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Traitement en une seule visite grâce à la CFAO et la CBCT

Dr Josef Kunkela

Dr Josef Kunkela

mer. 18 décembre 2013

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Jusqu’à tout récemment, mes patients auraient considéré comme pure science-fiction, la possibilité d’un traitement complet, incluant la pose d’une couronne ou d’un bridge en porcelaine, en une seule visite. La technologie de la CFAO (conception et fabrication assistées par ordinateur) a progressé à un rythme stupéfiant, et m’a permis de traiter un cas qui représente un changement de cap dans le domaine.

Cette étude de cas décrit une technique permettant de traiter un patient chez qui une dent est tombée ou a été extraite. En une seule visite, cette personne peut recevoir un implant posé au moyen d’un guide chirurgical fabriqué sur mesure et sur-le-champ. En outre, en fonction de l’indication et du diagnostic, le façonnage et la pose d’un pilier sur mesure, ou la pose directe d’un pilier plein en titane, assorti d’une couronne provisoire ou d’une couronne définitive en porcelaine, peuvent être réalisés au cours de la même visite.

Le guide chirurgical (CEREC Guide, Sirona) qui est élaboré dans l’intervalle de la visite, accélère incroyablement l’ensemble de la procédure, grâce à la visualisation précise des emplacements sur l’image CBCT 3D, obtenue au moyen des logiciels Galaxis et GALILEOS Implant, tous deux développés par Sirona. Le guide permet également une implantation par une technique sans lambeau. La fabrication suivie de l’utilisation immédiate du guide chirurgical, est encore plus importante lors de la pose immédiate d’un implant, après l’extraction de dents pourvues de plusieurs racines, pour lesquelles une implantation à main libre est extrêmement difficile (ou pratiquement impossible).

En plus du guide CEREC Guide, nous pouvons également nous procurer et utiliser le guide CLASSICGUIDE (SICAT), fabriqué sur la base d’une empreinte classique, ou OPTIGUIDE (SICAT), fabriqué sans le besoin de plaques de morsure et d’empreintes. Il est juste nécessaire de scanner la bouche du patient avec l’unité de prise d’empreinte numérique CEREC AC (Sirona), et de réaliser une tomodensitométrie volumique à faisceau conique (CBCT) des mâchoires (en utilisant GALILEOS ou ORTHOPHOS XG 3D). Des trois guides susceptibles d’être utilisés, c’est-à-dire un foret-guide, un manchon ou un canon de forage, seul le CEREC Guide peut être confectionné immédiatement au cabinet dentaire. C’est ce dernier qui a donc été utilisé dans l’étude de cas clinique suivante.

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Étude de cas

Un patient âgé de 55 ans avait refusé le traitement orthodontique permettant de replacer la dent 13 en position correcte, tout en créant un espace suffisant pour le remplacement de la dent 12. La dent avec laquelle le patient avait pris l’habitude de mastiquer était la canine temporaire (dent 53), qui avait été extraite environ 14 jours avant l’implantation. La Figure 1 montre l’espace laissé après l’extraction de la dent 53. Le patient présentait une agénésie de la dent 12 et la dent 13 s’était déplacée mésialement dans l’espace existant (Fig. 2). Globalement, le patient était en bonne santé et ne souffrait d’aucune maladie héréditaire.

Nous avons donc débuté le traitement par la prise d’une empreinte classique de la mâchoire, où nous envisagions la pose d’un implant pour remplacer la dent absente. Nous avons utilisé un plâtre à prise rapide, bien adapté pour la fabrication du modèle en plâtre-pierre (Fig. 3). Nous avons placé un corps de référence sur le modèle, au niveau du site implantaire prévu, afin de déterminer la taille appropriée (trois tailles sont disponibles : petite, moyenne et large).

Le corps de référence doit être contigu aux dents adjacentes et occuper la plus grande surface possible de l’espace, mais il ne doit pas être logé entre les dents adjacentes pendant la mise en place. Après avoir déterminé la taille optimale, nous avons humidifié le modèle en plâtre-pierre avec de l’eau et y avons appliqué un bloc de matériau thermoplastique, ramolli avec de l’eau chaude, afin de recouvrir une ou idéalement deux des dents adjacentes, sur chacun des côtés. Lorsqu’il est correctement chauffé, le thermoplastique apparaît vitreux et translucide, et sa transparence indique également son intervalle de plasticité (c’est-à-dire sa température de ramollissement). L’opacification du matériau signifie que le durcissement a commencé. Nous avons inséré le corps de référence (taille moyenne dans ce cas ; Fig. 4) alors que le thermoplastique était encore chaud et disposé sur le modèle en plâtre-pierre. La transparence du matériau permet de visualiser et de vérifier la manière dont le corps de référence est placé, par rapport à l’espace édenté. Des corrections peuvent toujours être apportées, jusqu’au moment où le matériau devient opaque. Les contre-dépouilles du modèle en plâtre-pierre peuvent être préalablement masquées, par exemple au moyen d’un composite (autre que de la cire), pour séparer plus facilement le bloc de thermoplastique, portant le corps de référence du modèle.

Personnellement, je préfère ne pas masquer les contre-dépouilles, afin d’obtenir le montage le plus précis possible. Même dans le test d’essayage réalisé ensuite dans la bouche du patient, on doit entendre le bruit de claquement caractéristique.

Après confirmation du bon emplacement et de la rétention correcte du dispositif et du corps de référence dans la bouche du patient, nous avons réalisé un examen CBCT au moyen du logiciel GALILEOS ou ORTHOPHOS XG 3D. Il y a lieu de s’assurer que la partie large, comportant le point de repère du corps de référence, est positionnée lingualement, comme le montre la Figure 4, et pas vestibulairement, en utilisant l’ORTHOPHOS XG 3D, car on peut avoir tendance à supprimer cette portion vestibulaire du champ de vision (qui mesure 8 cm x 8 cm). En attendant le chargement de l’image sur le PC, nous avons scanné la disposition du site implantaire sur le modèle, en nous servant d’un dispositif intrabuccal (CEREC AC), et le logiciel a ensuite façonné la couronne prévue en fonction de la forme, de la taille et de l’emplacement corrects dans le futur site implantaire.1

L’image CBCT ayant été chargée, nous avons lancé le programme Galaxis et commencé la planification. La première étape a consisté à convertir le projet de couronne exporté par le système CFAO CEREC, en format *.ssi, car c’est le seul format de fichier que le logiciel Galaxis est capable de lire pour un projet de couronne CEREC (Fig. 5). L’emplacement exact de la couronne dans l’image CBCT permet une lecture précise des limites entre les tissus durs et mous (Figs. 6-8), et l’emplacement de l’implant numérisé
sous la couronne, de sorte que la future liaison de l’implant avec la couronne au moyen d’un pilier, soit possible sur le plan prothétique (Fig. 9). Après l’importation de l’implant numérisé dans le Galaxis, il est devenu clair qu’il fallait utiliser le système CEREC Guide (ou une autre technique chirurgicale guidée) pour ce cas, car les racines des dents adjacentes 14 et 13 provoquaient un important rétrécissement apical de forme conique, dans le site implantaire prévu (Fig. 10). Le manque d’espace entre ces racines nous a contraint de choisir un implant de 3,3/ 8 mm (Swish-Plus, Implant Direct). Une fois l’implant numérisé mis en place, nous avons choisi de poursuivre la procédure et d’éditer le système de manchon. La sélection de cette option ouvre une nouvelle boîte de dialogue intitulée « Corps de référence », dans laquelle nous avons marqué les points repères, au moyen du curseur situé sous l’image. Nous avons déplacé celui-ci, jusqu’à ce que les repères apparaissent sous une forme circulaire et aussi nette que possible. Finalement, nous avons cliqué deux fois sur les trois points repères les plus nets, et le logiciel a effectué une recherche automatique pour déterminer les autres repères (Fig. 11). Ensuite, nous avons confirmé la définition des repères, et le corps de référence est apparu sur les images 2D et 3D (Fig. 12). Pour mieux visualiser l’interaction du trajet de forage et du corps de perçage avec l’implant, le trajet de forage final et le trajet du foret-guide doivent être activés et représentés sur l’image 2D (Fig. 13). Le corps de référence doit être ajusté exactement à l’intérieur du trajet de forage, afin de pouvoir être fraisé.

La partie la plus importante de la fabrication du CEREC Guide est la définition de la valeur D2. Cette valeur, qui correspond à la longueur du foret jusqu’à sa butée, est la distance séparant l’apex de l’implant du sommet du guide. Si l’on mesure la longueur du foret depuis sa pointe coupante jusqu’à sa butée, la valeur D2 est égale à la longueur du foret diminuée de 1 mm, qui est l’épaisseur de la clé de perçage du guide chirurgical. Dans notre cas, l’implant utilisé mesurait 8 mm et la valeur D2 était de
23 mm (24 mm [longueur du foret] moins 1 mm [épaisseur de la clé de perçage]). La valeur D1 est automatiquement modifiée avec la valeur D2 (Fig. 14).

Pour poursuivre, nous avons réexporté les données de cette configuration dans l’unité CEREC AC, sous la forme d’un fichier a*.cmg ou *.dxd. Après l’ouverture du fichier approprié par le logiciel CFAO CEREC 4.xx, le projet de corps de perçage est apparu dans la prévisualisation du fraisage (Fig. 15). À ce moment, nous avons pu placer le bloc de taille appropriée (dans notre cas, « M ») dans l’unité de fraisage (MCXL sur inLab MCXL, Sirona), et sélectionner « Fraisage ». Le fraisage dure environ 12 à 16 minutes (Fig. 16). Nous avons extrait le corps de perçage du bloc et éliminer prudemment la tige de coulée.

Ensuite, nous avons retiré le corps de référence du bloc thermoplastique et, à l’aide d’un scalpel ou d’une fraise fonctionnant à très faible vitesse, découpé une couche mince de matériau thermoplastique à la base du guide, pour permettre au foret de le traverser. Lorsque l’on insère le corps de perçage dans le bloc thermoplastique, il importe de vérifier qu’il est bien introduit dans la direction vestibulo-linguale (Fig. 17).

 

Sirona produit des clés de perçage spécifiques pour chaque taille de bloc (petite, moyenne et grande tailles) et pour plusieurs kits de guides chirurgicaux. Dans notre cas, nous avons choisi les clés de perçage convenant pour le kit chirurgical Straumann pour passer à l’étape suivante, car ces clés sont compatibles avec l’implant d’Implant Direct, utilisé.

Chirurgie

Nous avons commencé par anesthésier le tissu situé autour de la zone de travail, puis nous avons placé le CEREC Guide nettoyé et désinfecté dans la bouche du patient. Nous avons alors vérifié l’ajustage. Le guide doit être stable et ne pas bouger sur les dents. Comme nous utilisions une technique sans lambeau, nous avons commencé par percer le tissu avec le bistouri emporte-pièce approprié (Fig. 18). Nous avons ensuite retiré le guide, puis séparer et éliminer facilement le tissu incisé (Fig. 19). Nous avons remis le CEREC Guide en place et continué avec les forets et clés de perçage suivants.

Nous avons utilisé le jeu de clés pour le kit Straumann (Sirona CEREC – Guide Drill Key Set ST) et avons commencé avec la clé M 2.2 et le foret-guide de 2,2 mm (Fig. 20), suivie de la clé M 2.8 et du foret de 2,8 mm (Fig. 21). Pour terminer, nous avons retiré le CEREC Guide et inséré l’implant SwishPlus de 3,3/8 mm en l’absence du guide, c’est-à-dire à mains libres (Fig. 22).

Restauration temporaire

Nous avons vissé un pilier plein (Implant Direct ; Fig. 23) dans la partie interne de l’implant, et recouvert le trou de la vis avec du téflon. Un examen au scanner intrabuccal a été réalisé immédiatement. Une poudre ne pouvant être utilisée pour scanner le bord d’un tissu mou non cicatrisé, nous avons choisi le nouveau système CEREC Omnicam sans poudre. Ensuite, le logiciel CFAO CEREC 4.xx (Fig. 24) a permis de fraiser la couronne provisoire à partir d’un bloc de résine nanocéramique Lava Ultimate (3M ESPE ; Figs. 25 et 26). Sachant que l’odontologie n’est pas une « Formule Un », le patient a été très satisfait du traitement, lequel avait duré au total 115 minutes.

Conclusion

Cette étude de cas a décrit le flux de travail et la fabrication d’un guide chirurgical CEREC Guide. Toute personne intéressée par cette technique et ses manipulations, est invitée à visiter notre centre de formation en République tchèque, où elle pourra assister à des interventions en direct et participer à une séance de démonstration pratique. Pour obtenir plus d’informations et consulter le calendrier des séances, veuillez visiter le site www.gototraining.cz.

1 - Remarque importante : si la coulée immédiate d’un modèle en plâtre n’est pas réalisable dans votre cabinet dentaire, il est possible d’utiliser un bloc de matériau hydroplastique et un corps de référence de taille appropriée, tout en utilisant un scanner intrabuccal qui doit être placé directement en bouche, sans faire intervenir un modèle en plâtre-pierre.

Note de la rédaction :

  • une liste complète des références est disponible auprès de l’auteur.
  • Cet article est paru dans le magazine CAD/CAM France, Vol.3, N° 4/2013.
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