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Santé bucco-dentaire en milieu carcéral français

dim. 28 avril 2013

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CLERMONT-FERRAND, France : Une équipe de chercheurs de l´Université d´Auvergne et du Centre de Recherche de la Clinique en Odontologie de Clermont- Ferrand a étudié la santé buccodentaire de personnes incarcérées dans trois prisons françaises concluant que la durée de l´incarcération influait plus que l´âge sur l´état de santé dentaire des prisonniers.

Les prisonniers présentent un risque accru de santé buccale dégradée par rapport à la population générale. Cette augmentation de risques est liée à des facteurs multiples tels que l´origine sociale défavorisée, la consommation de substances psychoactives ou encore une forte proportion de personnes atteintes de maladie mentale dans la population carcérale. De plus, la santé buccodentaire des prisonniers est gérée par des intervenants divers, comprenant les médecins de l'hôpital ainsi que certains étudiants, stagiaires et praticiens dentaires. Peu de données font état des résultats de cette activité.

L´objectif de cette étude descriptive a été de déterminer la santé bucco-dentaire dans le système de soins dans trois prisons françaises. Ainsi, un entretien semi-directifs et un examen dentaire ont été effectué sur 84 prisonniers répartis en deux groupes selon la durée de l'incarcération : le premier de court terme (≤ 2 ans ; 31 sujets, âge moyen : 31 (avec un écart type de 13 ans) et le second, d´une durée à long terme (> 2 ans ; 53 sujets, âge moyen : 43 (avec un écart type de 11 ans).

L´évaluation de la santé bucco-dentaire des détenus a été mesurée par diverses indices CAOD (nombre de Dents définitives Cariées, Absentes ou Obturées) ou l'indice d'évaluation de la santé buccale de l´OMS, la détermination du nombre d´unités dentaires fonctionnelles et par des indicateurs spécifiques sur la mastication.

Par rapport à la population générale (travaux de Hescot et al. 1997), les détenus testés présentent plus d´unités fonctionnelles manquantes et un plus faible taux de dents obstrués. Les auteurs identifient deux causes à cela, premièrement le nombre d’événements traumatiques, plus fréquents en milieu carcéral, qui conduisent à la perte de dents. Deuxièmement une stratégie commune, au moins dans les trois prisons étudiées, qui consiste à pratiquer plus fréquemment l’extraction dentaire en cas d’infection orale. Ces deux raisons peuvent expliquer le fait que la durée de la peine, plus que l’âge, influent sur la santé buccale des détenus puisque 1/3 des personnes incarcérées pour de longues peines déclarent subir une détérioration de leur santé bucco-dentaire en prison alors que leurs habitudes d’hygiène buccale auraient plutôt tendance à s’améliorer au cours de la détention. Le contrôle des infections buccales en milieu carcéral se fait donc au prix d’une perte d’unité fonctionnelle et de lourds problèmes masticatoires en découlent.

Les auteurs insistent sur le fait que la perte d’unités fonctionnelles peut jouer un rôle négatif lors de la réhabilitation sociale du prisonnier ayant achevé sa peine. Ainsi, ils suggèrent qu’un meilleur accès aux soins non-urgents en prison permettrait d’éviter l’extraction dentaire, ce qui serait non seulement un bénéfice pour le détenu, mais aussi pour la société dans son ensemble puisque favorisant leur réinsertion. Cela passe sans doute par une volonté de l’administration pénitentiaire mais aussi par une mobilisation accrue des dentistes et étudiants en dentaires souhaitant intervenir en milieu carcéral.

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