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Une nouvelle étude sur la prise en charge du risque carieux par les dentistes en pratique clinique

CARMEN est l'une des premières études longitudinales d'observation sur la gestion du risque carieux. (Photo : Pierre Fabre)
Dr Jean Noël Vergnes et coll.

Dr Jean Noël Vergnes et coll.

jeu. 21 janvier 2021

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Le projet Caries Risk Management (CARMEN) est une étude épidémiologique observationnelle longitudinale, menée auprès de dentistes cliniciens de quatre pays européens : la Bulgarie, la Grèce, la Pologne et le Portugal. Peu de données, relatives aux pratiques des professionnels de santé dentaire, existent à l’échelle européenne en matière de recommandations de prise en charge du risque carieux. Le projet vise ainsi à décrire l’adhésion des professionnels à ces recommandations et d’évaluer l’effet de leurs stratégies sur l’évolution des lésions carieuses de leurs patients.

Prise en charge du risque carieux : étude de la pratique des dentistes et de leur adhésion aux recommandations et protocoles de référence—Premières données de constitution de la cohorte

Contexte

Malgré des progrès notoires en matière de prévention et de prise en charge des caries dentaires durant ces trente dernières années, ces affections représentent encore une préoccupation de santé publique importante. Des recommandations de bonne pratique ont été développées, préconisant l’identification précoce de patients à risque et des stratégies préventives adaptées. Toutefois, peu de données existent relatives aux pratiques des professionnels de santé dentaire à l’échelle européenne.

Méthode

Une étude épidémiologique internationale longitudinale, observationnelle, rétrospective et prospective, a été initiée en 2019 auprès de dentistes cliniciens de quatre pays européens : la Pologne, la Bulgarie, la Grèce et le Portugal. Nous présentons dans cet abstract les données initiales de constitution de la cohorte, portant sur la pratique des dentistes participants et la description des patients inclus.

Résultats

Fig. 1: Comparaison de l’adhésion aux recommandations de prise en charge du risque carieux entre dentistes ayant bénéficié ou pas d’une formation spécifique à la prise en charge du risque carieux durant le cursus universitaire.

Cinquante et un dentistes ont accepté de participer à l’étude (quatorze polonais, dix-neuf bulgares, huit grecs et dix portugais), en majorité des femmes (63 %), avec un âge moyen de 44 ans (± 12) et une ancienneté de pratique moyenne de 19 ans. La plupart des dentistes possède une spécialisation : pédiatrie (15,7 %), chirurgie (15,7 %), dentisterie restauratrice (15,7 %), pour 13,7 % de généralistes. Globalement 48 % déclarent avoir reçu une formation à la prise en charge du risque carieux durant leur cursus universitaire, avec toutefois des disparités entre les pays : 78,6 % pour la Pologne, 60 % pour le Portugal 28,6 % pour la Grèce et 26,3 % pour la Bulgarie. La quasi-totalité des dentistes déclare suivre une formation continue, toutefois 72 % d’entre eux seulement se considèrent à jour des connaissances.

La formation spécifique à la prise en charge du risque carieux durant le cursus universitaire est hautement associée à la mise en application de recommandations rapportée dans la pratique courante (95 % vs. 60 %; Fig. 1 ). Plus de la moitié des dentistes déclare procéder à une évaluation systématique du risque carieux, avec des disparités entre les pays : 100 % pour la Grèce, 77,8 % pour le Portugal, 47,4 % pour la Bulgarie et 35,7 % pour la Pologne. L’évaluation du risque carieux repose essentiellement sur l’examen buccal (98 %), l’interrogatoire du patient (79,6 %), l’évaluation du comportement nutritionnel (71,4 %), la radiologie (67,3 %), la fluoration topique (51 %) et les apports fluorés (40,8 %). Dans une moindre mesure, les examens biologiques et le recours à des échelles ou logiciels spécifiques sont également rapportés.

Fig. 2: Croisement du statut socioéconomique des patients avec le risque carieux et la présence de lésions carieuses.

Mille neuf (1 009) patients ont été inclus dans la cohorte, dont 56 % de femmes, avec un âge moyen de 35,4 ans (± 19,7) : 366 pour la Bulgarie, 281 pour la Grèce, 276 pour la Pologne et 86 pour le Portugal. Près de 80 % ont développé récemment des caries, bien qu’ils déclarent à 90 % procéder à un brossage des dents quotidien, en ayant recours à un dentifrice fluoré dans 80 % des cas. On observe plus fréquemment la présence de caries dentaires actives chez les patients avec un statut socioéconomiquement bas. Des caries actives sont ainsi observées chez 33,5 % des patients ayant un statut élevé, 48,2 % avec un statut moyen et 61,2 % avec un statut bas. Le risque carieux évalué par le dentiste suit une tendance similaire : un haut risque carieux est rapporté pour 36,6 % des patients ayant un statut élevé, 48,5 % avec un statut moyen et 70,0 % avec un statut bas (Fig. 2).

L’évaluation de l’état bucco-dentaire des patients à l’inclusion révèle la présence de plaque dentaire dans 53,2 % des cas, de caries actives dans 44,1 % des cas, de cavités et fissures profondes dans 38,2 % des cas. Des fréquences plus élevées sont observées pour les patients portugais (respectivement 67,4 %, 77,9 % et 53,5 %,). Durant la visite d’inclusion, la restauration dentaire a été le soin le plus fréquemment pratiqué (~50 % des patients).

Au cours de la consultation, la plupart des patients ont reçu des conseils en matière d'hygiène buccale ou de régime alimentaire, avec des variations entre les pays (98,9 % en Bulgarie, 92,2 % en Grèce, 78,3 % en Pologne et 64 % au Portugal). Une attitude positive des patients à l'égard de leurs soins et une volonté de coopérer ont été rapportées par les dentistes pour plus de 50 % des patients, avec des variations entre les pays (Bulgarie 68,3 %, Pologne 59,1 %, Grèce 46,3 % et Portugal 29,1 %).

Conclusion

L'équipe de recherche est composée d'experts dentaires de Bulgarie, de Grèce, de Pologne et du Portugal, et de membres de Pierre Fabre. (Image: Pierre Fabre)

Il s'agit de la première cohorte internationale à grande échelle menée pour décrire les pratiques des dentistes concernant les recommandations de prise en charge du risque carieux et l’impact sur leur attitude à l'égard des patients. On observe une disparité significative dans la gestion du risque carieux et les conseils dispensés par les professionnels des quatre pays européens. L’analyse rétrospective actuellement en cours sur les antécédents dentaires des patients durant les trois dernières années, ainsi que le suivi prospectif à venir, permettront de déterminer plus précisément l'impact de l'adhésion aux recommandations des professionnels européens.

Note de l’éditeur : L’étude CARMEN (Caries Risk Management) s’achèvera fin 2022. Il est prévu une publication des résultats finaux dans les deux ou trois années qui suivront. Les premiers résultats n’ont pour le moment fait l’objet d’aucune publication dans une revue scientifique à comité de lecture. Le promoteur de l’étude est le laboratoire Pierre Fabre, qui commercialise des produits de soins et d’hygiène dentaire à destination des professionnels de santé dentaire et des patients.

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