise au fauteuil.

3.Sourire complet, naturel, rapport 1:3, vue de trois quarts droite : (Fig. 2)

Le fond ne doit pas être perceptible et doit apparaître sombre étant donné les réglages. Le milieu est l’incisive latérale, avec une vue de l’émergence de l’incisive latérale et canine controlatérale (il ne s’agit donc pas d’une photo sagittale).

4.Sourire complet, naturel, rapport 1:3, vue de trois quarts gauche : (Fig. 2)

Idem que précédemment.

5. Arcades légèrement entrouvertes, rapport 1:3, vue de face : (Fig. 3)

La légère ouverture est nécessaire pour une meilleure analyse du plan d’occlusion et embrasures occlusales. Les gencives doivent être visibles. Toute asymétrie diagnostiquée précédemment doit apparaître sur la photo. La profondeur de champ doit être suffisante pour que toutes les dents paraissent nettes.

6. Arcades légèrement entrouvertes, écarteurs, rapport 1:3, vue de trois quarts droite : (Fig. 3)

Idem que précédemment avec le milieu sur l’incisive latérale et l’émergence visible de la canine controlatérale.

7.Arcades légèrement entrouvertes, écarteurs, rapport 1:3, vue de trois quarts gauche : (Fig. 4)

Idem que précédemment.

8. Bloc incisivo-canin maxillaire, écarteurs, rapport 1:1,5, vue de face : (Fig. 4)

Le nombre de dents visibles peut varier en fonction de leurs tailles et formes, cependant en général 4 à 6 dents du bloc antérieur seront visibles avec ces réglages. Le frein en regard du philtrum sert de référence comme milieu. La gencive doit être visible. Ni les dents mandibulaires, ni les écarteurs ne doivent être visibles. L’utilisation d’un « contrasteur » est optionnel et doit apparaître, si c’est le cas, sur les photos avant/après.

9. Bloc incisivo-canin maxillaire, écarteurs, rapport 1:1,5, vue de trois quarts droite : (Fig. 5)

Idem que précédemment avec le milieu sur l’incisive latérale.

10. Bloc incisivo-canin maxillaire, écarteurs, rapport 1:1,5, vue de trois quarts gauche : (Fig. 5)

Idem que précédemment.

11. Arcade maxillaire, écarteurs et miroir occlusal, rapport 1:3, vue occlusale : (Fig. 6)

 

Ne pas tenter de prendre cette photo sans écarteurs, le bombé des faces vestibulaires des dents doit être visible. Une prise de vue à 45° doit permettre de voir aussi bien les faces vestibulaires que les faces linguales des dents. L’émergence du nez et les dents non réfléchies dans le miroir, ne doivent pas être visibles. Toute buée doit être éliminée.

12. Arcade mandibulaire, écarteurs et miroir occlusal, rapport 1:3, vue occlusale : (Fig. 6)

Idem que précédemment, la langue ne doit pas gêner la vision des faces linguales des dents.

_Un protocole plus rapide

La possibilité en photographie numérique de visionner immédiatement les images sur un écran à cristaux liquides (LCD), nous a apporté un gain de temps considérable. Une fois que votre appareil dit « reflex » sera réglé pour la prise de photographies numériques dentaires (voir partie I), très peu d’ajustements seront nécessaires pour réaliser tous les clichés des interventions chirurgicales et esthétiques, requis pour l’exercice de la profession.2

Seuls trois réglages doivent en effet être pris en compte et modifiés pendant les prises : le rapport de grossissement de l’objectif, le système d’éclairage et l’ouverture du diaphragme.

1. Le rapport de grossissement :

Les rapports de grossissement étant gravés ou imprimés sur le fût de l’objectif, il est très aisé de passer rapidement d’un rapport à l’autre. Les rapports (1:1,5) pour les clichés rapprochés et (1:3) pour les clichés du sourire, doivent être clairement repérés et facilement identifiables, alors que le rapport (1:15) pour les portraits sera obtenu par mise au point manuelle en fonction de la distance entre l’appareil et le patient. À noter que pour les appareils photo dits « plein format » le coefficient multiplicateur de 1,5 ramène les rapports à 1:1, 1:2 et 1:10.

2. Le flash :

De nombreux praticiens choisissent un flash annulaire par commodité. Le flash annulaire crée un éclat lumineux uniforme, ce qui est utile pour photographier les dents postérieures, les zones d’accès difficile et les régions intra-orales au moyen de miroirs. L’utilisation d’un flash ponctuel sera si possible privilégiée pour les portraits. Cette fonctionnalité est parfois accessible sur certains flashs annulaires dits « hybrides » (tubes indépendants).

3. L’ouverture du diaphragme :

L’ouverture du diaphragme se règle à partir du mode priorité à l’ouverture (indiqué par « Av »). Il est recommandé une ouverture du diaphragme à 8 pour le portrait et 22 pour toutes les autres photos du bilan.

4. Récapitulatif des réglages à modifier au cours de la prise du bilan standardisé2 :

_Flash ponctuel – (1:15) – f/8 – pour les photos de portraits.

_Flash annulaire – (1:3) – f/22 – pour les photos dentaires, notamment le sourire naturel, ainsi que les clichés d’arcades pris avec un écarteur, et les vues occlusales avec miroirs.

_Flash annulaire – (1:1,5) – f/22 – pour les photos dentaires, notamment les clichés rapprochés du bloc incisivo-canin pris avec écarteurs.

À noter concernant les prises de vue, pour passer d’une photo latérale à une autre, que c’est au patient de tourner/basculer la tête et non au praticien de se déplacer autour du patient, la saisie n’en sera que plus rapide et plus confortable. Des écarteurs automatiques présentent l’avantage d’écarter les joues de manière symétrique ; un écarteur labial est également approprié pour les photos avec miroir.

À noter concernant les réglages, dans un but de simplification et standardisation de ces derniers, que les 3 photos macro peuvent paraître légèrement surexposées et les 2 photos occlusales légèrement sous-exposées : il est recommandé de régler l’ISO et la compensation du flash de votre appareil en tenant compte de ces paramètres et d’utiliser des miroirs de bonne qualité. La priorité reste d’obtenir des photos du sourire et des arcades, avec l’exposition adéquate.

_Un protocole plus efficace

La photographie dentaire est un merveilleux outil pour vous permettre d’apprécier ce qu’un traitement en cours peut permettre d’accomplir (Figs. 7a et 7c), valoriser le clinicien que vous êtes, ainsi que votre patient (Figs. 8a–c).

Les patients sont ainsi évalués dès la première visite, avec prise de photographies numériques et éventuellement élaboration de modèles d’étude. Un logiciel d’imagerie dentaire peut être utilisé pour présenter aux patients des « simulations de sourires » et les résultats envisageables (Fig. 7b). Grâce à ces ingénieux programmes, les patients peuvent se rendre compte de ce qui est possible.3

Afin d’obtenir le plus d’acceptation de la part du patient, une photo « portrait studio » qui met en valeur le patient est fortement recommandée (Fig. 7a). Au lieu du flash intégré à l’appareil photo, un mode sans flash utilisant des lumières continues est privilégié, afin d’obtenir des expositions du visage plus douces et qui paraissent moins « médicales » (Fig. 9).

Bien entendu, il faut toujours être très prudent avant de promettre les résultats du traitement affichés sur les écrans. L’imagerie informatique est un outil très puissant pour aider les patients à voir ce que pourrait être leur sourire. Pour bien faire, les chirurgiens-dentistes qui utilisent l’imagerie devraient proposer à leurs patients plusieurs solutions différentes d’amélioration, à des degrés divers, pour leur permettre de prendre une décision plus éclairée.3

La photographie, tout comme la dentisterie, est un art à part entière. Les possibilités d’exposition par des jeux de lumières sont innombrables, rendant la communication – avec les patients jusqu’aux techniciens de laboratoire – riche mais aussi parfois complexe. Le bilan en 12 photos proposé dans cet article, doit être considéré comme un outil de communication parmi d’autres, langage numérique entre praticien ; il est une proposition de référence pour tout praticien souhaitant publier ou passer une accréditation en dentisterie cosmétique.

Note de la rédaction :

  • un webinaire du Dr Grossetti sur « le futur de la photographie en dentisterie cosmétique » pourra être visionné sur notre site www.dtstudyclub.fr, au mois de janvier 2014.
  • L'auteur remercie les laboratoires Oral Arts (Neuilly sur Seine) et Opus One (Agoura Hills – Californie) de leur talents. Il remercie également ses consoeurs et confrères du « Dentisterie Cosmétique – Study Group », association universitaire dont il est membre fondateur (plus d’info sur www.dentisterie-cosmetique.fr)
  • Cet article est paru dans le DT Study Club, Vol. 1, No. 3, décembre 2013.

 

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