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Existe t-il vraiment une dentisterie féminine ?

Dr Laurence Bury

Dr Laurence Bury

ven. 20 septembre 2013

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La première consultation avec un nouveau patient est toujours un moment privilégié pour faire connaissance. Dans les questions systématiquement posées : comment êtes-vous venu dans mon cabinet ? Il est fréquent d’entendre comme réponse : « parce que vous êtes une femme ! » Peut-on néanmoins parler d’une dentisterie au féminin ?

Avec la parité homme-femme, l’égalité du cursus et les diplômes, et souvent même les résultats brillants obtenus dans les différents examens et concours, les femmes ont investi en force les études de médecine. Leur goût pour communiquer, aider, soigner et s’occuper des autres les motive dans le choix de leur carrière. Les femmes se tournent de plus en plus vers l’art dentaire, car cette profession permet de concilier vie familiale et professionnelle. De plus, il y a un désintéressement des hommes pour une profession qui s’avère ne plus être aussi lucrative.

Carrières en pointillé

L’engagement des hommes dans leur profession demeure à la fois plus vif et plus entier que celui des femmes. Ils sont plus nombreux à associer le travail à leur conception du bonheur. Leur activité est organisée autour du pouvoir et de l’argent. Ils tiennent à ce que le produit de leur travail survive à l’effort qu’il a nécessité. Ils sont d’autant plus heureux quand leurs enfants suivent la même voie qu’eux. Les femmes sont moins concernées par les traces matérielles qu’elles laisseront. Elles le sont d’avantage par les aspects quotidiens de leur occupation professionnelle, qu’elles vivent sur un mode personnel.

Les femmes dentistes travaillent plus volontiers dans une pratique de groupe. Cependant, l’association dans un exercice professionnel entre hommes et femmes est encore soumise à une certaine domination « mâle » sans pour autant être forcément machiste. C’est pourquoi les femmes préfèrent s’associer entre elles, éliminant ainsi les problèmes de sujétion. Cela permet à chacune d’exercer avec un temps de travail moindre (elles travaillent en moyenne une journée et demie de moins que les hommes), s’accorder une aisance matérielle qui les rend indépendantes, les valorise socialement et permet une vie familiale ou privée plus épanouie. La grande différence provient de l’interruption de carrière, une femme dentiste travaille au même rythme que ses collègues masculins les trois à cinq premières années de son exercice, puis s’arrête ou ralentit son exercice aux naissances des enfants, pour ensuite reprendre comme avant.

Il en résulte qu’un plus grand nombre de femmes sont salariées, elles évitent ainsi les problèmes liés à la gestion d’un cabinet, c'est-à-dire toute l’organisation matérielle, administrative et financière.

Plus productives

Quel que soit le type d’exercice choisi, libéral ou salarié, la notion d’efficacité semble liée à la vie courante de la femme. Pour un même temps passé au cabinet, leur journée est plus productive. Pour chaque acte, un matériel de pointe est utilisé, l’achat de ce matériel est compensé par un résultat optimum dans un temps minimal. L’acquisition de nouvelles machines technologiques est caractéristique du comportement global de la vie d’une femme. Elle a tant de choses à faire, n’a pas de temps à perdre, et ne peut dépasser son temps de travail car une autre vie l’attend à la maison...

Des consommateurs différents

Pour l’achat de ces nouveautés, les hommes et les femmes réagiront comme des consommateurs très différents. De façon générale, la femme tend à rassembler beaucoup plus d’informations que les hommes avant de procéder à un achat. L’objectif ultime de leur recherche est de mettre la main sur des informations déterminantes, dignes de confiance, qui dresseront un portrait honnête du produit (les points forts comme les points faibles). Elle prend le temps de comparer les produits offerts sur le marché, consulte plusieurs sources d’informations et valide celles-ci en privilégiant le bouche à oreille. Le processus peut paraître long et laborieux, mais au final sa satisfaction est grande et elle reste fidèle à la marque. L’homme est plus impulsif dans ses achats et souvent son acquisition finit au fond du tiroir.

La double journée

Comme beaucoup d’autres femmes, les femmes dentistes mènent une « double vie », associant à la fois leur métier et la gestion de toute l’organisation de la vie familiale. Cela implique les tâches ménagères, qu’elles sont plus ou moins obligées de déléguer. Cela implique aussi les obligations éducatives et scolaires partagées avec le conjoint, ceci dans les conditions habituelles, mais que la femme, parfois seule, assume totalement. De ce fait, la liaison avec le monde professionnel et la formation continue passe essentiellement par le biais de revues dentaires et par Internet, qui permettent le maximum d’informations tout en étant présente le plus possible au fauteuil et à la maison.

Sens de l’écoute et équilibre

Les hommes ont tendance à économiser leurs mots. Ils vont droit à l’essentiel. Les femmes sont plus dans un type de communication à visée affective. Les mots traduisent leurs pensées autant que leurs sentiments. Avant de parvenir à une conclusion, elles peuvent se livrer à quelques digressions pour retenir l’information de leur interlocuteur et de ce fait rendre l’échange avec le patient plus humain. De par sa nature même physiologique, il se crée un comportement relationnel, vis-à-vis des patients, mais aussi professionnel, qui fait que la femme réagit différemment devant les problèmes posés.

Les patients bénéficient généralement d’une écoute qui permet une perception émotionnelle qui les rapproche du praticien femme. Celle-ci, plus intuitive, accorde une attention « plus maternelle » aux problèmes soulevés par chaque patient. De ce fait, un climat de confiance s’établit plus facilement et un rapport efficacité et douleur semble une des caractéristiques spontanément attribuée à la féminité. Selon cette même psychologie féminine, l’orientation vers la prévention, la pédodontie, l’orthopédie dento-faciale attirent plus volontiers les femmes. L’esthétique semble innée chez la femme, elle y sera sensible et d’autant plus attachée.

Semblables mais différents

Chaque sexe possède des valeurs féminines et masculines. La prédominance chez un être d’une de ces valeurs influera sur son comportement. En réalité, s’il existe des différences dans l’exercice de notre profession, ce n’est pas sur la qualité des travaux, mais sur la manière d’y accéder. À valeur professionnelle égale, les femmes apportent au patient un suivi plus qualitatif. Hormis ce qui touche à l’activité professionnelle, nos besoins, nos attentes sont certainement très différents de ceux de nos confrères masculins.

Inégaux face aux maladies professionnelles

Devant des conditions de travail particulièrement éprouvantes, les praticiens porteront leur douleur de façon inégale. Alors que les hommes en auront  « plein le dos » (douleurs lombaires et sciatique), la femme souffrira plus de céphalées et de douleurs cervicales, les allergies et les troubles visuels sont plus souvent constatés chez les femmes que chez les hommes. Les femmes sont plus sensibles au stress ou moins portées à le refouler. Cependant, du fait que l’occupation professionnelle ne représente qu’une fraction des nombreuses activités offertes dans leur vie, elles semblent afficher un meilleur équilibre nerveux.

En dehors de ce qui touche l’activité professionnelle, nos besoins, nos attentes sont certainement très différents de ceux de nos confrères masculins. D’ici 2030, plus de 45 % des chirurgiens dentistes seront des femmes. Voyons comment sera l’exercice de la dentisterie au féminin dans quelques années !

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