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L'odontologie médico-légale au cœur d'un ouvrage

La radiographie des dents est une donnée importante pour l´identification des personnes. (Photo Shutterstock : Maja2008)

dim. 12 octobre 2014

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Après plusieurs ouvrages dans le domaine de l´odontologie, Xavier Riaud, chirurgien-dentiste et expert près de la cour d’appel de Paris, s´est associé à un confrère Philippe Brousseau pour donner naissance à un livre « Odontologie médico-légale et serial killers. La dent qui en savait trop. » Les auteurs font un tour d’horizon des tueurs en série qui ont pu être arrêtés après avoir laissé des traces de morsure ou leur ADN salivaire sur le corps de leurs victimes. Au cours de véritables récits relatant l'histoire et les investigations policières qui ont conduit à l'arrestation de ces meurtriers, cet ouvrage est une référence dans le domaine de l’identification odontologique criminelle à destination du grand public.

Observer les dents pour « faire parler » les corps, c'est le métier des spécialistes d'odontologie médico-légale. Popularisée par les séries américaines mais pas encore reconnue en France comme une spécialité à part entière, l’identification odontologique prend une place croissante dans la résolution des enquêtes.

Accidents, incendies ou attentats mais aussi catastrophes naturelles, agressions avec morsures, grand banditisme avec substitution d'identité... Ces spécialistes chirurgiens-dentistes interviennent dans de nombreuses affaires judiciaires.

Philippe Brousseau évoque le cas de « l’enfant martyrisé de Sartrouville » :

« Un couple est accusé d’avoir martyrisé sa fille adoptive. Actes de torture ou de barbarie sur mineure de moins de 15 ans par ascendant ayant entraîné une infirmité permanente. La fillette, âgée de 4 ans à l’époque des faits, était hospitalisée pour la quatrième fois en deux mois, dont deux en réanimation. Entre autres blessures provoquées par des objets contondants, cicatrices sur le visage et cheveux arrachés, l’attention de l’unité médico-légale est attirée par des marques sur les avant-bras. Le médecin de famille dit n’avoir observé aucune maltraitance. Des hématomes en forme d’arcs de cercle avaient bien été repérés les fois précédentes, mais les parents avaient évoqué des baisers trop forts. On m’a donné des photos de ces fameuses traces. À priori, il s’agissait de morsures, mais qui n’étaient pas auto-infligées. Les caractéristiques laissaient penser à des morsures d’adultes. »

Des mesures effectuées par le biais de logiciels dédiés, afin de comparer les traces ténues avec la denture des parents soupçonnés de maltraitance, s’en sont suivies.

Lors du premier procès de 2012, après le passage à la barre d’une trentaine d’experts médicaux, la mère écope de douze années de réclusion criminelle et le père bénéficie d’un acquittement. Condamnations confirmées, en 2013, en appel.

Philippe Brousseau raconte sa douloureuse expérience, celle de ne pouvoir apporter une identification certaine :

« Le cadre du tribunal de Nanterre est encore moins engageant que celui de Versailles, il y avait énormément de monde et surtout, pour moi, ça a été une défense très dure. J’arrive, face à moi quatre jeunes avocats comme dans les films, sortis de la fac et qui en voulaient vraiment. Ils ont cherché la faille et l’ont trouvé dans mon premier rapport où je m’étais permis une extrapolation. Une erreur de débutant à ne pas faire. Là, ils vous le rappellent et vous font répéter dix fois. C’est un peu difficile, il faut être concentré, vous êtes un peu ailleurs, et tout ça ne laisse pas indemne ».

En France, c’est l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) basé à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui fait office de quartier général pour mener ces investigations, réalisées par des équipes constituées de médecins légistes, d’odontologistes légistes, d’anthropologues, d’officiers de police judiciaire et de photographes.

L´IRCGN s'est vu notamment attribué le rôle d'acteur majeur et principal dans les activités d'identification et les opérations d'autopsie, au cours des accidents au sein du ministère de la Défense et en cas de catastrophe impliquant des ressortissants français, dans le monde entier.

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