Guide pour soutenir le traitement des patients épileptiques

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Guide pour soutenir le traitement des patients épileptiques

Si les patients épileptiques nécessitent des options de traitements spécifiques, un guide récemment publié facilite la mise en place d'un plan de traitement dentaire personnalisé, quelle que soit la gravité de l'épilepsie du patient. (Photo : Berit Kessler/Shutterstock)

MECCA, Arabie Saoudite : Touchant plus de 70 millions de personnes dans le monde, l’épilepsie est un trouble qui peut donner à réfléchir aux professionnels de l’art dentaire, car le traitement des patients épileptiques peut être complexe, et de nombreux cliniciens peuvent se sentir démunis pour fournir des soins suffisants. Des chercheurs de l’université Umm Al-Qura, en Arabie saoudite, ont élaboré un guide de référence pratique, à l’intention des chirurgiens-dentistes qui souhaitent se sentir en confiance lorsqu’ils soignent des patients atteints d’épilepsie de gravité variable.

Adopter une approche multidisciplinaire

Outre des suggestions pour consulter le neurologue du patient, le guide souligne l'importance pour les professionnels dentaires d'être en mesure d'identifier les facteurs de risque et de déclenchement pour leurs patients épileptiques. Chez les patients dont l'épilepsie est mal contrôlée, les facteurs de déclenchement sont utiles pour déterminer ce qui pourrait potentiellement provoquer une crise pendant le traitement dentaire. La compréhension des traitements de base de l'épilepsie et la capacité à différencier les différents types de crises sont utiles pour le traitement dentaire, en particulier lorsqu'il s'agit d'estimer la durée d'un épisode survenant pendant les soins dentaires, et de déterminer si le patient a besoin ou non d'une intervention médicale supplémentaire.

Le guide fournit une référence pratique pour l'évaluation essentielle du type de crise, des symptômes typiques rapportés avant l'apparition de la crise, et des descriptions des événements corporels pendant un épisode. Les patients qui connaissent bien leur état peuvent indiquer à leur médecin traitant qu'ils présentent des symptômes annonçant une crise d'épilepsie, ce qui permet aux chirurgiens-dentistes de s'y préparer. Les praticiens peuvent également vérifier auprès des patients dont l'épilepsie a été diagnostiquée, s'ils prennent régulièrement leurs médicaments, s'ils ont eu plus de crises récemment, s'ils ont besoin d'une attention particulière pour éviter les déclencheurs, et s'ils mangent régulièrement – le taux de glucose sanguin étant un élément clé de la prévention des crises pour certains patients.

Sensibilisation aux médicaments

Une bonne connaissance des soins épileptiques est également essentielle pour faire la différence entre les crises et d'autres problèmes médicaux potentiels, tels que les migraines ou les accidents vasculaires cérébraux. Le guide fournit une vue d'ensemble des médicaments antiépileptiques essentiels, pour pouvoir traiter un patient qui pourrait souffrir d'effets secondaires ou avoir besoin de médicaments pour un traitement dentaire, qui pourrait entrer en conflit avec son régime de médicaments antiépileptiques.

Certains médicaments antiépileptiques ont des effets spécifiques sur la cavité buccale, tels que l'hypertrophie gingivale, l'ulcération, la xérostomie, la glossite et la stomatite. L'établissement d'un point de communication avec le neurologue du patient peut donc aider le chirurgiens-dentiste à se sentir plus à l'aise dans l'exécution du traitement et la planification des procédures dentaires.

Citant le valproate de sodium, un antiépileptique courant, comme exemple, les chercheurs notent dans le guide la nécessité d'évaluer si un patient prend ce médicament, car il augmente le risque de saignement. Ils conseillent également de consulter le neurologue du patient lorsqu'il s'agit de prescrire un traitement pour des affections bucco-dentaires, car certains anti-inflammatoires non stéroïdiens, antibiotiques, agents antifongiques et autres médicaments courants dans la pratique dentaire, peuvent interférer avec certains médicaments antiépileptiques.

Communication avec le patient

Collaborer avec le patient épileptique pour établir un plan de soins dentaires à long terme est un moyen précieux de faciliter les soins dentaires, et de faire en sorte que le patient hésite moins à recevoir un traitement dentaire, quel que soit son état épileptique. Il est également essentiel de prévoir des ajustements aux traitements dentaires standard en fonction de l'état du patient, et d'en expliquer les raisons au patient. Par exemple, les chercheurs recommandent les prothèses fixes plutôt que les prothèses amovibles, pour des raisons de sécurité en cas de crise, car elles ne risquent pas de se fracturer ou d'obstruer les voies respiratoires.

L'utilisation d'un protège-dents pendant le traitement permet de s'assurer que tous les instruments utilisés seront éloignés de la cavité buccale, si une crise survient pendant le traitement. Expliquer les décisions de traitements spécifiques rend les soins dentaires collaboratifs et augmente la probabilité d'observance du traitement, par exemple en fournissant au patient un protège-dents à utiliser avant une crise, pour aider à prévenir le bruxisme et l'usure des dents.

Protocole d'anesthésie approprié et gestion de l'anxiété dentaire

En ce qui concerne l'application clinique des médicaments anesthésiques, les chercheurs notent que les cliniciens doivent être conscients de la différence entre les crises dues à une surdose de lidocaïne et celles dues à l'épilepsie, et que la lidocaïne traditionnelle avec de l'adrénaline est généralement sans danger pour la plupart des patients. Cependant, lorsqu'il utilise des médicaments pour soulager l'anxiété dentaire, comme les méthodes de sédation consciente, le clinicien doit consulter le neurologue du patient, pour éviter d'inverser par inadvertance l'effet anti-crise du médicament du patient lors de l'inversion de la sédation. Le risque de surdosage est réel chez les patients épileptiques traités avec des benzodiazépines, car ils ont une tolérance beaucoup plus élevée aux sédatifs utilisés en dentisterie, tels que le midazolam, ce qui justifie l'établissement d'un plan de soins avant le traitement. Des techniques non pharmacologiques pour l'anxiété dentaire sont recommandées dans certains cas, et l'utilisation de l'échelle modifiée d'anxiété dentaire peut être utile aux cliniciens, pour évaluer l'anxiété et créer un plan de gestion adapté.

Gestion des crises et recherche d'assistance

Le guide comprend également des tableaux utiles détaillant la gestion des soins en cas de crise, comme la manière de débarrasser la zone de traitement dentaire des plateaux ou des machines, l'enregistrement des détails de la crise, l'évaluation des signes vitaux, et la détermination du moment où un traitement médical supplémentaire peut s'avérer nécessaire. Il est essentiel de pouvoir évaluer la gravité d'une crise, pour savoir si un patient a simplement besoin de se reposer dans la salle de soins avant d'être raccompagné chez lui, ou si une équipe de soins d'urgence doit être appelée. Le guide fournit des conseils de prudence, des procédures détaillées et des conseils sur l'administration des médicaments d'urgence.

L'élaboration d'un plan pour et avec chaque patient contribuera grandement à aider le chirurgien-dentiste, et le patient à se sentir plus confiants dans le traitement. Un plan de soins individuel, qui peut impliquer la recherche d'alternatives utiles aux protocoles de traitement traditionnels, augmente la probabilité d'une amélioration de la santé bucco-dentaire à long terme, que la majorité des patients épileptiques ont du mal à maintenir.

Le guide, intitulé « Special care dentistry and epilepsy », a été publié en ligne le 10 juin 2023 dans le King Khalid University Journal of Health Sciences.

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