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Entretien: "Ce sont des temps passionnants que nous vivons."

Prof. Thimios Mitsiadis. (DTI/Photo Courtesy of the University of Zürich)
Jeannette Enders, DTI

Jeannette Enders, DTI

lun. 1 novembre 2010

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DT Entretien en ligne avec le Professeur Thimios Mitsiadis, Directeur de l'Institut de Biologie Buccale à l'Université de Zürich, au sujet de la recherche sur les cellules souches dans l'art dentaire et quelles sont les chances sont de recréer des dents.

DT Online : Professeur Mitsiadis, quels facteurs déterminent la formation d'émail?

 

Prof. Thimios Mitsiadis : C'est un processus très complexe qui est déterminé par l'épithélium dentaire à un niveau très précoce et différent, en cela, de l'épithélium de la peau qui recouvre le corps. Il y a une multitude de facteurs de transcription, dont un, le Ptx2, qui régit la formation de des épithéliums oral et dentaire. Ceci dit, il y a d'autres facteurs de transcription. Pour l'instant, nous connaissons seulement de Tbx1 qui co-forme les améloblastes. Bien sûr, il y a des facteurs de transcription supplémentaires que nous ne connaissons pas encore beaucoup qui sont régulés par certains facteurs de croissance. Les facteurs de la transcription interviennent en un délai très court pour former l'émail. C'est un processus très complexe, du début à la fin de la formation.

 

Quels facteurs peuvent interrompre la formation de l'émail ?

 

L'émail dentaire peut être endommagé dès le début parce que des facteurs génétiques empêchent la formation correcte de l'émail. Cependant, des facteurs épigénétiques, qui se produisent au cours d'une grossesse, par exemple, résultent en une détérioration de l'émail dentaire se manifestant par des discolorations.

En plus, nous examinons actuellement les effets du fluor. Le fluor protège la dent mais peut aussi induire sa décomposition pendant le processus d'amélogénèse. D'autres facteurs épigénétiques, tels la consommation d'alcool, peuvent affecter la formation de l'émail dentaire.

 

L'érosion dentaire est un problème croissant qui est certainement induit par l'augmentation de l'espérance de vie. Cependant, les statistiques démontrent que les patients les plus jeunes sont également, de plus en plus, affectés. Quelle est la cause de ce développement, de votre point de vue?

 

Oui, c'est un fait que la perte d'émail a été détectée principalement chez les personnes assez âgées. Mon opinion est que deux facteurs doivent être considérés ici. De nos jours, connaissons bien la prévention, mais, dans le passé, beaucoup de gens n'ont pas suffisamment pris soin de leurs dents. Les considérations de santé générale et d'autres maladies ont été jugées plus importantes. La recherche et les médicaments dans ces domaines se sont considérablement améliorés. Cependant, nous nous sommes rendu compte, avec le temps, que nous n'avions pas accordé d'attention suffisante à nos nombreux problèmes dentaires.
Une autre cause possible est les mouvements migratoires. Nous avons tendance à voyager plus et habiter dans plusieurs pays. Par exemple, je suis né en Grèce mais, maintenant, j'habite en Espagne avec mon épouse, Espagnole. Mes enfants, par conséquent, possèdent des caractéristiques des deux nations. Cela peut résulter en anomalies et détériorations de l'émail.

 

Quelles perspectives innovatrices découlent de ces nouvelles constatations?

 

Ce sont des temps passionnants que nous vivons. Il est évident que, dans un futur proche (20 à 30 ans), nous seront capables de créer des nouveaux tissus, grâce à la microbiologie et à la génétique. Les études cliniques qui portent sur l'utilisation de cellules souches dentaires pour la régénération de l'os de la mâchoire sont déjà en chemin. Il est indéniable que les progrès dans cette direction sont accomplis. Nous avons simplement besoin de plus d'informations pour obtenir une protection naturelle.

 

Quel progrès ont-ils été réalisés dans les recherches sur le rôle des cellules souches dans la formation de l'émail?

 

Nous avons formé récemment un consortium européen avec des chercheurs qui travaillent sur les cellules souches, en Allemagne, Finlande, Suisse, Italie et en France. L'objectif du consortium est d'isoler des cellules souches de dents, du visage et de la tête, et de les utiliser pour générer des ersatz. Avec des cellules souches, par exemple, des implants naturels pourraient être conçus. Il y a aussi des recherches, menées en Italie, pour recréer des dents mais, à mon avis, c'est beaucoup trop complexe pour aboutir en ce moment. À ce stade, nous devrions seulement nous concentrer sur la création de tissus de remplacement pour les structures endommagées ou détruites, tels la dentine et les tissus dentaires.

 

Merci beaucoup pour cet entretien.

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