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Une plaque dentaire révèle les habitudes alimentaires des premières espèces humaines

Les chercheurs ont examiné la plaque dentaire d'une homininé de 1,2 million d'années, récupérée en Espagne. (Photo : CENIEH)
Dental Tribune International / Bénédicte Claudepierre

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lun. 23 janvier 2017

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YORK, Royaume Uni/ BARCELONE, Espagne : Basée sur l’étude d’une plaque dentaire d’un hominidé, des scientifiques ont conclu que les premiers humains de la région avaient un régime alimentaire équilibré de viande et de plantes mais n'utilisaient pas le feu pour cuisiner. La recherche a une fois de plus démontré le potentiel du calcul dentaire pour stocker des informations sur l'alimentation et l'environnement.

Des archéologues de l'Université de York et de l'Université Autonome de Barcelone ont examiné la plaque dentaire d'une hominine de 1,2 million d'années (Homo species), récupérée par l'équipe de recherche Atapuerca en 2007 à partir du site Sima del Elefante, dans le nord de l'Espagne. Ils ont extrait des microfossiles pour trouver la première preuve directe de la nourriture consommée par les premiers humains. Ces microfossiles comprenaient des traces de tissu animal brut, des granules d'amidon non cuits indiquant la consommation d'herbes, des grains de pollen d'une espèce de pin, des fragments d'insectes et des restes de ce qui aurait pu être un cure-dent.

Toutes les fibres détectées n'étaient pas déchirées et il n'y avait aucune preuve démontrant l'inhalation de micro-charbon de bois - normalement un indicateur clair de la proximité du feu. Le moment de la première utilisation du feu pour la cuisson est vivement contesté, certains chercheurs faisant valoir que l'usage habituel a commencé il y a environ 1,8 millions d'années, alors que d'autres suggèrent qu'il était aussi tard que 300.000-400.000 ans.

On a pu constater des signes d'incendie dans certains sites très anciens en Afrique. Cependant, le manque de preuves de feu à Sima del Elefante ne permet pas d’affirmer que les premiers migrants d’Afrique sont venus avec le feu. La première preuve ailleurs de l'utilisation du feu remonte à 800.000 ans sur le site espagnol de Cueva Negra et à Gesher Benot Ya'aqov en Israël peu de temps après.

Pris ensemble, cette preuve suggère que le développement de l'utilisation du feu a eu lieu à un moment donné entre 800 000 et 1,2 million d'années d’où un nouveau calendrier qui concerne la cuisson des aliments.

« Cette nouvelle chronologie a des implications importantes et nous aide à comprendre cette période de l'évolution humaine –les aliments cuits fournissent plus d'énergie, et la cuisine peut être mise en relation avec l'augmentation rapide de la taille du cerveau qui a eu lieu il y a 800000 ans », a déclaré le dr Karen Hardy, principal auteur et chercheur à l'Université de York.

Selon le dr Hardy, «Il est très difficile d’obtenir des preuves pour tout aspect de la vie hominine à cette date très précoce. Ici, nous avons pu démontrer que ces premiers européens ont compris et exploité leur environnement boisé pour obtenir une alimentation équilibrée il y a 1,2 million d'années, en mangeant une gamme de nourritures différentes et en combinant la nourriture féculente de plante avec de la viande.

Les résultats concordent bien avec les recherches antérieures qui ont supposé que le moment de la cuisson est lié au développement de l'amylase salivaire, qui est nécessaire pour traiter les aliments cuits à base d'amidon, a expliqué le dr Hardy. « La nourriture féculente était un élément essentiel pour faciliter le développement du cerveau, et contrairement à la croyance populaire sur le 'Paleodiet', le rôle de la nourriture féculente dans le régime Paléolithique était significatif ».

Anita Radini, co-auteur et doctorante à l'Université de York, a déclaré: «Ces résultats sont très excitants, car ils mettent en évidence le potentiel du calcul dentaire pour stocker l'information alimentaire et environnementale dans la recherche sur l’évolution de l’humain. Il est également intéressant de voir que les restes de pollen sont souvent préservés dans de meilleures conditions que dans le sol du même âge. Globalement, c'est une étape très positive dans la discipline, en termes de préservation des matériaux. »

L'étude, intitulée «Diet and environment 1.2 million years ago revealed through analysis of dental calculus from Europe’s oldest hominin at Sima del Elefante, Spain», a été publiée en ligne le 15 décembre dans le journal The Science of Nature.

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