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ICD - Honorer les meilleurs dentistes du monde depuis 1920

Le ministre de la Santé et des affaires sociales de Taïwan Chen Shih-Chung (gauche) lors de la réception du hashtag icd100 du Dr Dov Sydney (droite) dans le cadre du coup d'envoi de la campagne du centenaire. (Photo : Taïwan CIM)
Nathalie Schüller, DTI

Nathalie Schüller, DTI

jeu. 17 mai 2018

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L’ICD (International College of Dentists) célébrera son centenaire en 2020. L’ICD est la plus ancienne et la plus importante société honorifique de chirurgiens-dentistes dans le monde. Ses fondateurs, les Drs Louis Ottofy et Tsurukichi Okumura, lui ont donné le jour dans l’esprit de réunir des chirurgiens-dentistes hors pair qui entretiendraient la collégialité professionnelle et l’amitié, assureraient le suivi et l’évaluation des progrès de la dentisterie à l’échelle internationale, et communiqueraient ces informations aux praticiens du monde entier.

Aujourd’hui, l’ICD regroupe 122 pays affiliés et 12 000 membres, aux cultures et origines sociales diverses, aux expériences professionnelles différentes. Le collège a pour but de reconnaître les contributions remarquables apportées à la profession dentaire, dans le respect de ses valeurs profondes : leadership, reconnaissance, humanisme, éducation et liens professionnels. Au nom de Dental Tribune Online, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec le Dr Dov Sydney, rédacteur et directeur international des communications, et président du comité chargé d’organiser le centenaire de la société.

Dr Sydney, pourriez-vous me dire comment et pourquoi vous avez rejoint l’ICD ?

Oh, d’une manière très habituelle pour l’ICD. Un de mes patients était dentiste et m’a parlé de son bénévolat dans une clinique pour aveugles de l’ICD. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’était l’ICD. Il m’en a alors parlé davantage et m’a demandé si j’aimerais participer aux activités de la clinique et aider les patients. Vu mon expérience et mon CV, il m’a également dit qu’il proposerait très volontiers ma candidature de membre au collège. C’était en 1996 et j’ai accepté avec beaucoup de fierté. J’ai été actif dans le district d’Israël, puis je suis devenu régent, rédacteur et gestionnaire du site Web du Conseil de la section européenne. Plus tard, on m’a demandé de siéger à la haute direction internationale de l’organisation en tant que rédacteur et directeur international des communications de l’ICD.

Quoique notre organisation se concentre sur l’amélioration de l’accès et de la qualité des soins de santé buccodentaire, nous sommes aussi une société professionnelle de valeurs et d’intérêts partagés, et il y règne donc un véritable esprit de convivialité et de camaraderie : nous nous rencontrons aux niveaux régionaux et internationaux dans le cadre d’entretiens sérieux et aussi d’événements sociaux. Nous sommes un groupe unique au sein duquel il n’existe ni atmosphère de compétition ni besoin de démontrer sa propre réussite ou son nombre de publications personnelles. Ceci est loin d’être une chose courante dans bon nombre d’associations professionnelles. Je pense que chacun en est conscient et apprécie cette facette unique de l’ICD. L’ICD encourage les relations concertées et partagées, guidées par le principe universel selon lequel tous les membres sont égaux, quelle que soit leur origine nationale, leur culture ou leur langue.

Les candidats à l’adhésion sont-ils tous proposés par des membres ?

Oui, il convient d’être proposé par deux membres honorables. Supposons un candidat qui vit en Allemagne. Deux membres du collège devront le proposer au comité du district allemand, qui, sur recommandation du comité d’examen des titres professionnels, communiquera la proposition de candidature à l’ensemble du conseil de la section européenne (composé des 35 pays membres européens) aux fins d’un vote. La décision sera ensuite transmise au siège mondial de l’ICD pour clôturer le processus et préparer les certificats. Il s’agit donc d’une longue démarche mais elle est nécessaire pour assurer l’étude approfondie des normes et des documents, qui sont indissociables des procédures d’examen effectuées par des pairs.

Quelle est la condition fondamentale pour être proposé ? Des projets réalisés en dentisterie, un travail humanitaire, ou les deux ?

Les candidats doivent avoir apporté une contribution majeure à la dentisterie dans plus d’un des secteurs suivants : communauté universitaire / enseignement, recherche, participation à des programmes humanitaires, encadrement ou activités de services. Autrement dit, ils doivent avoir eu une influence notable sur la dentisterie et sur la société.

Quelle est votre plus grande satisfaction, ou votre motivation principale, au sein de l’ICD ?

En tant que rédacteur et directeur international des communications, je consulte tous les rapports et photographies des événements et des projets organisés dans le monde par l’ICD.

Je dois choisir ceux qui paraîtront en ligne et dans notre journal. C’est la raison pour laquelle je vous ai envoyé une photo de l’édition 2015 du journal de l’ICD, The Globe. Cette photo illustre bien le type d’impact produit par bon nombre de nos projets sur les gens qui bénéficient de la bienveillance et du dévouement de l’ICD. Tout se lit dans leurs yeux - une image palpable de ce qu’est la générosité d’un être humain prenant soin d’autres êtres humains, dont certains reçoivent des soins pour la toute première fois de leur vie.

Les soins dentaires sont-ils la principale chose dont nous devrions nous soucier dans des endroits du monde aussi démunis ?

Les pathologies orales peuvent généralement être traitées, souvent évitées, et pourtant, si l’on a mal aux dents, on ne peut pas fonctionner ; si l’on perd ses dents, on ne peut pas manger. Dans de nombreuses régions où règne la malnutrition, si des dents fonctionnelles ne sont pas là pour pouvoir manger convenablement et digérer les aliments, c’est la santé en général qui s’en trouve affectée. Il existe en outre des endroits dans le monde où les infections dentaires sont à tel point ignorées et graves qu’elles peuvent mener à une maladie grave et même à la mort.

Notre autre force à l’ICD est que nous analysons l’incidence globale de nos projets sur la communauté. Je me souviens avoir écrit un rapport sur une équipe qui s’était rendue au Népal pour venir en aide à des enfants en grand besoin de soins dentaires. Lors de son arrivée, l’équipe a dû faire face à des problèmes inattendus. Toute la communauté souffrait de diarrhée, une affection très répandue dans le tiers-monde. Les gens peuvent être extrêmement malades et même mourir s’ils sont privés d’eau courante potable. L’eau utilisée pour le brossage des dents des enfants était contaminée. L’équipe a mis en œuvre un programme permettant d’amener l’eau courante dans le village pour approvisionner les toilettes et les lavabos servant au brossage des dents. Le taux de diarrhée a diminué de 75 % à 5 %. Les enfants ont pu retourner à l’école et les adultes reprendre le travail. Ceci est un bon exemple de l’incidence majeure que les projets dentaires de l’ICD peuvent avoir sur une communauté et sur la santé générale de la population concernée par ces programmes.

Comment les projets de l’ICD sont-ils lancés ?

Il existe de nombreux types de projets. Certains sont directement financés par le Global Visionary Fund, qui est le fond mondial de l’ICD. Le collège compte également 15 sections qui possèdent leurs fondations ou fonds pour lancer leurs propres projets. De nombreux membres sont également engagés dans des projets individuels de l’ICD. Dans peu de temps, notre site Web présentera une carte interactive illustrant des centaines de projets. Un visiteur pourra y consulter les projets didactiques, les programmes d’échanges d’étudiants, les missions humanitaires et bien d’autres choses encore. Nous avons actuellement un important programme sur la résistance aux antibiotiques car, aujourd’hui, les antibiotiques deviennent de moins en moins efficaces. Nous coopérons avec les centres pour le contrôle et la prévention des maladies d’Atlanta aux États-Unis, et avec l’Organisation mondiale de la santé pour mettre en place des programmes qui enseignent aux dentistes comment réagir devant une résistance aux antibiotiques. Nous avons également des programmes sur la septicémie et sur la stérilisation.

2020 marquera le centenaire de l’ICD. Quels sont les changements, les progrès et les développements dont vous êtes le plus heureux aujourd’hui ?

Nous sommes passés d’une vision d’organisation internationale, issue de la rencontre il y a 100 ans entre deux dentistes, l’un japonais et l’autre américain, à ce que nous sommes aujourd’hui, une société honorifique dentaire dont l’empreinte est la plus forte de toutes les autres organisations du même type dans le monde. C’est là un fait qui en dit long. Et au fil de ses 100 ans d’existence, le collège a toujours su reconnaître en toute intégrité les chirurgiens-dentistes qui apportent véritablement une contribution majeure à la dentisterie et à la société. Nous ne sommes pas une organisation très connue. À vrai dire, de nombreux dentistes ne connaissent pas l’ICD et nous nous rendons compte que, pour honorer notre devise « Reconnaître le service et l’occasion de servir » et rester attachés à la vision de nos pères fondateurs, nous devons mieux nous faire connaître si nous voulons faire en sorte que les dentistes méritants soient reconnus par le collège.

Le centenaire est un grand tournant pour le collège et il confirme que les valeurs fondamentales de l’ICD sont durables et louables. Les projets, l’organisation et le dévouement de nos membres pour améliorer la santé buccodentaire ne sont possibles que parce qu’ils croient profondément en ce qu’ils font ; si ce n’était pas le cas, l’ICD aurait disparu depuis longtemps.

Je me souviens d’un dentiste qui m’a raconté un jour son besoin de faire ce qu’il voulait et de rester fidèle à lui-même. Il refusait donc toute sponsorisation car il voulait demeurer objectif et ne pas se sentir obligé de promouvoir une entreprise ou un produit. Pour lui, cela aurait été perdre un peu de son indépendance et ne pas pouvoir faire passer le message qu’il voulait donner. Vu les fonds que vous obtenez pour tous ces projets, ces entreprises avec lesquelles vous coopérez, vous est-il possible de rester indépendants et de choisir ce qu’il y a de mieux pour les valeurs de l’ICD ?

Nous avons différents niveaux de mécénat. Nous coopérons avec diverses entreprises, notamment Henry Schein, Modern Dental Group, Dentsply Sirona, Spident, Hu-Friedy et Electro Medical Systems (EMS), ainsi qu’avec des organisations telles que l’International Congress of Oral Implantologists, qui nous apportent leur généreux soutien.

Lorsque nous nous adressons à un mécène, ce n’est pas en tant que conseiller mais en tant que partenaire d’une alliance stratégique de valeurs partagées. Cette alliance comporte divers paramètres et responsabilités mutuelles qui créent une relation symbiotique unique entre le collège et nos mécènes industriels.

Selon vous, quels sont les grands défis auxquels le collège doit faire face aujourd’hui ?

Toutes les grandes organisations du secteur dentaire recherchent de nouveaux membres. Certaines ne procèdent à aucun contrôle, ou le font très modestement, ou alors n’exigent que peu ou pas de preuves de résultats comme condition préalable à l’adhésion, contrairement à l’ICD dont les exigences sont considérées comme les plus strictes de toutes les sociétés honorifiques dentaires internationales reposant sur la reconnaissance. Quelques organisations tentent d’imiter le fonctionnement de l’ICD, et bien franchement, pourquoi pas ? L’ICD est dans la situation unique et enviable d’avoir enregistré une croissance constante du nombre de ses membres depuis dix ans. Les contacts avec nos membres sont étroits et suivis parce que nous nous concentrons sur leurs besoins, nous restons réalistes et nous recherchons sans cesse de nouvelles méthodes novatrices pour améliorer nos communications et nos liens avec eux.

Mais, vu le bombardement continu d’informations sur Internet et via les courriels, nos membres sont des cibles pour les tentatives et la concurrence des médias. Nous réagissons par l’élaboration d’outils de communication innovants mais c’est une tâche continue et sans fin.

Nous avons déjà abordé les idées d’amitié et de passion des membres de l’ICD. Quel est selon vous l’ingrédient principal de la réussite de l’ICD ?

Le dévouement et l’engagement envers les valeurs profondes de l’ICD sont le dénominateur commun ; les membres de l’ICD sont déterminés, individuellement et collectivement, à améliorer l’art dentaire et la vie de ceux qui sont défavorisés. On peut le voir partout où l’ICD est présent.

Il est prévu de célébrer le centenaire partout dans le monde ; chaque section, chaque district et chaque région organiseront des événements. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que nous pouvons escompter avant la grande finale de Nagoya au Japon en 2020 ?

Comme je l’ai dit auparavant, nous comptons 15 sections, 70 districts et 15 régions dans le monde. Tous participeront de différentes façons à la célébration du centenaire. Et chacun sera en 2020 le siège d’un événement qui commémorera cette année spéciale et mènera au grand final à Nagoya en novembre 2020. On y prévoit une cérémonie digne des jeux olympiques, à laquelle participeront des nouveaux membres venus du monde entier, ceci en plus d’un banquet de gala, d’animations magnifiques et de nombreuses surprises !

 

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