Un réseau pluridisciplinaire au service de l'odontologie

Brigitte Grosgogeat, pouvez-vous présenter RECOL ?
L’idée de créer ce réseau est né de discussions entre amis. Nous nous sommes inspirés de réseaux existants déjà aux États-Unis, et nous y avons apporté au fil des années des nouveautés tout en veillant à garder ce qui nous rassemble : la confraternité et la convivialité. RECOL est un moyen de créer et de faciliter les liens au sein de la filière dentaire, et de soutenir la recherche en favorisant l’accès aux informations aux praticiens des cabinets « de ville ». Le réseau permet de réunir l’ensemble des chirurgiens-dentistes et ce, quelque soit leur mode d’exercice, mais il est également largement ouvert aux étudiants en chirurgie-dentaire et aux assistant(e)s dentaires. Il a pour objectif de permettre à notre profession d’améliorer la santé bucco-dentaire des patients, en proposant aux praticiens et à leurs équipes de contribuer à apporter des preuves cliniques permettant de guider l’évolution des pratiques.

À qui s’adressent vos études et comment est effectué le choix des sujets ?
Nos activités évoquées ci-dessus sont très variées et chaque étude est construite sur mesure. Nous consultons beaucoup les membres du réseau. Quelques fois très en amont, pour évaluer leur motivation sur les sujets proposés. Les thématiques abordées sont très diverses, de la chirurgie orale, l’écoresponsabilité au cabinet dentaire, en passant par la cancérologie, la tabacologie, la prescription des AB en parodontologie, le suivi des soins restaurateurs et endodontie, et le suivi sérologique des professionnels de santé. Elles sont le plus souvent le fruit de collaborations intra et/ou interprofessionnelles.

Je pense par exemple à l’enquête sur la prescription d’antibiotique pendant la thérapie parodontale, réalisée en partenariat avec la SFPIO et le CNEP, ou celle portée par l’Inserm, pour estimer la prévalence des anticorps anti SARS-CoV-2 dans différentes populations de professionnels de santé (médecins généralistes, pédiatres, pharmaciens et préparateurs en pharmacie, chirurgiens-dentistes et assistantes dentaires). Devant faire face à un réel engouement, nous sommes parfois obligés de faire patienter un peu celles et ceux qui nous sollicitent, et nous réfléchissons à mettre en place une procédure pour respecter un traitement équitable des demandes, et assurer aussi une transparence, notamment vis-à-vis de nos partenariats avec l’industrie.

Depuis 2018, combien d’études ont été menées par RECOL et laquelle a été la plus marquante ?
Nous allons fêter nos cinq ans en novembre 2023, et nous aurons réalisé neuf enquêtes de pratiques, et six études cliniques dont déjà presque l’intégralité des résultats sont disponibles sous forme de publications scientifiques. L’étude la plus marquante reste peut-être à ce jour, la première que nous avons entreprise alors que les statuts de l’association n’étaient pas encore déposés. Merci à Olivier Lafarge, Franck Decup et aux 40 investigateurs libéraux qui nous ont accordé leur soutien et leur confiance.

L’étude RESTO DATA est une étude observationnelle, qui a permis de faire un état des lieux de la santé bucco-dentaire des patients adultes français. Cela a permis une réactualisation des connaissances, les derniers chiffres connus datant de vingt ans ! Les résultats de cette étude sont déjà en partie publiés. Ils montrent qu’aujourd’hui en France et chez l’adulte, la prévalence carieuse est de 36 % et celle de l’usure de 23 %. Ils ont également mis en évidence que les facteurs de risque (ex : irrégularité du suivi, brossage inadapté et alimentation déséquilibrée) sont liés non seulement à la maladie carieuse, mais aussi à la dégradation des restaurations existantes.

Quels sont vos liens avec le milieu industriel ?
C’est grâce au soutien du groupe Dentsply Sirona que nous avons pu conduire la première étude et faire ainsi la preuve de l’intérêt et de la faisabilité du concept. Mais c’est aussi en partie pour soutenir les industriels de la filière que le réseau a été développé, et notamment pour les aider à faire face aux nouvelles obligations réglementaires envers les dispositifs médicaux.

Quelles sont les démarches et les conditions pour participer à une enquête ?
C’est tout simple, pour chaque activité, qu’il s’agisse d’une enquête ou d’une étude plus engageante, nous adressons un courriel à l’ensemble des membres pour recenser celles et ceux qui souhaiteraient participer. Parfois, en relation avec le sujet, il y a quelques prérequis indispensables comme celui d’avoir une pratique clinique orientée, ou de disposer d’un équipement spécifique, par exemple d’une caméra d’empreinte optique. Nous relayons aussi les informations via les réseaux sociaux et la presse.

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