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Forme et couleur – facteurs également dans les matrices sectorielles ?

Cavité préparée après fraisage, équipée du système de matrice sectorielle LumiContrast sous digue dentaire en caoutchouc (rubberdam). (Photo : Claus-Peter Ernst)
Prof. Claus-Peter Ernst

Prof. Claus-Peter Ernst

ven. 23 octobre 2015

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Les restaurations directes avec composites peuvent maintenant être considérées comme une méthode de traitement standard éprouvée dans la région postérieure [1, 3]. Cependant, le traitement peut varier de façon significative en ce qui concerne la prolongation et les contraintes, et ceci peut avoir une influence certaine sur la survie à long terme. Il y a de nombreux facteurs qui déterminent la réussite à long terme d’une restauration avec composite : des bords bien scellés sont principalement garantis par la technique adhésive [2]. Pour les matériaux dentaires, outre la faible contrainte de rétraction [4, 11], le matériau présente également une résistance à la flexion élevée [6, 10] de manière à minimiser le risque que la restauration ne subisse une défaillance de type cohésif. Il est évident qu’une obturation fracturée représente un événement plus alarmant pour le patient qu’un bord décoloré.

Ainsi, pour le patient, la réussite d’un traitement dentaire postérieur direct avec des composites dépend de sa stabilité. Outre la technique adhésive et la sélection de matériaux pour la restauration, la fonction clé essentielle d’une photo-polymérisation adéquate joue également un rôle décisif [5]. Il est entièrement possible de doubler la résistance à la flexion du composite d’un patient en utilisant la technique de photo-polymérisation adéquate. Une autre influence possible sur la stabilité d’une restauration avec composite de dent postérieure est moins bien connue : la forme anatomique correcte de la surface interproximale. Si celle-ci a la forme d’une dent naturelle, le contact interproximal se trouve à la hauteur de l’équateur de la dent, et la crête marginale n’est pas trop excentrée. Ceci réduit le risque de fractures de crête (à la fois les fractures avec écaillage uniquement cohésif et les mélanges de défaillances cohésives/ adhésives plus complexes). Lohmanns et al. [8] ont pu démontrer que la stabilité d’une restauration composite interproximale peut être nettement augmentée en utilisant une matrice dont la forme correspond à la partie anatomique. Le positionnement correct du contact interproximal aide également à obtenir une force de contact suffisante (à condition que les anneaux de serrage soient utilisés correctement). Il est surprenant de constater que la force de contact interproximale n’est pas le résultat de la pression d’un coin en bois ; elle est principalement causée par la force de séparation de l’anneau de la matrice sectorielle [7, 9]. Automatiquement (comme effet secondaire), il en résulte moins d’ingressions interproximales causées par de la nourriture.

Pour cette raison, les matrices sectorielles sont maintenant le premier choix quant il s’agit de concevoir correctement des surfaces de contact interproximales. Les matrices circulaires, même quand leur forme correspond à la partie anatomique, doivent être utilisées lorsqu’il est impossible de fixer des matrices sectorielles. C’est le cas par exemple pour les cavités distales sur la dernière dent d’une arcade, ainsi que pour les dents qui ne sont pas positionnées correctement, comme une dent ayant subi une rotation. L’acceptation générale des systèmes de matrice sectorielle est également démontrée par la vaste gamme de matrices et d’anneaux sectoriels maintenant disponibles. En général, les matrices sectorielles peuvent être approximativement divisées en deux groupes : les matrices en acier malléable et les versions en acier stable. Les partisans des matrices sectorielles malléables aiment leur adaptabilité à la dent. Cependant, les critiques n’aiment pas leur manque de stabilité si un contact interproximal (n’ayant pas été touché et ayant dû être dépassé par la matrice) ou un coin en bois ne peut pas être placé de façon optimale et que, par conséquent, la matrice sectorielle le pousse à l’intérieur de la cavité. Trois cas cliniques sont présentés ci-dessous dans lesquels un nouveau système de matrice sectorielle est appliqué. En raison de la méthode de coloration spéciale malgré l’acier malléable, ce système appartient au deuxième groupe de systèmes de matrice sectorielle stables et donc, d’une certaine manière, utilisés de façon plus sûre.

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Cas clinique 1 : 2ème pré - molaire supérieure droite
Le patient de 48 ans a été traité il y a six mois avec une obturation avec Biodentine (Septodont) à la 2ème prémolaire supérieure droite 15 (Fig. 1). L’obturation provisoire va maintenant être remplacée par une obturation permanente. L’excavation suivante de la cavité occluso-mésiale très profonde a été possible sans aucun problème ; une ouverture de la pulpe a pu être évitée en utilisant cette approche à deux étapes. La figure 2 met en évidence la cavité avec la matrice sectorielle LumiContrast (Polydentia) en combinaison avec l’anneau associé sous l’isolation d’une digue dentaire en caoutchouc (Rubberdam). Cette matrice sectorielle extrêmement stable et donc « infroissable » peut être facilement manipulée et positionnée dans la zone de contact. Un avantage de ce système de matrice porte sur la couleur presque noire qui a été obtenue en utilisant un procédé de coloration spécial (sans revêtement !) pour la feuille métallique. Cela produit un contraste exceptionnel dans la transition vers le tissu dur de la dent et facilite l’inspection du scellement cervical (aucune perturbation causée par les réflexions dans le film métallique). Un coin en bois classique a été utilisé de façon cervicale afin de serrer la marge cervicale à ce niveau.

L’anneau de séparation LumiContrast peut être utilisé dans deux versions, tout d’abord comme illustré sur la figure, correspondant à un anneau de séparation classique en argent. Cependant, il y a également la possibilité de placer de petits ergots triangulaires en silicone pour permettre un meilleur scellement interproximal des côtés, car ils permettent de mieux presser les films de matrices sectorielles sur les côtés des surfaces de préparation interproximales. Ceci n’était toutefois pas nécessaire dans le cas présent. La figure 3 met en évidence la cavité conditionnée avec le gel d’acide phosphorique ; la figure 4 met en évidence la surface adhésive scellée avec un adhésif classique à deux flacons (Optibond FL, Kerr). La restauration a été construite à partir d’un nanocomposite hybride (Venus Diamond A3, Heraeus Kulzer, Hanau, Allemagne) en utilisant une technique d’apposition de couches obliques (Fig. 5). La figure 6 met en évidence la même dent lors d’une autre visite de suivi, un an après.

Cas clinique 2 : 2ème molaire inférieure droite
Le patient de 50 ans présentait une fracture de type cohésif d’une obturation amalgame mésio-occlusale de sa 2ème molaire inférieure droite (Fig. 7). Dans la crête marginale distale, l’on pouvait voir une quantité mineure d’émail présentant des signes d’abfracturation. Après avoir expliqué au patient toutes les options de traitements possibles, il a été convenu que la meilleure option pourrait être la restauration avec composite placée directement. La figure 8 met en évidence la cavité préparée après fraisage, isolée avec digue dentaire en caoutchouc (Rubberdam) et également équipée du système de matrice sectorielle LumiContrast (Polydentia, Suisse). Contrairement au cas 1, les côtés interproximaux étaient beaucoup plus ouverts. Pour cette raison, les ergots triangulaires en silicone ont été adaptés aux anneaux de séparation LumiContrast. Cela a permis une meilleure adaptation de la feuille de matrice sectorielle aux côtés de la préparation et par conséquent, de minimiser le chevauchement de matériaux, permettant ainsi de réduire le travail de vernissage et de polissage. Grâce notamment aux ergots en silicone qui peuvent être placés individuellement au cas par cas, p. ex. un seul pied d’anneau peut devoir être placé avec un ergot, les autres peuvent rester libres. Ceci augmente nettement la flexibilité dans l’utilisation d’un anneau de serrage et simplifie aussi la procédure de préparation, de sorte qu’il n’est pas nécessaire de préparer l’anneau séparément. La figure 9 met en évidence la restauration terminée (Optibond FL /Kerr, Venus Diamond A3/Heraeus Kulzer) ; la figure 10 met en évidence la situation au bout d’un an : la portion distale de l’obturation amalgame dans la 1ère molaire inférieure droite fracturée – ceci a fourni une rare opportunité d’effectuer une inspection visuelle clinique de la surface interproximale de la 2ème molaire inférieure droite créée un an plus tôt.

Cas clinique 3 : 1ère molaire inférieure droite
Le patient de 20 ans présentait une hypominéralisation des molaires et incisives (MIH). Sa 1ère molaire droite inférieure nécessitait une restauration dans la région de la surface occlusale buccale (Fig. 11). Pour des raisons de coût et pour avoir un traitement mini-invasif des caries, il a été convenu avec le patient d’effectuer tout d’abord un traitement direct sous la forme d’une restauration avec composite. La figure 12 met en évidence la cavité préparée après fraisage, équipée du système de matrice sectorielle LumiContrast sous digue dentaire en caoutchouc (rubberdam). Dans le cas présent – semblable au cas 1 – il n’était pas non plus nécessaire d’adapter les ergots en silicone à l’anneau de serrage LumiContrast. Il était possible ici d’obtenir un moulage et une adaptation suffisants de la feuille de la matrice sectorielle. Il est possible de visualiser à nouveau l’excellent contraste entre la feuille de matrice sectorielle presque noire et la crête en émail de la dent interproximo-cervical. La restauration composite directe était à nouveau fabriquée à partir du nanocomposite hybride Venus Diamond (Heraeus-Kulzer), cette fois-ci dans les teintes A2,5 à l’aide d’un système adhésif à deux flacons (Optibond FL, Kerr) (Fig. 13). Une caractérisation de la couleur de la surface occlusale a été délibérément évitée, car l’application de colorant dans la fissure des cas les plus graves pourrait mettre en péril l’intégration globale de la restauration [12]. En général, la plupart des patients préfèrent éviter de tels colorants. Pour eux, il est important que la restauration ne puisse pas être identifiée à une distance normale de conversation. C’est le cas dans la restauration présente. Avec des conclusions complexes comme MIH, la priorité est placée sur la stabilité de la restauration. Cette exigence a été prise en compte de sorte que tous les aspects sectoriels soient satisfaits, c.-à-d. scellement adhésif avec un adhésif éprouvé, utilisation d’un composite de résine stable présentant une contrainte de rétractation réduite, forme anatomique (système de matrice sectorielle suffisant) et photo-polymérisation adéquate.

Prof. Claus-Peter Ernst
Clinique de restauration dentaire pour les patients ambulatoires, Centre médical universitaire de l’université Johannes Gutenberg Mainz, Augustusplatz 2, 55131 Mainz
Chirurgien-Dentiste à Gutenberg-Center,
Haifa-Allee 1, 55128 Mainz Centre médical de l’université Johannes Gutenberg Mainz
Service de chirurgie dentaire
Augustusplatz 2, 55131 Mainz,
ernst@uni-mainz.de

Références :
1. Geinzer E, Muschweck A, Petschelt A, Lohbauer U. Mechanical fatigue degradation of ceramics versus resin composites for dental restorations. Dent Mater 2014 ; n° 30, p. 424-432.
2. Ernst CP: Die 20 beliebtesten Fehler beim Kleben. DFZ 2010 ; n° 11, p. 66–83.
3. Ernst CP: Komposit im Seitenzahnbereich: Möglichkeiten und Grenzen. Quintessenz 2010 ; n° 61, p. 545-557.
4. Ernst CP, Rullmann I, Janssen B, Willershausen B. Polymerization shrinkage stress of bulk fill resin composites. Conférence à la Réunion annuelle 2014 de l’IADR. https://iadr.confex.com/iadr/13iags/webprogram/ Paper170911.html. 5. Ferracane J, Watts DC, Barghi N, Ernst CP, Rueggeberg FA, Shortall A, Price R, Strassler H. Der effiziente Einsatz von Lichtpolymerisationsgeräten – ein Leitfaden für Zahnärzte. ZMK 2014 ; n° 30, p. 166-180.
6. Hahnel S, Henrich A, Bürgers R, Handel G, Rosentritt M. Investigation of mechanical properties of modern dental composites after artificial aging for one year. Oper Dent 2010 ; n° 35, p. 412-419.
7. Loomans BA, Opdam NJ, Roeters FJ, Bronkhorst EM, Burgersdijk RC Comparison of proximal contacts of Class II resin composite restorations in vitro. Oper Dent 2006 ; n° 3, p. 688-693.
8. Loomans BA, Roeters FJ, Opdam NJ, Kuijs RH The effect of proximal contour on marginal ridge fracture of Class II composite resin restorations. J Dent 2008 ; n° 36, p. 828- 832
9. Loomans BA, Opdam NJ, Roeters JF, Bronkhorst EM, Plasschaert AJ Influence of composite resin consistency and placement technique on proximal contact tightness of Class II restorations. J Adhes Dent 2006 ; n° 8, p. 305-310
10.Rosentritt M, Behr M, Kolbeck C, Handel G. Flexural strength of restorative composites after different aging conditions. Conférence à la Réunion annuelle 2014 de l’IADR. https://iadr.confex.com/iadr/13iags/webprogram/ Paper171330.html
11. Rullmann I, Schattenberg A, Marx M, Willershausen B, Ernst CP: Spannungsoptische Messungen der Polymerisationsschrumpfungskraft schrumpfreduzierter Komposite. Schweiz Monatsschr Zahnmed 2012 ; n° 122, p. 8-12.
12. Pucci CR, Barcellos DC, Palazon MT, Borges AB, da Silva MA, de Paiva Gonçalves SE. Evaluation of the cohesive strength between resin composite and light-curing characterizing materials. J Adhes Dent 2012 ; n° 14, p. 69-73

Note de la Rédaction : Article publié dans le Dental Tribune France d´octobre 2015

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