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Un dentiste qui chausse du 42... ,195 !

Chez les messieurs, le Kényan Cybrian Kotut a remporté la 40ème édition du marathon de Paris le 3 avril dernier. Déjà vainqueur du semi-marathon de Paris, il a amélioré son record personnel en franchissant la ligne en 2h07’11. La Kényane Visiline Jepkesho s’est imposée chez les dames au bout des 42,195 km en 2h25’53 (Photo : Marathon de Paris)
Marc Revise, Dental Tribune France

Marc Revise, Dental Tribune France

mar. 10 mai 2016

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PARIS, France : Si 42 kilomètres paraissent irréalisables, voire insensés, il suffit d’avoir terminé une seule fois un marathon pour comprendre que c’est possible. Mais ce que l’on apprend très vite, c’est qu’au-delà de l’épreuve qui demande un très bon mental et de bonnes jambes, il aura fallu la force de caractère pour s’entrainer jour après jour. C’est aussi une surveillance sans faille de son alimentation et son hygiène de vie. Coureur du dimanche moi-même, et humble marathonien, j’ai également compris la difficulté de gagner quelques minutes, j’ai saisi que chaque seconde gagnée au kilomètre se mesurait en efforts quotidiens. C’est en ce sens que le parcours de Mathieu Fillion, dentiste à Clermont-Ferrand, est un bel exemple de pugnacité ! Je l’ai interviewé à l’arrivée du marathon de Paris 2016 alors qu’il finissait en 2:43:23.

Marc Revise : Impressionnant ! Bravo ! Tu es presque frais malgré les 16° aujourd’hui.

Mathieu Fillion : Chaque nouvelle course est un défi à la hauteur de la satisfaction personnelle de franchir la ligne d’arrivée. Aujourd’hui, la barrière des 2h45, sésame pour les championnats de France, restait un objectif difficile à atteindre.

Tu finis sous cette limite, à 2 minutes près ; 143e, es-tu satisfait ?

Sous les premiers rayons de soleil d’une belle journée printanière, je rejoins le sas préférentiel à quelques mètres des intouchables « kenyans ». Après le coup de feu tant attendu, le premier semi a été avalé à toute allure. Parti trop vite, comme beaucoup d’autres, le second semi ralliant la ligne d’arrivée m’a semblé extrêmement long. Après le 35e kilomètre, ne pouvant plus compter sur mes jambes, tout s’est fait au mental. Encore en avance à la borne du 42, j’étais sur une autre planète physiquement et mentalement pour franchir à bout de force la ligne. L’immense joie du devoir accompli m’a redonné vie en quelques minute, c’est la beauté de ce sport.

Revenons au tout début, comment tout cela a-t-il commencé pour toi ?

En janvier 2007, une associée du cabinet me propose une place pour le marathon de Paris en avril. Je n’étais alors qu’un coureur du dimanche, et encore, pas tous les dimanches !

Une première expérience, on peut dire sans véritable préparation...

En effet, après une préparation plus qu’approximative me voilà dans le sas 4h30 à quelques mètres de l’Arc de Triomphe. 3h40 plus tard, je retrouve le même monument, face à moi, avec une étrange sensation de joie et de tristesse. Les batteries étaient complètement déchargées et même si j’avais l’enthousiasme d’avoir accompli un défi, les 10 derniers kilomètres m’ont surtout laissé l’envie de ne plus jamais recommencer une telle course.

Alors quelle mouche t’a piqué depuis ?

De retour au centre de soins dentaires de Clermont-Ferrand où j’étais assistant, le Pr Alain Woda physiologiste et marathonien m’annonce qu’au vu de ma médiocre préparation et de mon chrono, je pourrais vraisemblablement franchir la barrière mythique des 3 heures. La motivation ravivée, je pris la chose au sérieux et un an plus tard sur le même marathon, je bouclais ce célèbre parcours en 2h58.

Moins de 3 heures, j’hallucine, et ensuite ?

Chaque année m’a permis de grignoter quelques minutes en usant mes chaussures sur des marathons tels New York, Berlin et Buenos Aires. En comprenant les méthodes et plans d’entraînement, j’ai pu franchir les seuils psychologiques de 2h55 puis 2h50.

Et maintenant ?

La course à pied est devenue l’élément indispensable à mon épanouissement personnel, tout en me permettant de me projeter sur des objectifs annuels. Le sport favorise mon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.

Et ta vie hors des chaussées bitumées justement ?

Je fais attention à ne pas rompre l’équilibre avec une pratique sportive rognant sur les heures de cabinets ou la vie de famille, déjà soumise à rude épreuve pendant les mois de préparation ! Par ailleurs, passionné par mon métier et par la pédagogie, je prends plaisir à lire, préparer des conférences et rédiger des articles. La richesse des échanges avec mes confrères demeure essentielle à mon exercice…

As-tu l’intention d’évoluer vers d’autres disciplines d’endurance ?

Oui, ma pratique a déjà évolué vers le trail. J’ai accompagné en tant que « pacer » mon ami Thomas Lorblanchet à la Western State 100 miles où j’ai pu courir avec les grands champions de la discipline. Thomas a été champion du monde de trail en 2009 et quadruple vainqueur du grand trail des templiers. C’était mon « lièvre » aujourd’hui, je le remercie. Je pratique aussi le vélo et je suis un passionné de montagne : j’ai quelques belles courses de haute montagne à mon actif dans la vallée de Chamonix.

Si tout coureur qui passe la ligne d’arrivée après 42,195 km peut se prévaloir du titre de marathonien, on ne peut parler de sport de haut niveau qu’en dessous des 3 heures, sachant que personne n’a jamais couru à ce jour cette épreuve en moins de 2:02:57* Le Kényan Dennis Kimetto en septembre 2014 à Berlin et, 2:17:42 pour les femmes par Paula Radcliffe (UK) à Londres en 2005. Mathieu termine 143e sur plus de 50 000 inscrits. À suivre...

Contact : mathieufillion@yahoo.fr

Note de la rédaction : Article publié dans le journal Dental Tribune édition France du mois de mai 2016.

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