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Interview : "La santé bucco-dentaire a souvent tendance à être considérée comme une préoccupation mineure"

Des employés d'AmeriCares évaluent les dégâts causés par le séisme et le tsunami au Japon. (DTI/Photo: AmeriCares/Tammy Allen)
Daniel Zimmermann, DTI

Daniel Zimmermann, DTI

mer. 28 septembre 2011

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Alors que les efforts de secours au Japon touchent lentement à leur fin, les nouvelles concernant la catastrophe sont devenues rares. Toutefois, Dental Tribune Online a constaté qu'un grand nombre d'organisations de secours étaient toujours en activité dans la zone pour aider à restaurer des infrastructures hautement nécessaires, y compris des cliniques dentaires.

Daniel Zimmermann, rédacteur en chef à Dental Tribune, a eu l'occasion de parler avec Ella Gudwin, vice-présidente du plan d'urgence chez AmeriCares, Stamford, États-Unis, au sujet des besoins dentaires de la population au lendemain de la catastrophe et des raisons pour lesquelles des organisations comme la sienne sont nécessaires pour la réussite du processus de reconstruction ».

Madame Gudwin, vous coordonnez les efforts de secours de votre organisation à la suite du tremblement de terre et du tsunami, au Japon. Quelle est la situation actuelle là-bas ?
Ella Gudwin : La dernière fois que je suis allée à la préfecture de Miyagi, c'était en juin et à l'époque les sentiments étaient mitigés au sujet de la progression. Maintenant, avec le pays entrant dans la phase de reconstruction, de nouvelles questions se posent tandis que les décisions sont prises sur l'endroit où les communautés seront construites et comment elles seront mises en place.

Alors qu'il y a lieu de se réjouir que les populations des zones touchées aient finalement quitté les abris pour des installations d'hébergement temporaire, le processus a été difficile pour certains survivants, en particulier pour de nombreuses personnes âgées qui ne sont pas très enthousiastes à l'idée d'être séparées de leurs anciennes communautés.

A quel point l'infrastructure de la santé était touchée par la catastrophe dans la région où vous travaillez ?
Les services de soins primaires et secondaires ont certainement été les plus touchés. Pour vous donner un chiffre, aucune des six cliniques dentaires qui existaient à Minami Sanriku (une ville côtière dans la préfecture de Miyagi) n'a survécu à la catastrophe. Actuellement, il y a seulement deux installations provisoires de soins dentaires pour desservir une population d'environ 10 000 habitants.

Quels projets pour les soins dentaires développez-vous à Minami Sanriku ?
Sans cesse le Japon a soutenu financièrement la restauration des services de santé comme les soins médicaux mobiles et à domicile pour les personnes vivant encore dans des logements temporaires. En ce qui concerne les soins dentaires en particulier, nous construisons deux cliniques dentaires à Minami Sanriku. C'est le premier projet d'infrastructures de reconstruction que nous avons entrepris au cours de cette phase de transition.

C'est un partenariat tripartite dans lequel nous fournissons 200 000 $ pour chaque structure et intérieur de clinique (400 000 $ pour les deux installations combinées) et l'argent du gouvernement japonais est utilisé pour fournir la majorité de l'équipement et des fournitures. Nous avons choisi le site de chaque clinique après consultation avec le conseil municipal de Minami Sanriku, qui est en charge de la planification de la reconstruction à long terme. L'Association dentaire de Miyagi travaille avec des dentistes locaux comme personnel pour utiliser les nouvelles installations.

En termes d'échelle, nous menons une plus petite opération que beaucoup d'autres organisations dans la région, mais nous sommes très ciblés et aidons à obtenir de l'argent rapidement. Nous ne connaissons pas d'autre organisation se concentrant sur les services de santé buccale pour le moment, nous sommes donc seuls à combler une lacune.

Quelle est l'importance des questions de santé bucco-dentaire chez la population affectée ?
Dans le cas de catastrophes naturelles, la santé bucco-dentaire a souvent tendance à être marginalisée comme une préoccupation mineure mais, avec le temps, il y a habituellement une détérioration lente mais significative de la santé bucco-dentaire. Si vous prenez en considération la démographie de la population dans la zone que nous desservons, qui se compose de beaucoup de personnes âgées avec des prothèses, c'est en effet devenu très important. De plus, il y avait un manque d'eau courante pendant près de six mois, ce qui a eu un impact visible sur l'hygiène dentaire dans son ensemble, car les gens ont arrêté l'exécution de procédures quotidiennes, comme le brossage des dents.

Comment a été faite la coordination avec les autorités locales ?
Malheureusement, le Japon n'a pas adopté le système de regroupement créé par les Nations Unies après le tsunami dévastateur de 2004, qui avait pour but de rassembler toutes les organisations de secours actifs dans le même secteur, telles la santé ou la distribution alimentaire. Bien que le pays ait un très bon mécanisme au niveau macro-économique, la coordination au niveau micro-économique, par exemple dans les villes et villages, a été rarement ad hoc et pas aussi bien orchestrée qu'elle aurait pu l'être. Plus nous avançons maintenant dans la phase de reconstruction, plus le manque de ressources supplémentaires commence à émerger.

La question de la radiation a été très débattue au cours de la catastrophe à cause d'informations contradictoires fournies par les autorités. Quelle est son incidence sur votre travail ?
Heureusement, notre personnel au Japon travaille en dehors de la zone interdite. Nos collègues portent cependant des dosimètres et des tablettes d'iodure comme une précaution d'urgence. Il y a aussi des contrôles hebdomadaires sur des échantillons d'eau et de nourriture, comme le lait, le bœuf et les légumes, menés par les autorités locales.

Combien de temps pensez-vous que votre aide soit requise ?
On prévoit que les cliniques seront opérationnelles pendant au minimum deux ans - peut-être même 10 ans. Dès leur ouverture, nous nous attendons à une reprise des visites parce que les japonais accordent une grande attention aux soins de santé et sont habitués à voir un médecin plus de dix fois par an. Chaque clinique aura la capacité de soigner un maximum de 20 patients par jour, bien que, de façon réaliste, nous attendons d'elles de pouvoir soigner environ 10 patients par jour, selon le personnel disponible sur chaque site.

Notre espoir est que ce projet va contribuer non seulement à s'assurer que les survivants maintiennent une bonne santé bucco-dentaire, mais aussi à les conserver à l'intérieur de la communauté plutôt que de les faire déménager ailleurs, y compris les dentistes qui sont restés sur place.

Merci beaucoup pour cet entretien.
 

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